Au sujet d’un article d’El Diablo (blog http://www.communcommune.com)
PCF : La fuite en avant devant chaque échec ne peut plus durer Fête de l’Humanité : Pierre Laurent épargne le PS mais critique vivement Jean-Luc Mélenchon

, par  Gilbert Remond , popularité : 2%

Que se passe-t-il dans la tête de Pierre Laurent, semble se demander l’auteur du blog commun commune ? Il est vrai que ses déclarations à deux jours d’intervalle soufflent le chaud et le froid sur l’objet de toutes les attentions du moment : la France insoumise et son incarnation en la personne de Mélenchon.

Nous les militants du terrain, des boites et des quartiers, avions observé déjà bien des choses depuis la valse des gauches de gouvernement de ces dernières années !

Nous les avions même subies, et cette question là, je me la suis posé bien souvent le concernant. Je me la suis posée pour essayer d’amener les camarades à se demander où Pierre Laurent cherchait à nous emmener, et le 37ème congrès m’en avait encore apporté quelques autres du style : n’est-il pas en train ne nous amener sans nous le dire clairement vers une autre organisation politique que le PCF historique ? Je trouve, comme de nombreux camarades, qu’il a été plus que responsable de la crise qu’il pointe du bout du micro. Nous l’avions pourtant prévenu ! Par nos interventions dans les instances. Par nos votes dans les congrès où dans les consultations de militants. Par nos communiqués. Jamais, il n’en à tenu compte. Je dirai même qu’il n’en à chaque fois jamais rien eu à faire, étant seulement intéressé par sa ritournelle du rassemblement de la gauche et des primaires auxquelles il voulait nous soumettre.

Et le voila par un beau jour de fête qui s’exaspère pour un rendez vous manqué. Il le fait d’une manière qui fait dire à son partenaire en goguette, selon sa science habituelle de retourner les situations à son avantage : « un être vous manque et tout est dépeuplé ». Laurent est en colère nous suggère la meute des chroniqueurs. Il déballe devant la presse qui n’a de caméra que pour l’autre, son dépit avec une ironie qui une fois de plus manque son but. Le pavé dans la mare n’est qu’un petit caillou qui fait flop sous le regard amusé de la curie médiatique qui n’en demandait pas tant pour pouvoir utiliser ses effets, pour ses stratégies politiciennes.

Laurent pense sans doute pouvoir ainsi dégager en touche sa responsabilité dans le revers électoral que nous venons de connaître et détourner ainsi l’attention des communistes sur une tête de Turc qu’il a fabriqué pendant des années pour un autre usage. La ficelle est un peu grosse car s’il est vrai que Mélenchon ne nous aime guère et ne cherche qu’a nous manger la laine sur le dos, Pierre Laurent ne manque pas de culot en se défaussant de la sorte, lui qui l’a mis en selle dans la fonction.

Qui est allé chercher ce personnage en nous effaçant de la scène politique nationale ? Qui a défendu la candidature de Mélenchon en 2012 ? Qui l’a imposée en 2016 après avoir contourné en l’annulant le vote des militants délégués ? Mélenchon ne s’est pas gonflé tout seul des voix qu’il réclame et il ne faut pas s’étonner qu’après avoir récupéré le fromage électoral, il laisse les corbeaux de ce jour, méditer la leçon qui leur est donnée, en se gaussant. Les renards ont toujours procédé ainsi. Il n’était pas sorcier de le savoir, nous l’avons tous entendu dire de Monsieur Lafontaine de génération en génération. Au lieu de le courtiser et de lui faire des courbettes, de chanter la chansonnette de l’union pour être le Phoenix des voix, il fallait le chasser, l’éloigner du poulailler électoral, au lieu de lui en donner les clefs pour y entrer.

D’ailleurs, peut être même faudrait-il commencer à penser que c’est le poulailler, sa structure de farce électorale qu’il faudrait démanteler pour redonner à chacun son autonomie d’action, lui permettre de penser autrement que comme une poulaille électorale que l’on peut plumer. Il faut redevenir une forteresse et s’armer théoriquement. Se préparer pour mener les combats de classe avec ceux qui se moquent de la lumière des spots et du clignotement des caméras mais savent distinguer un illusionniste verbeux d’un cadre politique au service des classes populaires.

