Plus d’un millier de militants, dirigeants et sympathisants communistes italiens ont déjà signé l’appel pour la « reconstruction du Parti communiste italien » Un manifeste politique avec ses 1000 premières signatures

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La grande crise capitaliste en cours, destinée à durer encore longtemps, pousse les classes dominantes à adopter des solutions de droite tant sur le plan socio-économique que sur celui politico-institutionnel.

Dans le contexte d’une faiblesse structurelle du capitalisme italien, caractérisée par la destruction du secteur public de l’économie, par la taille insuffisante de la grande industrie, par la prédominance de la petite entreprise reposant sur les bas salaires, la super-exploitation, le travail de plus en plus précaire, les classes propriétaires choisissent le repli sur la défense de leurs privilèges.

La manœuvre de Tremonti frappe les intérêts populaires, tout en ne s’attaquent pas aux rentes et aux revenus élevés.

Le modèle Marchionne nécessite une totale liberté de manœuvre, les pleins pouvoirs sur l’utilisation de la force de travail, la suppression des conventions collectives nationales et des protections prévues par le Statut des travailleurs. Contre la FIOM, qui a saisi la signification politique de l’offensive patronale, s’est déployé un bloc des propriétaires qui va bien au-delà de l’équipe berlusconienne et qui comprend, outre les syndicats pro-patronaux, également une grande partie du PD.

L’attaque contre la Constitution vise à remettre en cause, avec les fondements de la forme de république parlementaire fondée sur un système électoral proportionnel pur, ses bases économiques et sociales.

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Avec l’agression contre la magistrature et l’autonomie des divers pouvoirs de l’État, la contre-réforme de l’Université, les coupes dans l’instruction et la formation, la déstructuration plus générale du marché du travail, se dessine un projet de société anti-démocratique, fondé de plus en plus sur la précarité sociale et civile.

Les résistances et les luttes sociales, qui des usines aux écoles, des banlieues à l’Université, se développent en Italie sont pour grande partie dépourvues d’un débouché politique, et du Parti communiste intellectuel et organisateur collectifen mesure d’élaborer et de réaliser une stratégie démocratique et progressiste, tournée vers le socialisme, seule alternative réelle à la crise actuelle du système. Cela suppose un radical changement de cap dans notre pays, faisant de la défense et de la récupération de la Constitution la base de notre programme politique, avec la relance de l’intervention publique dans l’économie et la planification démocratique sous contrôle ouvrier et populaire.

Les communistes qui, dans les décennies qui ont suivi la lutte de Libération, ont manifesté une grande volonté politique, sociale, culturelle, menant à certains acquis sociaux fondamentaux, vivent aujourd’hui une situation d’extrême difficulté, crise du militantisme, de la participation, du projet stratégique, sans même de représentants aux parlements italien et européen.

L’exigence de reconstruction d’un parti communiste dans notre pays s’impose à toutes les avant-gardes les plus conscientes des luttes ouvrières, populaires, étudiantes pour donner une direction, une organisation et des perspectives aux luttes sociales et politiques.

Nous disons parti communiste, ce qui est une chose différente d’une vague force de gauche anti-capitaliste, car un parti de communistes, entre autres choses, perçoit la nécessité d’une théorie révolutionnaire construite avec rigueur et scientificité (et en tant que telle jamais dogmatique, mais en développement continuel) ; car une conscience communiste et d’aspiration au socialisme, ne se forme pas spontanément dans les mouvements sociaux de lutte, tout aussi radicaux qu’ils puissent être, mais a besoin du parti comme son intellectuel collectif ; car, encore plus dans une phase de crise profonde du système capitaliste à l’échelle planétaire, il convient d’expliciter les objectifs généraux et la dimension internationale de la lutte pour le socialisme et le communisme. Car cette perspective ne peut être animée dans l’Italie et dans l’Europe d’aujourd’hui seulement si les avant-gardes des mouvements sociaux en lutte prennent conscience du caractère systémique de la crise et développent progressivement une vision mondiale de la lutte pour le socialisme.

Aux communistes qui sont tout de même liés – certains comme nous sont ou ont été de diverses manières militants, dirigeants, sympathisants – aux vingt ans d’expérience de Refondation, ou à ceux qui l’ont observé avec intérêt, la condition dramatique dans laquelle se trouve le mouvement communiste en Italie, au risque de sa dissolution, il est nécessaire de s’exprimer sans réticences : le projet initial de Refondation est arrivé au bout. Après la dissolution du PCI n’ont pas été posées les bases saines sur lesquels reconstruire un nouveau parti communiste à la hauteur de notre temps.

