Une réponse à Sébastien Jumel sur les présidentielles
Mélenchon-Montebourg, les deux faces d’une même absence...

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Dans l’Humanité du 27 octobre, Sébastien Jumel, maire de Dieppe annonce son choix de mener une campagne communiste dans le cadre de la candidature de Jean-Luc Mélenchon.

Il était intervenu en ce sens à la réunion des élus organisés il y a un mois par Pierre Laurent qui proposait déjà d’attendre pour décider, mais qui avait du constater que cette position était minoritaire... Sébastien avait alors considéré que suite à une succession d’échecs stratégiques, il fallait se résoudre à soutenir JLM en menant une campagne communiste.

Pourtant... nous continuons à affirmer qu’il est encore possible aux communistes de décider d’une candidature le 5/11, et que Sébastien fait partie de ceux qui peuvent porter une telle candidature !

Sébastien,

Nous partageons le constat sur la profondeur de la crise et sa violence dans le quotidien populaire, le risque "d’une marée brune", d’une "revanche de classe", et donc du "besoin de communisme".

En quelques mots, tu traces le contenu d’une campagne communiste qui pourrait unir les communistes et rassembler largement dans le mouvement social, le monde du travail, les quartiers populaires... Et tu as raison,

Dans ce contexte d’une extrême gravité, il n’y a pas de place pour la lutte des places. C’est pourquoi, sans attendre, les communistes doivent entrer en campagne pour les élections à venir, en se saisissant des outils les plus efficaces à leur portée.

Mais dire que cet outil "ce porte-parole le plus connu et le plus audible, c’est Jean-Luc ­Mélenchon", c’est un peu comme de dire en regardant le ciel que le soleil tourne autour de nous, c’est prendre l’image pour les faits. Car, certes, il est plus connu que toi comme de beaucoup d’autres responsables communistes, élus, syndicalistes, personnalités... et nous n’y sommes effectivement pas pour rien puisque nous lui avons offert cette légitimité en 2012. Mais il est connu comme quoi ?
- comme celui qui va nous sortir de la présidentialisation prégnante sur la vie politique ? Bien entendu que non, il ne vit que des présidentielles... qu’a-t-il fait depuis de son "succès" avec le vote communiste en 2012 ?
- comme celui qui va redonner confiance au monde du travail, à la classe ouvrière pour retrouver le chemin politique de son unité, de sa conscience d’être la classe sociale décisive d’une autre société ? Bien entendu que non ! Jamais il ne sort des logiques de marché, même quand il parle de planification écologique, jamais il ne considère le travail de production, les rapports sociaux dans l’organisation de la production comme la question cruciale de la sortie du capitalisme. Jamais il ne considère la propriété des moyens de production et d’échange comme la question décisive ! Il est de ce point de vue tout à fait compatible avec la vague écolo qui croit qu’il faut changer de technique plutôt que de système !
- comme celui qui va ouvrir une issue politique au mouvement social ? bien entendu que non ! Jamais il ne sort de l’électoralisme qui le porte, qui le définit, qu’il incarne en quelque sorte, et jamais donc il ne sort du dessaisissement du peuple de sa propre histoire, jamais il ne peut porter ce qui est constitutif du communisme "l’émancipation des travailleurs sera l’œuvre des travailleurs eux-mêmes"...
- comme celui qui pourrait renverser la dérive à droite jusqu’à l’extrême ? bien entendu que non, et sa campagne des législatives de 2012 contre Marine Le Pen à Hénin-Beaumont en est une illustration ! Comment croire qu’une campagne électorale peut créer par elle-même un rapport de forces totalement différent de celui que nous connaissons sur le terrain ! Nous ne ferons pas dans les quelques mois qui restent ce que nous n’avons pas fait depuis 30 ans, la réalité du rapport de forces que nous pouvons espérer faire apparaitre au plan politique, c’est le mouvement social contre la loi travail qui nous le montre, 1 million d’acteurs sur une population de 30 millions d’actifs... La seule question politique des présidentielles ne porte pas sur le président élu, il mènera, quel qu’il soit, une politique plus à droite encore que Hollande... elle porte sur l’existence ou non d’une traduction politique au mouvement social, à l’exaspération populaire qui s’exprime si contradictoirement aujourd’hui. La seule question est de savoir si l’électorat communiste, l’électorat populaire en colère peut se dire après les présidentielles, nous allons résister, et nous ne sommes pas seuls !
- comme celui qui va ré-ouvrir la perspective d’une nouvelle période de renforcement pour le parti communiste ? bien entendu que non, cela ferait sourire et nous sommes tous d’accord, il est là pour terminer le travail de François Mitterrand !