Pierre Laurent constate que le peuple est présent à la fête et que Mélenchon se trompe de Réunion. Il ne le dit pas exactement avec ces mots. Non. Il le dit avec sa lenteur habituelle et son flegme soporifique. Mais il dit cependant une chose vraie. Immédiatement cela devient une polémique violente. Je suis désolé mais par ces paroles il ne fait que dire une banalité visible de tout à chacun, au moment où les médias font le buzz sur leur chouchou en promenade dans une île lointaine pour satisfaire un besoin de confidences publiques et de rencontres très narcissiques. Il avait parait-il fait la promesse de revenir voir tous ces gens que l’on nous montre. Pas de bol, ça se passe juste le jour de la fête de l’Huma à laquelle il avait prévenu qu’il ne se rendrait pas plusieurs jours avant. Tient c’est marrant, il fait comme Macron le 12 septembre qui va se rendre sur une autre île dévastée après l’avoir ignorée pendant plusieurs jours, le même jour que la manif de la CGT.

Comme par hasard à chaque fois les écrans de télé sont envahis d’images des deux compères qui effacent l’autre événement du jour. Sincèrement je comprend que Laurent en fût énervé ! Il était juste de dire ce qu’il a dit sur les faits eux-même. Mais que les médias et le petit monde politicien se rassure cela n’a pas duré très longtemps. Le lendemain le chant des sirènes reprenait. Il remettait sur l’ouvrage du rassemblement. Ses insoumissions ne durent jamais très longtemps.

Pour autant je ne pense pas qu’il faille conclure comme le fait El Diablo, à la suite des articles qui commentent cette situation, en parlant de charge publique irresponsable contre celui qui a rassemblé autour de lui et son programme de rupture un cinquième de l’électorat au lieu de consacrer ses coups contre Macron.

D’abord son programme n’a rien d’un programme de rupture, une fois encore, c’est la méthode Coué qui domine chez ses partisans. Ensuite contrairement à ce que dit EL Diablo, ce résultat n’a rien d’historique puisque globalement les voix de gauche sont en diminution sur les suffrages précédents et que Duclos avait réuni sensiblement plus de voix sur un programme bien plus radical et populaire au début des années soixante dix. Si certes, Macron, son gouvernement et la classe capitaliste sont nos seuls adversaires, nous ne devons pas pour autant nous laisser plumer docilement par ceux qui ne pensent qu’à prendre la place du premier pour servir les autres et qui immanquablement poursuivront la politique implacable de l’équipe précédente. La Grèce et la mystification Syriza sont là pour faire réfléchir ceux qui en douteraient !

On me dit : « Dans la position de Laurent, il y a sans doute une part de calcul pour regagner le terrain que le groupe dirigeant a perdu ces derniers temps. Il flatte les communistes qui en ont assez des dérives qui leurs sont imposées ». Je partage aussi cette idée. Il entre de toute évidence une part de calcul et sans doute les sénatoriales prennent-elle aussi une part dans cette démarche. La fièvre du samedi soir disparaît le lendemain. Il revient aussitôt à sa grande idée du rassemblement de la gauche.

Le rassemblement est un grand mot pour une grande idée sans fond, je veux dire qu’il s’agit d’une idée qui se donne des airs sans avoir de structure, sans établir de chaîne conceptuelle ni ouvrir de processus pour des mutations futures. Je pense d’ailleurs que ce mot n’est pas choisi au hasard ! Qui rassemble-t-on, comment, pour quoi faire ? Nous n’en savons rien. Je préfère les mots unité populaire qui se réfèrent au peuple et aux classes sociales qui le composent. Ils supposent de connaître à qui l’on s’adresse, avec qui l’on veut s’unir. Il dit d’emblée un accord sur un contenu, autour d’un axe fort. La gauche rassemblée, on a vu ce que c’était et comment ça se terminait. La gauche rassemblée indique une juxtaposition d’organisations. Elles se fédèrent pour un bénéfice que chacune pense utile à son désir de projection dans les mécanismes de pouvoir. C’est la plus intégrée dans les institutions qui finit par influencer le total en imposant ses marques réformistes et de collaboration de classe.

