Le parti Toudeh d’Iran condamne les politiques impérialistes et réactionnaires en Afghanistan du journal du parti Toudeh : Nameh Mardom

, par  Leila Moussavian-huppe , popularité : 1%

traduction par leila pour lepcf.fr à partir de la version persane et anglaise

La chute de Kaboul et le retour des Talibans au pouvoir en Afghanistan le dimanche 15 août est une tragédie colossale pour son peuple. Les visées des puissances capitalistes du G7 au cours des quarante dernières années en sont la cause principale et portent la responsabilité pleine et entière de cette calamité.

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La sécurité financière et militaire apportée par la CIA , L’Arabie Saoudite ainsi que les chefs militaires du Pakistan aux groupes islamistes « Moudjahidin » afghans vers la fin de la décennie 70 et après la victoire de la révolution de Saur (avril), visaient principalement la fragilisation et le renversement du gouvernement démocratique du peuple afghan et a abouti à sa chute. À la fin des années 1970, l’impérialisme mondial ne pouvait en aucun cas accepter un changement dans l’équilibre des forces dans cette région et l’arrivée au pouvoir de forces nationales, progressistes et démocratiques. La réalisation de ce plan a ouvert la voie au développement d’une multitude de groupes « djihadistes » réactionnaires qui ont bénéficié de fonds saoudiens afin de nuire à tout changement sociopolitique progressiste en Asie occidentale. Le gouvernement de la République démocratique populaire d’Afghanistan visait à créer une société nouvelle et moderne par la mise en œuvre de politiques nationales de développement, la réduction de la pauvreté et l’élimination du sous-développement socio-économique sous-tendu par le système féodal qui avait dominé le pays avant la révolution de Saur. Mais, soutenus par l’Occident, les islamistes réactionnaires en Afghanistan ont manifesté leur hostilité aux droits démocratiques et aux libertés inscrits dans la Déclaration universelle des droits de l’homme des Nations Unies, en particulier ceux concernant les femmes et les enfants. Le coup d’État militaire au Pakistan [1977] portant au pouvoir le général Zia-ul-Haq, l’instrument de l’impérialisme britannique, et l’exécution [en 1979] du Premier ministre Zulfiqar Ali Bhutto ainsi que les politiques réactionnaires du nouveau régime iranien après la révolution de février 1979, ont été d’autres facteurs majeurs influant sur le cours des événements en Afghanistan.

L’entrée de l’armée soviétique en Afghanistan à la demande réitérée de son gouvernement [pour faire respecter le traité fraternel d’amitié entre les deux voisins] pour aider à contrer l’insurrection violente des fondamentalistes islamiques dans le pays, a eu lieu au cours d’une guerre non-déclarée, lancée de façon coordonnée entre les États-Unis, la Grande-Bretagne, le Pakistan et leurs alliés réactionnaires en Afghanistan. Sous prétexte de la présence soviétique en Afghanistan, dont eux-mêmes avaient jeté les bases ; les puissances impérialistes et leurs alliés ont intensifié leur soutien total et l’armement des groupes fondamentalistes islamiques.

Le retrait des troupes soviétiques d’Afghanistan en 1989 et les efforts du gouvernement central afghan pour établir un gouvernement inclusif de réconciliation nationale n’ont engendré aucun changement dans l’intention et les politiques bellicistes des États occidentaux, de l’Arabie saoudite, du Pakistan et de la République islamique d’Iran dans leur soutien aux forces « djihadistes ». Après l’effondrement de l’Union soviétique en 1991, la cessation de son aide économique à l’Afghanistan et l’intensification des activités des fondamentalistes islamiques, les moudjahidines islamiques sont finalement arrivés à Kaboul au printemps 1992. A partir de cette année, l’Afghanistan a été embourbé dans une guerre civile entre différentes forces islamistes contrôlant diverses régions du pays, situation semblable à celle qui, des années plus tard, est apparue en Libye après l’effondrement du gouvernement de Mouammar Kadhafi. À l’automne 1996, les talibans se sont emparés de Kaboul et ont annoncé l’instauration de l’Emirat Islamique d’Afghanistan. Les talibans ont démontré la poursuite de la politique criminelle du précédent régime des moudjahidines à travers des exécutions odieuses – y compris la torture et le démembrement du Dr Najibullah, l’ancien président de l’Afghanistan, ainsi que de son frère, réfugiés dans le complexe administratif des Nations Unies à Kaboul. Dans les années 1990,alors que les forces islamistes afghanes opéraient sous couvert des États occidentaux, les violations des droits de l’homme se sont amplifiées dans le pays, et la culture de l’opium ainsi que la production de produits dérivés tels que l’héroïne à l’export international –source de revenus énormes pour ces groupes – se sont considérablement développées.