Je sais bien que tu ne choisis le soutien à JLM que par défaut, parce que tu constates que la direction nationale du PCF ne veut pas d’un candidat, et que le temps passant, il devient toujours plus difficile d’organiser une campagne présidentielle sur un candidat communiste, et tu penses que c’est devenu impossible. Mais il faut bien voir que ce qui est de plus en plus difficile, ce n’est pas seulement la candidature communiste, c’est l’existence du PCF ! c’est l’affirmation que les communistes, veulent, peuvent, continuer ensemble malgré leur émiettement politique et qu’ils peuvent retrouver le chemin de leur unité et de leur renforcement. Le choix de JLM en 2012 a été perçu positivement par de nombreux communistes qui se sont dit que c’était le meilleur "outil", et que le parti allait pouvoir se renforcer. Beaucoup y ont cru dans la campagne et les grands meetings, et certains y ont même cru en regardant les résultats, sans voir à quel point ils confirmaient l’affaiblissement continu du vote communiste ouvrier et populaire, partiellement masqué par un vote JLM dans les couches moyennes urbaines.

Mais nous pouvons tirer le bilan de 2012, et le choix que tu proposes en 2017 en désespoir de cause revient au fonds au même qu’en 2012 ! Parce que cela semble le meilleur outil électoral, nous espérons pouvoir nous en servir malgré nos faiblesses pour "faire le gros dos" ? espérer en d’autres situations plus favorables demain ?

Mais ne vois tu pas que la direction nationale fera tout jusqu’en janvier pour tenter de faire accepter une "candidature unique de gauche" et mets en scène Montebourg à chaque occasion ? Il y a d’ailleurs un parallélisme frappant entre la démarche Mélenchon et la démarche Montebourg pour un communiste. Ils sont les deux faces d’une même absence, celle d’une candidature communiste ! Dans les deux cas, nous pensons qu’il existe une solution électorale, qu’il faut retrouver cette "union de la gauche" dont nous gardons la nostalgie car pour beaucoup, elle nous a fait naitre à la politique. Mélenchon porte une gauche en rupture avec le PS, mais pas avec ce qu’il représentait dans la vie politique en 1981, Montebourg porte une gauche en rupture avec Hollande, mais évidemment pas avec ce qu’il représentait dans la vie politique en 2012...

S’il y a une chose que les communistes doivent faire bouger dans les campagnes électorales de 2012, c’est bien cette question décisive. Le bilan de toutes les stratégies d’union de la gauche est un échec et la leçon première est qu’il ne faut jamais attendre des élections de faire bouger les rapports de forces. Les élections ne sont qu’un thermomètre, et les élus ne sont que des médiateurs pour faire grandir le mouvement social, le mouvement populaire pour qu’il aille jusqu’à conquérir par lui-même l’hégémonie dans la société, et faire plier les institutions.

Tu conclus en évoquant l’enjeu des législatives. Mais il ne s’agit pas de conjurer le risque d’une assemblée bleu foncé ! Même avec du rose, elle sera bleu foncé au fonds, mais de conjurer le risque d’une assemblée sans rouge, d’une situation à l’italienne... Or, qu’est-ce qui permettra de (re)gagner des députés communistes ? Plus Mélenchon fera fort, plus il sera exigeant avec ses propres candidats (qu’il annonce déjà) dans toutes les circonscriptions. Et il n’a que faire lui, de l’existence ou non de "rouge" dans l’assemblée, au pire, sans députés, il continuera à se présenter comme le recours, le sauveur...

Et l’expérience des communistes vénissians, c’est que le rassemblement et le parti ne sont pas contradictoires, au contraire, c’est un parti qui s’affirme en toute franchise qui peut le mieux rassembler très largement au-delà des étiquettes. Nous ne gagnerons aucun député en faisant croire à "la gauche", ou "la gauche de la gauche". Nos députés sortants et nos candidats dans plusieurs circonscriptions où nous avons des forces gagneront parce qu’ils apparaitront comme porteurs de résistances, de capacités de rassemblement non politicien, non lié aux institutions et aux places...

Non, rien n’est jamais définitif, et dans la nuit noire de l’occupation, des communistes se sont engagés, reconstruisant leur parti dans les pires conditions de la clandestinité, et dans le rassemblement le plus large, y compris avec des forces de droite...

Nous te transmettons notre appel à candidature pour lequel nous pensons que tu serais tout à fait légitime.

Fraternellement,

Pierre-Alain Millet, adjoint PCF au maire de Vénissieux, conseiller métropolitain

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