PCF tabous, renoncements et interdits

, par  Bernard Trannoy , popularité : 1%

Je revendique pour moi et les autres le droit à l’erreur, s’aventurer dans le champ de la réflexion, de l’analyse, c’est courir le risque de l’erreur, j’assume ce risque. Cela vaut beaucoup mieux que ceux qui ne font pas « d’erreur » parce qu’ils ne courent aucun risque, qui se faisant nous paralysent parce qu’ils se limitent à ce qui descend de là haut tel les évangiles.

70% de nos concitoyens mettent en cause le capitaliste

Et pourtant : nous ne pouvons que constater, pour le déplorer, l’absence totale de toute offre politique se proposant d’engager un processus visant à s’émanciper de la domination du capital. Absence qu’il est dangereux de laisser vacante.

Avec Macron, c’est le capital en personne qui arrive aux affaires. Se passant de ses intermédiaires habituelles (Les républicains, parti socialiste et autres associés). Avoir appelé à voter Macron dans ces conditions, c’est une faute politique majeure qui ajoute au discrédit.

Alors que certains étaient tétanisés par le danger fasciste, largement phantasmé, que représente Marine Le Pen. Les mêmes n’ont pas voulu voir émerger un processus de fascisation bien réel celui-là, porté par Macron, mais aussi bien au-delà par l’U.E elle-même (voir par exemple la complicité de l’U.E avec les néo nazis ukrainiens, les islamistes au moyen orient ou « la démocratie ne peut rien contre les traités » de Junker).

Une autre société frappe à la porte et nous avons, de fait, un PCF qui lui aussi s’est mis aux abonnés absents par alignement, de fait, sur la doxa Euro-Atlantique. L’outil de transformation sociale qu’était le PCF, n’est-il pas devenu outil participant des dispositifs d’intégration du capital ?

Cette absence du PCF est la conséquence de 3 tabous et de renoncements en série :

- Premier tabou : La stratégie

L’incapacité à regarder dans le rétroviseur pour examiner collectivement la validité ou non de la stratégie suivie, la corrigée éventuellement, ou en changer si elle se révèle être une voie sans issue.

Une direction qui s’arc-boute sur ses choix stratégiques refuse contre vents et marées que cela fasse débats et examen critique de la part des adhérents, faisant y compris appel à des éléments extérieurs pour peser sur les débats serein que se doivent d’avoir d’abord entre-eux les communistes, voulant externaliser les débats, comme élément du refus de mener les débats et les réflexions avec les adhérents.

Considérant que le fin du fin en matière de démocratie est à rechercher dans un questionnaire avec des cases à cocher. (Questionnaires qui sentent le Terra Nova à plein nez) Même un QCM qui suggère la possibilité de choix multiples est à proscrire. La « démocratie ?? » limitée au OUI/NON.

Enfermer la réflexion et les débats dans le seul cadre que la direction espère maitrisée, par limitation au seul questionnaire, qu’elle seule élabore. Alors que nous sommes dans une situation où « Pas de mannequin dans le Parti, que les bouches s’ouvrent » est plus que nécessaire, il est indispensable.

Ces questionnaires descendants du « haut » ont le mérite d’éviter que soit posé les questions qui fâchent. Débattre sur l’accessoire, la forme, le nom, mais surtout pas sur le fond. En un mot pour la direction, veut justifier son existence et surtout ne pas rendre de comptes. Ces comptes qu’elle doit, par simple politesse aux adhérents. En fait l’échec trouverais sa source dans ceux « d’en bas ». C’est en fait parce que nous « en bas » nous n’avons pas compris le caractère subliminal du message envoyé par ceux « d’en haut ».

Ce refus d’examiner la stratégie masque mal, un refus de répondre aux attentes du monde du travail, des classes populaires. Cette direction reste emprisonnée dans des choix européens qui sont autant d’actes de soumissions, voire de compromissions, sinon de renoncements.

