Un échange dans l’actualité des campagnes présidentielles et législatives
Pouvoir d’achat et emploi : dualité, opposition ou synergie ? Toujours la question des salaires ! (et du pouvoir d’achat)

, par  Robert Auzeby , popularité : 1%

La question de l’emploi, essentielle, semble submerger les campagnes électorales en cours. Sarkozy s’agite et place des rustines jusqu’au lendemain des élections, les cabinets d’experts prédisent une hécatombe post électorale. Avec juste raison, les salariés dans chaque lutte cherchent à tirer leur épingle du jeu, de Lejaby à Fralib en passant par la sidérurgie et l’automobile... Pendant ce temps Hollande et Sarko dissertent sur les hauts salaires... Promettent des mesures pour demain ou après demain... Et si la question des salaires (et du pouvoir d’achat) vient (bas salaires, salaires minimum, temps partiels... 1700€), ce n’est peut être pas suffisamment encore en liaison avec l’emploi... industriel et productif en France. Les militants progressistes et communistes se dégagent peu à peu de la "décroissance". Le chemin sera long, même si certains éléments permettent d’envisager le retour de la classe ouvrière... "Emplois, salaires, profits"

Paul Barbazange, Béziers


Pouvoir d’achat et emploi : dualité, opposition ou synergie ?

Cette équation, directement, frontalement, ou à mots couverts, fait la une de l’actualité sociale, économique et politique. Comment pourrait-il en être autrement, elle est au cœur des enjeux.

Si d’évidence, il y a synergie entre pouvoir d’achat et emploi, il n’en demeure pas moins que l’augmentation du pouvoir d’achat (salaires, retraites, minimas sociaux) en tant que moyen de subsistance, de vie, est la question centrale, déterminante, incontournable pour plusieurs raisons :
- Réduire le pouvoir d’achat des salariés, retraités, jeunes, privés d’emploi… c’est injuste socialement, inefficace économiquement.
- C’est plonger un peu plus le pays dans la crise, l’austérité et la récession.
- Au contraire, porter le SMIC à 1700€, les retraites au minimum au SMIC, augmenter les minimas sociaux, sont des leviers incontournables de relance économique, de production industrielle, de croissance, de création d’emplois.

C’est nécessaire, possible et urgent.

Nécessaire, car des millions de nos concitoyens ne vivent plus mais survivent !

Possible,
- car les richesses sont créées par les salariés-es dans les entreprises et ils en sont dépossédées alors qu’ils devraient en décider !
- car les moyens existent : niveaux des profits, des dividendes distribués aux actionnaires et milliards d’exonérations sociales et cadeaux divers aux entreprises entre autres.

Urgent, car ignorer ces réalités ou les reporter à plus tard c’est contribuer à la dégradation de tout le tissu social, économique et industriel. C’est suicidaire, contreproductif, politiquement inacceptable.

Ainsi, l’UMP, son candidat, le patronat, avec la TVA dite "sociale" et l’exonération des "charges" sociales jusqu’à 1,2 fois le SMIC, proposent la fiscalisation et le transfert sur l’impôt non pas des "charges" mais des cotisations sociales. C’est excessivement grave. C’est tout le socle social français qui est remis en cause. Le FN est sur la même ligne.

Quant au candidat du P.S., lorsqu’il déclare au Mans, le même jour, que la première partie du quinquennat sera consacrée au redressement du pays et qu’ensuite on redistribuera ce que l’on aura créé… c’est tout aussi préoccupant. Même s’il a pris la précaution de dire sur le pouvoir d’achat, qu’il convoquera une conférence avec les partenaires sociaux et que l’on verra en marchant… Ce n’est pas de gestion loyale du capitalisme que notre peuple a besoin mais de rupture avec ce système et la construction d’une autre société débarrassée de ce carcan.

Dans les deux cas, c’est une faute politique, une aberration économique et avant tout une injustice sociale.

Notre système social, en grande partie issu du Conseil National de la Résistance, est fondé sur la solidarité et la répartition, donc sur les cotisations basées sur le travail : le salaire socialisé (retraite, protection sociale…). Cotisations sociales qui doivent tenir compte et être modulées dans les entreprises en fonction des ratios : salaires, emplois/valeur ajouté et spéculation financière/valeur ajouté.

Cette valeur travail, mise à toutes les sauces depuis quelques jours, c’est avant tout la valeur de la force de travail des salariés, leurs capacités physiques et intellectuelles, leurs savoir-faires, leurs technicités, leurs expériences, qu’ils mettent en œuvre dans le processus de travail, autrement dit dans la création de richesses. Richesses collectivement créées mais accaparées.

Passer d’une appropriation privée des richesses collectivement créées à une répartition collective des richesses créées collectivement, là est toute la question de fond. D’autant que les statistiques officielles font état d’un terrible bilan dans la 5ème puissance économique mondiale :
- 8,2 millions de nos concitoyens vivent ou plutôt survivent avec des moyens sous le seuil de pauvreté fixé à 954€ par mois (de nombreux retraités, des salariés avec l’explosion de la précarité, ceux qui ne bénéficient que des minimas sociaux, privés d’emploi, jeunes).
- près de 3 millions de salariés payés au SMIC (1070€ net mensuel).

