Mélenchon, l’éléphant dans le salon de thé !

, par  Guillaume Sayon , popularité : 1%

Ce billet d’humeur ne portera jamais aussi bien son nom. Il y a des fois où on aimerait avoir tort… Mais que voulez-vous, quand vous êtes victimes d’une stratégie alambiquée sur laquelle vous n’avez aucune prise, vous subissez en silence. Pas question pour autant de baisser la tête et d’acquiescer bêtement. Je suis effaré par l’amateurisme de nos dirigeants qui nous entraîne dans les méandres de l’histoire, comme si nous avions un boulet noué à notre cheville et que nous sombrions, impuissants, dans les eaux profondes. Mélenchon a asséné le premier coup et il fait mal. Il annonce qu’il sera sur la ligne de départ en 2017. On peut user des qualificatifs les plus divers, on peut dénoncer à juste titre la haute idée que cet homme se fait de lui-même, on peut claquer des pieds et se rouler par terre. Cependant, outre le fait que cette surprise n’en est pas vraiment une, sauf à être lourdement handicapé par sa candeur, il est tout de même assez hypocrite de dénoncer cette candidature alors que depuis des mois le PCF a établi toute sa stratégie autour de l’idée "tout sauf Mélenchon". Le plus drôle (ou pas), c’est que ce sont les plus enragés en 2012, ceux qui défendaient à corps et à cri la candidature de l’ancien sénateur socialiste maastrichtien qui s’était racheté dans la foulée une âme de révolutionnaire, qui aujourd’hui pleurent à chaudes larmes et mènent des procès en sorcellerie. Dartigolles est le premier à s’épancher dans la presse. Pierre Laurent doit sortir un livre pour promouvoir l’exercice de la primaire. Petite boutade pour détendre l’atmosphère, je lui conseille de vite le publier sinon il finira par caler les pieds des tables bancales de colonel Fabien…

Pendant que nous organisions le tea time sous la coupole Niemeyer en totale déconnexion avec le monde réel, Mélenchon lui s’organisait et il fait tapis. L’avenir dira s’il a un bon jeu. Il n’a pas de base militante pour le porter dans cette campagne. Il ne pourra pas compter sur les petites mains du parti pour coller ses affiches, distribuer ses tracts, organiser les meetings… Il n’aura pas nos sous surtout ! Le pari est risqué pour lui mais il sait que le volcan français se réveille petit à petit, il sait que personne ne peut prédire ce qui va se passer dans les semaines, les mois à venir. Surtout qu’un certain nombre de banques vont bientôt annoncer leur faillite et que, par voie de conséquence, une grave crise économique ne tardera pas à exploser. Les mêmes causes qui produisent les mêmes conséquences. L’instinct de prédation et de captation du capitalisme fabriquant de manière cyclique des crises destructrices d’activités et d’emplois qui vont crescendo dans le spectaculaire.

Reconnaissons en tout cas à Mélenchon le talent suffisant pour être capable d’incarner la résistance dans un contexte aussi tendu. On peut aussi souligner la finesse d’un véritable stratège qui a totalement compris qu’il lui fallait incarner l’esprit même de la Vème République : l’homme providentiel, au-dessus des partis, celui qui a un destin lié avec un peuple. Même si on peut penser que tout cela appelle un important travail psychanalytique, l’audace du tribun est à la hauteur de son talent et de son ambition. C’est un opposant déterminé au personnage qui vous le dit !

Premier coup derrière la tête pour la petite troupe des VRP de la primaire. Puis, on apprend que les écologistes, dissidents et non-dissidents, entrent au gouvernement. La patronne de EELV se retrouve donc ministre du logement dans un gouvernement extrêmement impopulaire, dans un gouvernement qui mate les travailleurs et qui fait une croix sur une bonne partie des libertés individuelles et collectives. Dissidents ou pas, par ailleurs, ils sont de dangereux partisans de l’Europe fédérale. Pas question d’une autre Europe non non, simplement de plus d’Europe encore ! Bref, ils ne sont pas à la base véritablement fréquentables. Mais on espérait pourtant faire l’union avec ces gens. Deuxième coup derrière la nuque. Décidément en 24 heures, la pilule est dure à avaler…

Alors nous voilà ridiculement esseulés dans une séquence qui s’accélère brutalement. Nous allons tenter de continuer comme si de rien les rendez-vous du lundi avec des comédiens, des intellectuels et quelques vieux syndicalistes en manque de notoriété. Au final, tout cela accouchera d’une candidature minuscule derrière une Clémentine Autain, ou alors nous ramperons comme le chien qui rentre à la niche sachant très bien qu’il a fait une bêtise et nous nous rangerons derrière Mélenchon qui nous tiendra dans la paume de sa main. Il n’aura plus qu’à serrer les doigts pour nous briser définitivement. On se croirait dans Forrest Gump, « n’est stupide que la stupidité… ».

Voilà donc ce qui arrive quand on veut sauver la gauche sans même savoir ou comprendre que la gauche ne peut exister que si elle est sous la pression permanente d’un mouvement révolutionnaire fort et organisé. Au final, nous ne tentons pas de sauver la gauche, nous tentons de sauver le PS. Beaucoup de camarades partageront, j’en suis sur, l’idée que nous n’avons pas pris notre carte au Parti communiste pour tenir la corde du pendu. J’ai une réjouissance en cette journée bien maussade : le 24 février prochain à Rouvroy (Pas-de-Calais), nous aurons l’immense honneur d’accueillir les 8 de Goodyear et leur avocat, notre camarade Fiodor Rilov, et nous allons tout entreprendre pour en faire un véritable événement. On y sera plus à l’aise et plus utile que dans les salons de thé.

Le 11 février 2016

Guillaume Sayon

Tiré de son blog

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