L’enjeu pour les communistes de construire leur stratégie d’aujourd’hui dans le monde tel qu’il est avec les yeux grands ouverts sur leur histoire, leurs racines. Il est urgent de sortir enfin pour les communistes Français de cette « autophobie », de cette « europhilie » que la mutation et ses suites ont diffusée et qu’on retrouve dans les positions internationales et historiques du PCF « PGE », qui au-delà des mots sont très Otano alignées.

- Deuxième tabou : L’Union européenne et l’Euro

« La réalité, c’est que l’euro ne peut pas fonctionner sous sa forme actuelle, peu importe que vous soyez pour ou contre. Il est inefficient. Si vous êtes pour et que vous voulez que l’euro fonctionne, alors il faut créer un État fédéral européen, abandonner toute notre souveraineté, avoir un droit fiscal et social unique qu’il nous plaise ou non, qu’il soit compatible avec nos « conquis ou pas  », il faut un impôt européen (en plus de tous ceux que l’on paie aujourd’hui), il faut une union de transfert, donc accepter que les riches français payent pour les pauvres grecs (c’est valable pour les Allemands aussi), bref, il faut faire le grand saut fédéral, et au passage, pour ne donner qu’un exemple du big-bang nécessaire, imposer un RSA à 500 euros dans toute l’Europe ou… renoncer à notre RSA ! »

Croyez-vous donc un seul instant qu’un grand saut fédéral soit possible, et même souhaitable ?...

Pour faire vivre la démocratie, il faut qu’existe une communauté politique. (Communauté qui n’a pas d’existence au niveau européen). Cette communauté politique se définit par un espace délimité par des frontières au-delà desquelles existent d’autres communautés politique toutes aussi respectables que la nôtre.

L’U.E et l’€uro sont-ils de nature à satisfaire ce désir de démocratie ?

Proposer de changer l’UE en sachant pertinemment que c’est impossible dans le cadre actuel, c’est mentir. Devons-nous persister dans le mensonge, la négation ?

Proposer de changer notre modèle de société en France sans proposer de restaurer notre souveraineté populaire et nationale, c’est se moquer des électeurs. (Enfin peut-être pas, pas si dupe que cela, les électeurs refusent en s’abstenant de participer à ce qu’ils perçoivent, comme un dîner de cons).

Il faudra bien à un moment ou à un autre que nous réfléchissions à la nécessité de nous doter de nouveaux instruments de régulations des échanges internationaux, de coopérations. Coopérations qui n’ont de sens que si nous possédons tous les attributs liés à la nécessaire souveraineté.

Peut-être certains me traiterons de souverainiste ? Formule commode avec bien d’autres pour évacuer le débat en jetant la stigmatisation sur celui qui porte une autre approche. Il en va de même avec le mot identitaire et bien d’autres encore. Voilà autant de marqueur destinés à clore tous débats. C’est le règne du « circuler il n’y a rien à voir ».

La stratégie d’intégration de la direction du PCF à l’U.E (PGE) place celle-ci sur une trajectoire fédéraliste acceptant de fait la liquidation des états nation. Laissant ainsi le monde du travail à la merci des prédations du FN. En effet celui-ci tel un coucou essaie d’occuper les espaces et les territoires que nous avons abandonné. (Notons que tant le « FN » que les « insoumis » se sont alignés sur les questions européennes, c’est le sortir de l’U.E « mais vous n’y penser pas »).

Si on peut facilement constater que du point de vue de la paix, de la sécurité, des coopérations internationales l’OTAN n’est pas la solution, MAIS LE PROBLEME.

Il est tout aussi facile de constater, sauf à jouer les autruches. Que du point de vue des droits du monde du travail, des services publics, du respect et de la dignité du monde du travail et des souverainetés sans laquelle la démocratie est un vain mot. L’U.E ne constitue en AUCUN CAS la solution, MAIS LE PROBLEME.