S’il n’y a pas d’antagonisme entre salaires, pouvoir d’achat et emploi, mais unité, ils se nourrissent l’un l’autre, la primauté, l’urgence pour se développer mutuellement reste au pouvoir d’achat, dans la crise actuelle, pour sortir de la spirale infernale et continue :
austérité/récession et récession/nouvelle austérité…

De ce point de vue, la situation du peuple grec est révélatrice. D’une part, la Grèce est un laboratoire de l’Europe du capital. Un pays sous tutelle européenne. Que sans comparer les situations, nous sommes pourtant dans la même logique (en témoigne les mesures du gouvernement et du patronat français, celles annoncées et celles à venir) et qu’enfin, la récession et la pauvreté nourrissent le déclin permanent et la misère généralisée. Une question fondamentale n’est jamais abordée par les médias, les économistes bien pensants et nos gouvernants : à combien se montent les avoirs du patronat et des actionnaires grecs dans les paradis fiscaux ? Avoirs qui appartiennent au peuple grec, aux salariés grecs, à ceux qui ont créé et créent les richesses. La question est valable pour tous les pays européens notamment.
Le pouvoir d’achat comme élément fondateur et créateur d’emplois. C’est une prise de parti dans un débat de fond.

Augmenter le pouvoir d’achat (SMIC et minimum de retraite à 1700€ net pour une carrière complète, minimas sociaux), c’est la première mesure anti-crise. C’est relancer l’économie, l’industrie, la croissance, la création d’emplois.

Des emplois stables, pérennes, correctement rémunérés, avec formation professionnelle permanente et continue, c’est la création de richesses nouvelles et donc une nouvelle répartition des richesses à ceux qui en sont à l’origine dans les entreprises, les salariés et qui doivent en décider.

Et cela n’a rien à voir avec les artifices, la multiplication des pseudos mesures de « luttes » contre le chômage, les petits boulots, la précarité sans avenir, et dont la justification inavouée parce qu’inavouable est de faire baisser les statistiques du chômage. Chômage qui prive notre pays de nouvelles sources créatives de développement et de satisfaction de besoins sociaux. Chômage qui n’est pas une fatalité, mais comme le pouvoir d’achat, est une variable d’ajustement des politiques patronales et gouvernementales.

Quant à l’argument fallacieux qui consiste à affirmer que relancer l’économie, la croissance par l’augmentation du pouvoir d’achat relancerait les importations, aggraverait le déficit du commerce extérieur et affaiblirait les entreprises françaises et donc l’emploi, c’est faire l’impasse sur la cohérence des propositions à mettre en œuvre et notamment les mesures anti-délocalisations, les mesures pour une maitrise publique et collective des secteurs stratégiques de l’industrie et de la finance.

Les solutions sont avant tout nationales. Ce sont des choix sociaux, économiques et politiques dans chaque pays qu’il s’agit de mettre en œuvre. Ce n’est pas le repliement sur soi, tout au contraire, c’est une conception forte d’échanges et de coopérations mutuellement favorables et avantageuses pour les peuples, tous les peuples.

La question de la rupture avec ce système capitaliste est plus que jamais posée notamment en France et en Europe. Il est à bout, il a fait son temps, il est historiquement dépassé. Il est un frein au développement des forces productives, de la société. Il appelle un autre mode de production, d’autres rapports sociaux débarrassés de l’exploitation capitaliste. Mais il ne tombera pas seul comme un fruit mûr. Il défendra ses privilèges de classe avec férocité.

C’est du rassemblement, du mouvement populaire, des luttes sociales, de l’intervention permanente des salariés et des citoyens sur des positions anti-capitalistes, que dépendent les solutions à la crise systémique du capitalisme pour la construction d’une société qui place au cœur de son développement l’être humain et son émancipation.

C’est tout l’enjeu de la lutte politique en ce début de XXIème siècle, en 2012. Il est considérable. Il est aussi porteur de perspectives concrètes, immédiates. C’est la responsabilité des communistes dans le mouvement qui se développe d’en être les artisans les plus résolus pour gagner une à une les consciences qu’un autre avenir, une autre société, sont, non seulement nécessaire, mais urgent et possible.

Robert Auzeby, section de Béziers.

Sites favoris Tous les sites

7 sites référencés dans ce secteur

Brèves Toutes les brèves

Navigation

Annonces

  • (2002) Lenin (requiem), texte de B. Brecht, musique de H. Eisler

    Un film
    Sur une musique de Hans Eisler, le requiem Lenin, écrit sur commande du PCUS pour le 20ème anniversaire de la mort de Illytch, mais jamais joué en URSS... avec un texte de Bertold Brecht, et des images d’hier et aujourd’hui de ces luttes de classes qui font l’histoire encore et toujours...

  • (2009) Déclaration de Malakoff

    Le 21 mars 2009, 155 militants, de 29 départements réunis à Malakoff signataires du texte alternatif du 34ème congrès « Faire vivre et renforcer le PCF, une exigence de notre temps ». lire la déclaration complète et les signataires

  • (2011) Communistes de cœur, de raison et de combat !

    La déclaration complète

    Les résultats de la consultation des 16, 17 et 18 juin sont maintenant connus. Les enjeux sont importants et il nous faut donc les examiner pour en tirer les enseignements qui nous seront utiles pour l’avenir.

    Un peu plus d’un tiers des adhérents a participé à cette consultation, soit une participation en hausse par rapport aux précédents votes, dans un contexte de baisse des cotisants.
    ... lire la suite

  • (2016) 37eme congrès du PCF

    Texte nr 3, Unir les communistes, le défi renouvelé du PCF et son résumé.

    Signé par 626 communistes de 66 départements, dont 15 départements avec plus de 10 signataires, présenté au 37eme congrès du PCF comme base de discussion. Il a obtenu 3.755 voix à la consultation interne pour le choix de la base commune (sur 24.376 exprimés).