Elle finit toujours en morceau parce qu’elle prend toujours un cap à droite par la force des choses, c’est-à-dire selon les lois de la pesanteur qui veulent qu’un corps finit toujours par tomber vers le sol d’où il s’est élevé. Pour partir à l’assaut du ciel, il faut une forte poussée. Il faut un appareil de vol pour structure qui donne un cadre à ceux qui vont la remplir et un carburant comme énergie. L’appareil c’est une organisation révolutionnaire. Le carburant c’est le mouvement des masses. Marx et Lénine n’ont pas écrit pour le seul plaisir de remplir des pages. Ils étaient avant tout des militants révolutionnaires qui ont tiré les leçons de la luttes des classes, théorisé à partir de la pratique historique les moyens pour trouver une issue politique favorable au mouvement des masses. Ils ont fait l’expérience qu’un parti révolutionnaire était une nécessité pour unir les classes populaires devant sortir de la dictature du capital pour assurer la pérennité de leurs aspirations à vivre libre et décemment, et ce n’est pas à l’issue d’un dîner de gala ni même d’une fête populaire que cela se réalisera ! Il faut d’abord penser à soi d’un point de vue de classe, c’est-à-dire à l’existence d’un parti solide, structuré sur un projet politique clair, mis en œuvre par une stratégie claire. Ce n’est plus le cas, alors il faut repartir du B, A, BA.

Ces quelques passes d’armes reflètent la situation dans le parti et en dessinent ce qui depuis le dernier congrès commence à se formaliser dans la conscience des communistes : avoir une direction qui manque tous les rendez-vous populaires en leur préférant des alliances suicidaires. Elle nous ouvre une perspective nouvelle, nous confirme dans l’orientation que nous défendons, celle d’unir les communistes, de relever le défit de l’existence du PCF. Comme l’écrit M.C. Burricand dans le n° 10 de la revue "Unir les communistes" :

« Une grande majorité de communistes sont (..) déterminés à faire vivre le PCF et lui redonner son utilité dans les conditions de la lutte des classes aujourd’hui. Tout cela nous donne une responsabilité historique. Je ne dis pas que c’est gagné d’avance mais nous devons tout faire pour agir ensemble et trouver des terrains d’entente, car c’est par une capacité collective d’action et de débat que l’existence de notre parti pourra se prolonger et redevenir le parti dont les masses ont besoin. »

Je doute de ce point de vue que le questionnaire qui vient de nous être distribué puisse apporter les matériaux de travail dont nous avons besoin pour conduire une réflexion utile et sérieuse sur la période qui vient de se passer. Je doute qu’il ne puisse déboucher sur un projet en phase avec les luttes et ce qu’elles exigent de réponses sur le plan politique. Ce n’est pas avec les méthodes des instituts de sondages ou du monde publicitaire que nous allons pouvoir retrouver les moyens d’analyser la situation concrète du monde qui est le nôtre et de son mode de production dominant, de son niveau de développement et de ses conséquences sur notre vie.

Ce questionnaire repose sur les postulats de la société actuelle et de son idéologie. A aucun moment il ne permet de prendre du recul, de se décaler pour oser une autre perspective, proposer un autre mode de production et d’organisation du social. Ce questionnaire tourne autour d’une problématique celle du changement « de l’outil » voir des outils, de notre adaptation pour se retrouver en phase avec la société, son opinion et donc ses électeurs en vue des suffrages a venir. Il pose l’élu comme le point de départ de l’action politique et non l’inverse, à savoir un élu au service des collectifs qui luttent, de leur revendications, de leurs idéaux d’avenir. La démarche de ce questionnaire est celle employée par tous les manager en service commandé, elle est de conduire les sondés vers la solution préétablie par le noyau dirigeant qui l’a mis en circulation.

Avec ce questionnaire la direction fait semblant de lancer le débat sur la cause de nos échecs, elle trouve un moyen détourné pour l’orienter et le contrôler. Cela suffit, comme le demande le communiqué du réseau "Faire vivre le PCF" du 31 aout 2017 :

« Le débat doit s’ouvrir vite et à partir du bilan depuis le 30ème congrès de Martigues qui reste la ligne directrice de la direction nationale. Il n y a pas d’issue ni d’unité des communistes possibles sans ce travail.

La fuite en avant devant chaque échec ne peut plus durer.

Nous appelons les communistes à ne pas se laisser paralyser. Ils doivent être les vrais maîtres de leur parti, des choix stratégiques et de leur destin militant et prendre sans attendre les initiatives permettant le débat nécessaire et urgent, en même temps que les initiatives adaptées à la situation politique et sociale. »

Gilbert Rémond

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