Sur cette question européenne François Ruffin a le mérite de poser les questions qui fâchent. Le nouvel élu Picard (Ruffin a d’ailleurs décidé de verser les 37 000 euros de dotations publiques données à tout député pendant cinq ans au titre du financement des partis politiques… au PCF)

Troisième tabou : Le projet, la visée, le socialisme

Cette incapacité à porter projet n’est que la conséquence naturelle des 2 premiers tabous. Cette absence de projet est quelque part la marque d’une reddition, de renoncements.

L’objectif de Robert Hue, poursuivi par Marie-Georges Buffet et Pierre Laurent s’inscrit dans la volonté de faire du PCF un parti comme un autre. Problème, si celui-ci devient un parti comme un autre, il cesse d’avoir une quelconque utilité pour le monde du travail.

Etre un parti comme un autre c’est, qu’on le veuille ou non s’inscrire dans le système référentiel de l’adversaire de classe, du capital. C’est rester sur le terrain définit par le capital, c’est donc quelque part renoncer.

La question qui émerge aussitôt, avons-nous besoin d’une nouvelle mouture sociale-démocrate ?

C’est, en fait, par touches et dérives successives ce que nous sommes devenus, un parti social-démocrate comme un autre.

Conclusion provisoire :

Socialisme ou barbarie, oui mais, pour le moment, nous restons rivés au camp des barbares.

Faute de renverser et subvertir ces tabous la disparition est au bout du chemin par trahison de nos propres « élites », subjuguées par les délices de la course aux places, loin, très loin de la dureté de l’affrontement de classes.

Ces tabous et dérives n’ont elle pas aboutie, à nous transformer en simple vecteur d’intégration du monde du travail, et des classes populaires aux objectifs du capital ?

Dénoncer la démolition du code du travail, sans dénoncer sa matrice conceptuelle qu’est l’U.E c’est déjà là, au-delà de l’emballage des mots procéder d’une reddition en raz campagne.

Depuis des années, l’orientation du parti communiste tourne et retourne autour d’une seule question, la gauche... Comment peser à gauche, comment sauver la gauche, comment unir la gauche...

Bizarrement, plus la gauche réelle montre son incapacité à changer la vie, plus le mouvement social mesure la brutalité du rapport de forces et la division du peuple, et plus le discours communiste dominant insiste encore et encore....

La lourde défaite de la gauche qui atteint son plus bas historique aux présidentielles et législatives 2017 ne change rien et les annonces se multiplient. Ainsi Espaces Marx ouvre le débat « Quelle gauche reconstruire et pourquoi faire ? »

Et si enfin, Espace Marx posait la question qui se cache derrière... Car faut-il reconstruire « la gauche » en oubliant 1920, ou faut-il reconstruire ce qui en 1920 a créé les conditions futures du Front Populaire, de la résistance, des luttes sociales et anticoloniales, c’est à dire le parti communiste ?

Pourquoi Espace Marx n’ouvre pas le débat « Quel parti communiste reconstruire et pourquoi faire ? »

En fait Espace Marx est-il encore vecteur d’une pensée marxiste ? Le doute est de rigueur. Mais peut-être est-ce là, que la manifestation d’un Marx tendance « Groucho » ?

La France insoumise a sa réponse. Le PS et le PC sont du passé, la gauche, ce sont « les insoumis », c’est à dire une gauche d’avant 1920...

L’Humanité a sa réponse, ayant définitivement rompu avec l’histoire communiste, cherchant toujours plus à être le journal de « gauche ».

Faire un numéro spécial de l’Huma sur la révolution d’octobre en invitant Andréi Gratchev, c’est-à-dire un anti communiste notoire et patenté, tout en se gardant d’inviter Guennadi Ziouganov secrétaire du KPRF (Parti communiste de la fédération de Russie), il fallait le faire ? Eh bien l’« Humanité » l’a fait. L’« Humanité » qui tend à devenir tout aussi anti communiste que « Libération ».

D’ailleurs si on veut être un jour publié par L’« Humanité » il est fortement recommandé de ne pas être communiste.