La majorité du groupe dirigeant bertinottien, au cours des années, a démoli les outils théoriques et stratégiques communistes. Le congrès de Chianciano du PRC (2008) avait nourri beaucoup d’espoirs et, parmi ceux qui signent ce document, certains ont également joué un rôle déterminant dans l’ouverture d’une nouvelle ère, en demandant un important changement de cap. Non seulement il n’y a pas eu de rupture, mais quelques années après, nous retrouvons un parti encore plus faible, plongé dans l’incertitude et en pleine crise d’identité.

Nous nous apercevons que la fragilité et l’hétérogénéité des bases stratégiques originelles de Rifondazione ont causé fractures et scissions et désormais, vingt ans après, ce qu’il en reste est un assemblage éclectique, où les luttes et les batailles de courants ont produit une grave dégénérescence de la vie interne. L’absence d’une pensée forte partagée et d’un ciment idéologique suffisamment solide, a empêché ce parti de résister aux pressions causées par les grands tournants de l’histoire. Face aux demandes réitérées d’un changement de cap, le groupe dirigeant semble vouloir toujours répéter les mêmes erreurs fatales.

Pour toutes ces raisons, même si nous savons bien qu’à Rifondazione continuent de militer de nombreux et nombreuses camarades que nous sentons proches idéologiquement et avec qui nous voulons maintenir le dialogue, nous ne nous reconnaissons plus dans cette expérience politique une force motrice pour la reconstruction du parti communiste en Italie.

Dans les trois dernières années, nombreux parmi les signataires de ce document, ont travaillé à cet objectif et ont demandé, ou espéré, que le PRC dans son ensemble s’empare de cette tâche. La réponse a été décourageante : ceux qui n’ont pas manifesté une opposition ouverte et hostile, ont simplement effacé la question de l’agenda et du débat politique.Ont ainsi été ignorés les appels de simples adhérents, d’organisations du parti ou d’anciens militants et on a gommé le fait que sur cette question ont été tenues, par en bas, des dizaines et dizaines d’initiatives sur tout le territoire national. Même quand il y a eu un timide rappel lancé par certains à l’unité des communistes, cela était vécu plus comme un problème de nature organisationnelle que politique et, de toute façon, aux déclarations n’ont jamais suivi le moindre acte concret.

Des centaines de milliers de camarades sont passés par l’expérience de Refondation pour ensuite la quitter ; nombres d’entre eux vivent une condition de « diaspora », de militants potentiels sans organisation. Il est temps de leur offrir également un repère.

Si les premiers pas ne sont pas réalisés dans cette direction, rompant tout attitude attentiste et obsédée par les questions tactiques et en ouvrant une première phase d’agrégation, une nouvelle dérive et la parte de milliers de militants communistes deviendra inévitable.

Nous sommes conscients que la crise est globale et qu’ils n’existent pas d’ « îles heureuses ». Limites et erreurs ont ainsi marqué l’expérience du PdCI, mais elles ont fait l’objet d’une réflexion ultérieure, comme dans le cas de la réflexion auto-critique sur la participation au gouvernement de la guerre contre la Yougoslavie. Son groupe dirigeant estime qu’aujourd’hui n’existent pas les conditions et les rapports de force pour gouverner avec le centre-gauche et prend acte de l’évolution réactionnaire de l’Union européenne, considérant que cela n’était pas évident dans les phases antérieures.Et il n’est pas dénué de sens qu’ils n’aient ni renié l’histoire du mouvement communiste du XXème siècle, ni mené des campagnes hostiles envers d’autres partis communistes ou pays suivant des orientations socialistes, ni soutenu le projet de la « Gauche européenne » (qui a gravement divisé les communistes en Europe), et contrairement à d’autres, ils ont rejeté l’idée d’un parti organisé en courants.

Nous savons que le PdCI ne représente pas la solution de la question communiste en Italie. Ses dirigeants sont les premiers à le reconnaître. Mais le fait que son groupe dirigeant ait fait sien le projet de la reconstruction d’une nouvelle force communiste unie et unitaire, et avance aujourd’hui la proposition d’ouvrir, dans les prochains mois, une phase de congrès ouverte – capable d’ouvrir un véritable chantier pour la « reconstruction du parti communiste » – conduisant à une nouvelle situation.

Nous lançons un appel à tous les travailleurs, étudiants, chômeurs – conscients de la gravité de la crise et de l’urgente nécessité du parti communiste – pour soutenir par tous les moyens possibles ce processus, dans les formes que chacun jugera les plus opportunes.