Au cours des cinq années de l’État islamique moyenâgeux des Talibans, les réalisations sociales de la République démocratique populaire d’Afghanistan en matière de santé, de logement, d’éducation et d’émancipation des femmes ont été complètement éradiquées et une politique inverse mise en place. L’Afghanistan est devenu un centre de formation pour les forces islamistes les plus réactionnaires de la région, dont al-Qaïda.

Le coût de l’occupation de l’Afghanistan par la coalition de 2001 à 2021 est estimé à environ 2 000 milliards de dollars –pris dans les poches de la population des pays soutenant la coalition et versés dans les poches des complexes impérialistes militaro-industriels. Durant ces 20 années, des dizaines de milliers de personnes ont été tuées ou déplacées en Afghanistan, et des milliers de membres des forces militaires publiques et privées des occupants ont perdu lavie.Et,en fin de compte, le retrait rapide des forces militaires occidentales – les mêmes qui avaient maintenu au pouvoir les gouvernements corrompus pro-américains en Afghanistan–la fuite du président Ashraf Ghani,l’effondrement du gouvernement afghan et le retour des talibans via la négociation de Hamid Karzai, Abdullah Abdullah et Gulbuddin Hekmatyar. La réinstallation des talibans en Afghanistan est basée sur l’accord entièrement calculé conclu entre l’administration Trump et les dirigeants réactionnaires des talibans le 1er mars 2020. Cette tragédie aboutira à une catastrophe humanitaire de très grande envergure, dont les signes – y compris la peur qui saisit le peuple afghan et ses tentatives de fuir le pays – sont déjà observables dans les villes du pays.

L’effondrement du gouvernement afghan est la preuve manifeste de l’erreur du concept d’intervention étrangère pour changer un régime ou l’aider à se maintenir. Le parti Toudeh d’Iran a toujours affirmé que des gouvernements fantoches imposés par des forces étrangères ne garantissent ni l’établissement de la démocratie ni l’obtention des droits du peuple. Le sort de l’Afghanistan (et de l’Irak) devrait servir de leçon à ceux qui placent leurs espoirs dans les interventions des États-Unis et d’autres puissances étrangères ; qui posent fièrement aux côtés de Mike Pompeo, invitent John Bolton à prendre la parole lors de leurs rassemblements et défendent les sanctions de Trump et la politique de « pression maximale ». Le peuple afghan (et iranien) a le droit de mener une existence digne et de vivre en paix, et non sous le joug de gouvernements fantoches et corrompus dépendants d’états étrangers – ni celui de l’Émiratislamique des talibans, de l’EI ou celui du régime théocratique en Iran. (Velayat Faghih)

Il est clair que ni les États-Unis, ni aucune autre puissance impérialiste, ne se préoccupent du sort des citoyens ordinaires afghans. Ils ne songent qu’à leurs propres intérêts. En ce sens, les propos de John Bolton, un défenseur militariste et réactionnaire des administrations Bush et Trump, dans une interview accordée à la BBC et à Sky News ces derniers jours, sont révélateurs : « …l’idée s’est répandue que nous étions là pour défendre l’Afghanistan [...] par charité… Ce n’est pas ainsi [...] C’est une erreur de penser que nous étions là pour faire de l’Afghanistan la « Suisse de l’Asie centrale ». Nous n’étions pas là pour construire leur nation ; nous étions là pour protéger notre nation ! »Il y a quelques jours le président Joe Biden a également laissé entendre que les forces armées américaines ont attaqué l’Afghanistan pour leurs propres intérêts, y sont restées pendant 20 ans pour leur propre bien et partent maintenant dans la même logique. Il a ajouté que la lutte contre les talibans est le devoir de l’armée afghane. Et, ces derniers jours, il est devenu cruellement clair que les femmes, les hommes et les enfants d’Afghanistan vont devoir payer de leur vie le prix de cette politique. La nouvelle vague de déplacement et d’asile de ces victimes, que les gouvernements occidentaux regardent avec « commisération », constitue une réelle préoccupation des défenseurs de l’humanité de par le monde.