Quelques repères :

1- C’est oublier que la crise est le mode normal de fonctionnement du capitalisme. On ne sortira pas de la crise du capitalisme sans emprunter, d’une manière ou d’une autre un chemin vers la sortie du capitalisme, vers le socialisme.

2- La crise est d’abord et fondamentalement la crise d’un mode de production, d’appropriation et d’échange des marchandises créés par le travail (Rappel le travail à un prix, le capital est un coût). Nous sommes à un moment où le capitalisme constitue une entrave au développement de l’ensemble des forces productives. (Matérielles et humaines). Ce qui est en cause, ce n’est pas le partage, MAIS L’APPROPRIATION, fondée sur la possession de l’outil de travail. C’est sur cette possession qu’est fondé l’accaparement des richesses produites par l’activité de TOUS. En effet, ne jamais oublier que c’est celui qui possède qui seul bat la mesure. C’est bien une appropriation socialisée des richesses produites qu’il nous faut remettre à l’ordre du jour (Socialisation qui d’ailleurs peut revêtir de multiples formes).

3- La crise est une crise de suraccumulation du capital (conséquence du point 2), c’est à dire que la masse des capitaux en circulation est, de loin, très supérieure à la capacité qu’a le secteur productif à rémunérer le dit capital circulant. La seule issue pour le capital : c’est de détruire du capital pour revaloriser le capital restant, c’est-à-dire le sien. (Privatiser les profits, socialiser les pertes, la dette publique est de ce point de vue une aubaine pour le capital). Ce qui conduit l’impérialisme dominant et ses vassaux à mener des guerres tout azimut. Mais aussi, pour les Etats-Unis, contraindre ses vassaux européens à sanctionner la Russie (eux-mêmes ont de très faibles relations économiques avec la Russie). Les USA n’ont pas d’alliés, ils n’ont que des vassaux. On croit élire un président de la République, en fait nous élisons le concierge de l’Elysée. Ne sommes-nous pas devenu une simple république bananière ?

Et ils font par-là, d’une pierre deux coups. Ils poursuivent l’objectif d’affaiblir la Russie (ils savent que cela aura peu d’effet sur la Russie, qui se réoriente vers l’Eurasie, les BRICS en construisant une alternative au système dominé par les seuls Etats-Unis (BCE, FMI, Banque mondiale). Mais surtout cela vise surtout à affaiblir son autre concurrent impérialiste qu’est l’Europe, qui n’a aucun moyen pour se retourner (Les marchés perdus en Russie seront définitivement perdus, d’autres auront pris la place).

4- Nous sommes à un moment où précisément il faut valoriser toujours plus, le travail vivant, alors que le capital est dans une course folle de destruction de ce même capital vivant.

A propos de l’Europe de l’Euro

Les concepteurs de l’Euro, monnaie unique l’avaient, dès le départ, conçu comme élément de base de la construction d’une Europe fédérale liquidant les états nation. C’est là que l’€uro trouvait toute sa cohérence (pour le capital).

Les peuples européens ne veulent pas de cette Europe du capital, (60% d’abstention en France aux européennes) Et ils savent bien qu’une Europe des coopérations ne peut passer que par la case sortie de cette U.E là. De ce point de vue il n’est pas exagéré d’affirmer que NOUS AUSSI, nous avons TRAHIS le NON populaire au TCE de 2005. Nous nous comportons depuis, comme si nous avions votés, OUI au TCE par alignement sur les poncifs libéraux, dès le lendemain nous nous sommes rangés du côté de ce que nous avons combattu la veille.

En fait la position du PCF sur l’€uro et l’U.E n’obéit à aucun principe, mais plutôt à un seul « impératif » NE PAS EFFRAYER LE « SOCIALISTE ! » NE PAS COUPER LES PONTS, y compris dans leur version, « Frondeurs, Fraudeurs ». Oui, ceux qui ont voté, l’ANI, le 4ème paquet ferroviaire et bien d’autres choses encore.

Les pays européens, et c’est une lapalissade, sont tous différents, culturellement, économiquement, historiquement, socialement, démographiquement. Et cela s’appelle UN FAIT.