Nous nous engageons à ce que soit encouragée une réflexion ouverte sur la signification de la construction du Parti,étant donné l’actuel développement des rapports de classe et internationaux, en travaillant pour rattraper le retard des vingt dernières années. Inévitable pour nous est la question de l’enracinement social et de classe des communistes, et donc d’une organisation structurée à cet effet. Nous nous proposons d’innover et de révolutionner notre façon d’agir et de penser pour affronter ainsi, finalement, des questions politiques essentielles, avant tout celle de la ligne politique et de la stratégie de transition au socialisme dans les conditions de l’ordre impérialiste mondial actuel ; la forme de parti la plus adéquate ; le modèle d’organisation ; l’auto-financement ; la communication ; le rôle des communistes dans les syndicats et dans la ré-organisation d’un syndicalisme de classe.

Il faudra du temps, de la patience et une grande capacité d’écoute, mais nous sommes conscients que si nous esquivons ce débat, les fondements de la reconstruction se révèleraient trop précaires.

Cet engagement ne contredit pas l’exigence juste et ressentie d’une plus large unité d’action de toutes les forces de gauche qui ne renoncent pas au changement, dans et hors de la Fédération de la Gauche. Il n’exclut pas non plus la recherche de convergences utiles pour endiguer la progression des forces les plus ouvertement réactionnaires. C’est dans le cadre de cette exigence d’unité d’action à gauche, certainement pas contre elle, que peut progresser et s’affirmer le processus de reconstruction d’une force communiste unitaire et indépendante. C’est-à-dire : plus un tel effort unitaire sera un succès, plus effectif deviendra le processus de reconstruction du parti communiste.

Vingt ans seulement après la fin de l’Union soviétique, quand il pouvait sembler à beaucoup que l’histoire était finie et que seuls des visionnaires pouvaient proposer de nouveau de façon crédible la question du socialisme, aujourd’hui nous nous rendons compte que non seulement la dynamique historique a repris son cours, mais qu’elle s’est même mis à filer. Le monde est touché par une crise du système capitaliste et de la suprématie des grandes puissances impérialistes qui est sans précédent.

De nouveaux pays et continents émergent comme les acteurs du monde de demain. Dans quelques décennies, ils représenteront les deux-tiers de l’économie mondiale et, pour nombre d’entre eux, est remise en avant de diverses manières la question d’une alternative possible de type socialiste et anti-impérialiste.

C’est l’exploitation néo-coloniaele mise en œuvre par les puissances impérialistes, à travers les multi-nationales dont le poids économique dépasse celui des Etats, qui est la cause première de la pauvreté qui enserre la majorité de l’humanité, principalement en Asie, en Afrique et en Amérique latine.

C’est la tentative des puissances impérialistes – en premier lieu les États-Unis – de maintenir leur suprématie qui est la cause première de la guerre. Ce sont ces puissances qui sont les principales responsables de la croissante course aux armements – y compris nucléaires – et de l’augmentation consécutive des dépenses militaires mondiales, qui enlève ces ressources à la satisfaction des besoins vitaux de l’humanité.

Pour s’opposer à un tel système qui mène le monde à la catastrophe, doivent être liées lutte contre l’injustice sociale et lutte contre la guerre, ce qui en Italie signifie avant tout s’opposer à la présence des bases américaines, de l’OTAN et à la participation aux guerres, comme celle en Afghanistan.

Nous savons que la reconstruction d’un parti communiste en Italie est un processus ardu et complexe, dont nous devons savoir distinguer des phases et des étapes intermédiaires.

Nous avons comme référence les points forts de l’expérience et de l’élaboration théorique du mouvement communiste italien et international, d’inspiration léniniste et gramscienne, qui doit être actualisée.

Nous pensons que dans la phase actuelle, il est possible et nécessaire de reconstruire un parti de cadres et de militants avec une influence de masse ; qui tout en n’étant pas tout de suite grand en termes d’adhérents, sache organiser une présence efficace de ses militants dans la société, dans les syndicats, dans les organismes populaires, dans les comités de lutte qui sont en train de naître ; et donc qui soit capable, en ce sens, d’y exercer une influence de masse. Qui sache marquer sa présence dans les institutions par le lien étroit qu’elle noue avec les luttes populaires. Qui laisse derrière lui la dégénérescence en courants et soit géré de façon collégial et unitaire

Cela n’est pas facile, mais c’est indispensable.

Nous n’ignorons pas les difficultés de l’entreprise, mais nous ne voulons pas lâcher et nous sommes convaincus que nous trouverons des milliers de camarades pour la soutenir.

Nous travaillons afin qu’elle s’enrichisse de la contribution des jeunes générations, qui n’ont pas vécu les erreurs et les défaites du passé : le futur leur appartient.

Suivent les 1000 premières signatures

Voir en ligne : traduit par AC sur le site Solidarité Internationale PCF

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