Une des conséquences programmées du retrait des États-Unis et de l’OTAN, dont le départ des troupes d’Afghanistan permettra de les envoyer dans la prochaine arène d’agression et de destruction ; ainsi que la prise du pouvoir par des réactionnaires talibans est l’instauration d’une insécurité majeure en Asie occidentale, en particulier aux frontières de l’Iran, des pays d’Asie centrale et même de la Russie et de la Chine. Il semblerait aussi que dans le vide laissé par les forces militaires occidentales, un rôle soit maintenant attribué à la Turquie musulmane sunnite, membre de l’OTAN, dont l’ambitieux dirigeant envisage la renaissance de l’Empire ottoman dans la nouvelle ère de sa politique néolibérale. La perturbation des plans de développement de la Chine, y compris l’initiative « One Belt – One Road », peut éventuellement faire partie des retombées et effets collatéraux des récents développements en Afghanistan.

Ce qui actuellement est essentiel et sur lequel il faut insister est le fait que des pions et des marionnettes de l’impérialisme américain, tels que des Hamid Karzaï, Ashraf Ghani, Abdullah Abdullah, Gulbuddin Hekmatyar et Zalmay Khalilzad, ne sont pas ceux qui ouvriront la voie au développement et à une transformation libre et démocratique en Afghanistan. Au cours des trente dernières années, l’Afghanistan et son gouvernement ont été englués dans la corruption, les détournements de fonds et les rivalités tribales. Lorsqu’avec le feu vert des États-Unis (suite aux discussions et l’accord de Doha), les talibans se sont emparés des villes afghanes, il y a eu peu de résistance de la part de l’armée nationale entraînée par les Américains (probablement selon des instructions reçues). Au cours des dernières décennies, il n’y a véritablement pas eu de gouvernement ou d’ordre stable en Afghanistan, et ces dernières semaines, la vie et les biens de personnes sans défense ont été laissés à l’abandon, tandis que les dirigeants de l’État mercenaire ont pris leurs sacs d’argent et ont fui le pays. Et actuellement,sous couvert d’un « Conseil de coordination »des mercenaires comme Hamid Karzaï, Gulbuddin Hekmatyar et Abdullah Abdullah cèdent le pouvoir aux talibans afin d’accorder une légitimité à« l’Émirat islamique » de ces barbares réactionnaires. L’Afghanistan est l’exemple frappant d’un plan d’intervention étrangère qui a conduit à une catastrophe humanitaire semblable à celles observées en Irak,en Libye, en Syrie et au Yémen. Il ne faut laisser qu’une telle catastrophe se reproduise, y compris en Iran. Dans ces circonstances difficiles et dangereuses, le parti Toudeh d’Iran appelle tous les défenseurs de la paix, de la démocratie, de la justice et des droits de l’homme à se faire l’écho des revendications humanitaires du peuple afghan et de les soutenir contre les Talibans réactionnaires et les puissances impérialistes. Un gouvernement qui n’adhère pas aux dispositions de la Déclaration universelle des droits de l’homme, traité international, et qui ne respecte pas les droits et libertés démocratiques du peuple – en particulier ceux des femmes, des filles et des enfants – ne peut être reconnu comme légitime et défendable

Les peuples afghan et iranien souffrent sous des régimes fondamentalistes et réactionnaires islamiques et sont ainsi privés d’une existence digne de ce nom. Les objectifs des luttes de ces deux nations voisines pour la liberté et la justice sont communs. Nous ne pouvons permettre que ces combats soient mis en sourdine. Que la voix de ces luttes résonne ! En cette période difficile et périlleuse, nous nous tenons aux côtés du peuple afghan et de ses forces progressistes et patriotiques et exprimons notre solidarité active et inébranlable dans sa lutte pour la paix, la démocratie et les droits de l’homme.

Extrait du Nameh Mardom, n° 1136, 16 août 2021 – Organe central du Parti Toudeh d’Iran

Voir en ligne : source en anglais sur le site tudehpartyiran.org

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