Prétendre faire fonctionner cet ensemble, par nature disparate, sous la DICTATURE d’une monnaie unique est tout simplement une aberration.

Dans ce contexte, l’Euro n’est adapté qu’à l’économie dominante en Europe, c’est-à-dire, l’économie allemande. De ce fait l’Euro est devenu aux mains du capital allemand un instrument de domination impérialiste. Mme Merkel ne manque jamais de le rappeler vertement. C’est le grand capital Allemand qui bat la mesure. De fait, ce que la Wehrmacht n’a pas réussi l’Euro le permet.

L’échelon fédéral étant à exclure. Il faut que les différents pays à structures économiques, sociales, démographiques différentes disposent d’instrument d’adaptation, de régulations de leurs économies.

De ce point de vue l’action sur les taux de change reste pour un pays un outil nécessaire. La monnaie est un instrument fondamental de la souveraineté, faute de quoi, nous sommes dépossédés des moyens permettant de faire société, du vivre ensemble. 

Faute de la nécessaire souveraineté monétaire le seul instrument de régulation restant disponible, c’est le coût du travail qui devient inévitablement la variable d’ajustement. C’est ce qui justifie la démolition du code du travail sur injonction européenne.

Quand l’extrême droite progresse dans les couches populaires, c’est d’abord sur lui-même que le PCF devrait s’interroger. Quand les couches populaires se mettent aux abonnés absents, (mais aussi, de plus en plus souvent, les adhérents même du PCF), c’est que quelque part, nous ne répondons pas à leurs attentes, à leurs questionnements.

Il ne sert à rien de mettre sous le tapis ce qui gêne. Les questions de l’Europe, de l’€uro, de la souveraineté, de la nation sont au cœur des interrogations, des préoccupations. Il nous faudra bien un jour, prendre en compte, sur le fond, ces questions, sauf à assumer le risque d’être balayé parce que devenu inutile pour le monde du travail.

Le rassemblement si nécessaire soit-il, n’est que second. C’est bien les attentes, le pourquoi, pour quels objectifs qui est la question première. Les « moulinets sur l’alternative » ne sont rien s’ils sont vides de contenu. Et à l’évidence ils sont vides de contenus.

Le rassemblement, c’est d’abord travailler au rassemblement du monde du travail sur la base de ses intérêts de classe, intérêts qui aujourd’hui se confondent avec l’intérêt de la nation, du peuple.

Recréer de l’organisation sur les lieux même de l’affrontement capital/travail (cellules d’entreprises) nécessite de se doter d’une stratégie qui le permette. Et c’est bien cette stratégie qui nous fait défaut. La stratégie actuelle électoraliste et social démocrate ne nous le permet ABSOLUMENT pas, elle nous conduit même aux catacombes.

Bernard Trannoy Section PCF Bassin d’Arcachon
 

Textes annexes

Ce texte d’Engels du 17 septembre 1879 résonne curieusement dans la situation présente.

Le 17 septembre 1879, Engels rédige, en son nom et au nom de Marx, une lettre-circulaire adressée aux chefs du parti social-démocrate allemand ; dans la lettre d’accompagnement, Marx caractérise ainsi l’attitude de ses dirigeants :

Ils sont atteints de crétinisme parlementaire au point de se figurer qu’ils sont au-dessus de toute critique et de condamner la critique comme un crime de lèse-majesté  !

..... EXTRAIT

Quand on écarte la lutte de classe comme un phénomène pénible et vulgaire il ne reste plus au socialisme que de se fonder sur le - vrai amour de l’humanité et les phrases creuses sur la « justice ».

C’est un phénomène inévitable, inhérent à la marche de l’évolution, que des individus appartenant à la classe dominante viennent se joindre au prolétariat en lutte et lui apportent des éléments constitutifs. Nous l’avons déjà dit dans le Manifeste communiste, mais il a ici deux observations à faire :

Premièrement : ces individus, pour être utiles au mouvement prolétarien, doivent vraiment lui apporter des éléments constitutifs d’une valeur réelle. Ce n’est pourtant pas le cas de la grande majorité des convertis bourgeois allemands. Ni l’Avenir, ni la Société Nouvelle n’ont rien apporté qui eût fait avancer d’un pas notre mouvement.

Les éléments constitutifs d’une réelle valeur pratique et théorique y font totalement défaut. Au lieu de quoi, des tentatives pour mettre en harmonie les idées socialistes superficiellement assimilées avec les opinions théoriques les plus diverses que ces messieurs ont ramenées de l’université ou d’ailleurs, et dont l’une est plus confuse que l’autre, grâce au processus de décomposition que traverse actuellement ce qui reste de la philosophie allemande. Au lieu d’étudier sérieusement la nouvelle science, chacun préfère l’arranger pour la faire concorder avec ses opinions apprises, se fabriquant sans cérémonie une science privée et affichant aussitôt la prétention de l’enseigner aux autres. C’est pourquoi il y a parmi ces messieurs à peu près autant de points de vue que de têtes.

Deuxièmement : lorsque ces individus venant d’autres classes se joignent au mouvement prolétarien, la première chose à exiger est qu’ils n’y fassent pas entrer les résidus de leurs préjugés bourgeois, petits-bourgeois, etc., mais qu’ils fassent leurs, sans réserve, les conceptions prolétariennes [...]

Quant à nous, d’après tout notre passé, une seule voie nous reste ouverte. Nous avons, depuis presque quarante ans, signalé la lutte de classe comme le moteur de l’histoire le plus décisif et nous avons notamment désigné la lutte sociale entre la bourgeoisie et le prolétariat comme le grand levier de la révolution sociale moderne. Nous ne pouvons donc, en aucune manière, nous associer à des gens qui voudraient retrancher du mouvement cette lutte de classe. Nous avons formulé, lors de la création de l’Internationale, la devise de notre combat : l’émancipation de la classe ouvrière sera l’œuvre de la classe ouvrière elle-même.

Nous ne pouvons, par conséquent, faire route commune avec des gens qui déclarent ouvertement que les ouvriers sont trop incultes pour se libérer eux-mêmes, et qu’ils doivent être libérés par en haut, c’est-à-dire par des grands et petits bourgeois philanthropes 1...1 »

Ces tabous valent bien sûr, pour les dirigeants du PCF, mais aussi largement pour les ’Insoumis’, mais cela c’est leur problème. Je respecte leur différence, mais sont-ils capables de respecter ma différence ?? Eux qui confondent rassemblement et soumission au nouveau kalif ? 

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    Un film
    Sur une musique de Hans Eisler, le requiem Lenin, écrit sur commande du PCUS pour le 20ème anniversaire de la mort de Illytch, mais jamais joué en URSS... avec un texte de Bertold Brecht, et des images d’hier et aujourd’hui de ces luttes de classes qui font l’histoire encore et toujours...

  • (2009) Déclaration de Malakoff

    Le 21 mars 2009, 155 militants, de 29 départements réunis à Malakoff signataires du texte alternatif du 34ème congrès « Faire vivre et renforcer le PCF, une exigence de notre temps ». lire la déclaration complète et les signataires

  • (2011) Communistes de cœur, de raison et de combat !

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    Les résultats de la consultation des 16, 17 et 18 juin sont maintenant connus. Les enjeux sont importants et il nous faut donc les examiner pour en tirer les enseignements qui nous seront utiles pour l’avenir.

    Un peu plus d’un tiers des adhérents a participé à cette consultation, soit une participation en hausse par rapport aux précédents votes, dans un contexte de baisse des cotisants.
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    Texte nr 3, Unir les communistes, le défi renouvelé du PCF et son résumé.

    Signé par 626 communistes de 66 départements, dont 15 départements avec plus de 10 signataires, présenté au 37eme congrès du PCF comme base de discussion. Il a obtenu 3.755 voix à la consultation interne pour le choix de la base commune (sur 24.376 exprimés).