Le socialisme aux caractéristiques de la Chine Quelques remarques à propos de certains de ses détracteurs 

, par  Hervé Fuyet, Peggy Cantave Fuyet , popularité : 2%

En guise d’introduction

Question : Existe-il au moins un point commun en politique entre l’extrême-droite, la droite, la social-démocratie, les eurocommunistes et enfin les gauchistes (atteints de ce que Lénine nommait la maladie infantile du communisme) ?

Réponse : Ce sont tous des détracteurs des pays du socialisme réellement existant dirigés par des partis communistes (Chine, Cuba, Laos, Vietnam, Union Soviétique avant sa chute, etc.). De l’extrême-droite à l’eurocommunisme, on diabolise ces pays, entre autres parce qu’ils sont trop léninistes, et les diverses formes de gauchisme les diabolisent, à coup de citations de Lénine commentées hors contexte, parce qu’ils ne sont pas assez léninistes.

« Les faits sont têtus » disait Lénine et pourtant les résultats remarquables obtenus par ces pays socialistes dirigés par un parti communiste semblent moins compter pour certains détracteurs gauchistes qu’une pureté doctrinale imaginaire forgée à base de citations multiples rappelant les débats scolastiques des moines chrétiens au Moyen-Age !

Il me semble que cette remarque générale s’applique particulièrement bien à la façon dont certains critiques évaluent la théorie de Deng Xiaoping, qui est à la base de la réforme et de l’ouverture en Chine socialiste qui à commencé vers la fin des années 1970 et le début des années 1980, et à la source des progrès d’une amplitude et d’une rapidité sans précédent dans l’histoire de l’humanité.

Que disent les camarades chinois de la théorie de Deng Xiaoping !

En effet, avant de se forger une opinion personnelle, pourquoi ne pas lire ce que les camarades chinois ont déclaré lors du 16ème Congrès du PCC au sujet de la théorie de Deng Xiaoping et de ce qu’on pourrait nommer "la maladie infantile des obsédés de citations" : 

Une question se pose à propos du style d’étude du marxisme : Devons-nous chercher à trouver des réponses à partir de quelques expressions et mots isolés des œuvres marxistes, ou bien devons-nous nous acharner à utiliser une position, des points de vue et des méthodes marxistes pour étudier et régler les problèmes concrets qui se posent en Chine ?

Pendant la campagne de rectification à Yan’an, Mao Zedong avait fait valoir : « On doit établir une politique en vertu de laquelle on met l’accent sur l’étude des problèmes concrets de la révolution chinoise et utiliser les principes fondamentaux du marxisme-léninisme comme guide, et sa méthode d’étude ; la manière statique et isolée doit être écartée ». Aujourd’hui, lorsque nous proposons d’armer tout le Parti de la théorie de Deng Xiaoping et d’étudier le marxisme-léninisme et la pensée de Mao Zedong en mettent l’accent sur l’étude de la théorie concernant la construction du socialisme à la chinoise, nous voulons précisément dire de poursuivre cette vénérable tradition.

Nous ne devons jamais rejeter le marxisme-léninisme et la pensée de Mao Zedong. Si c’était le cas, nous perdrions nos assises. Parallèlement, tout en nous concentrant sur les problèmes concrets qui se posent en Chine au cours du processus de réforme, d’ouverture et de modernisation, comme sur tout ce que nous faisons, nous devons mettre l’accent sur l’application de la théorie marxiste, un meilleur niveau de réflexion à partir d’une approche théorique lorsque nous cherchons à résoudre des problèmes réels et une nouvelle pratique et un nouveau développement de cette théorie. Parler du marxisme hors de la réalité d’un pays donné et du développement d’une époque n’a aucune signification. Nous irons nulle part si nous étudions le marxisme de façon statique et isolée et si nous le séparons de son vigoureux développement dans la vie concrète ou si nous les mettons en opposition l’un avec l’autre.

Dans la Chine contemporaine, le marxisme-léninisme, la pensée de Mao Zedong et la théorie de Deng Xiaoping constituent un système scientifique unifié, imprégné du même esprit. Respecter la théorie de Deng Xiaoping, c’est suivre dans son authenticité, le marxisme-léninisme et la pensée de Mao Zedong ; porter haut levé l’étendard de la théorie de Deng Xiaoping, c’est porter authentiquement haut levé l’étendard du marxisme-léninisme et la pensée de Mao Zedong.

(16ème congrès du PCC)

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Selon nos camarades cubains, le socialisme aux caractéristiques de la Chine est une réussite ! 

Tout cela est bien théorique et date du début des années 1980, me direz-vous, mais qu’en est-il de la pratique et des « faits têtus » aujourd’hui ? Est-ce que ce socialisme aux caractéristiques de la Chine donne aujourd’hui en 2014 de bons résultats ?

Voilà en tout cas ce qu’en disent aujourd’hui nos camarades cubains :

 La Havane, 27 juin 2014 (Xinhua) — Le plus grand quotidien cubain a salué vendredi le succès de la Chine dans la conception et la mise en application de son propre modèle de développement pour cimenter sa position en tant que l’une des grandes puissances commerciales de notre époque.

L’article approfondi du journal Granma, intitulé "La Chine et la réalisation d’un rêve", félicite la Chine pour avoir "choisi sa propre voie de développement".

Au cours des 35 dernières années, la Chine a sorti des millions de personnes de la pauvreté, a construit des villes modernes, a attiré les plus grosses entreprises du monde et est devenue "l’un des principaux partenaires commerciaux de l’Europe, des États-Unis, de l’Amérique latine, de l’Asie et de l’Afrique", dixit l’article.

Son auteur, qui a récemment assisté en Chine au congrès intitulé "Le socialisme au 21ème siècle", a ajouté que maintenant que la Chine a réussi à généré de la richesse, elle cherche à la distribuer de façon plus équitable.

Pour ce faire, l’article explique que la Chine "a choisi sa propre voie de développement : un socialisme avec des caractéristiques chinoises, en harmonie avec la nature, ses voisins et le reste du monde".

Par le passé, le développement de la Chine était stimulé principalement par les investissements étrangers et les exportations, ce qui comportait certains inconvénients, comme la pollution de l’environnement et une croissance régionale inégale.

La phase actuelle, par opposition, est "orientée vers un modèle de croissance... qui accordera un plus grand rôle à la science et la technologie dans la production, et qui se préoccupe de construire une civilisation qui soit écologiquement durable", a poursuivi l’article.

La réforme du développement chinois "réorientera son modèle de croissance vers la consommation intérieure" en profitant du fait que la Chine est "le plus important marché du monde", a ajouté l’article, avant de noter que le pays asiatique allait également "réduire sa dépendance envers l’extérieur".

L’État chinois prévoit de jouer un rôle moins important dans les activités socioéconomiques et commerciales, et a créé dans cette optique la Zone de libre-échange de Shanghaï, un terrain d’essai pour les réformes économiques et sociales, a stipulé l’article.

"La Chine a adapté avec succès les lois du marché pour correspondre à ses conditions et ses besoins concrets, sans abandonner pour autant l’impératif socialiste de ne laisser personnes à la traîne", a conclu le quotidien cubain. (Xinhuanet)

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Le Rêve

Il faut rêver ! J’écris ces mots, et tout à coup j’ai peur... La seule idée de ces questions menaçantes me donne le frisson, et je ne pense qu’à une chose : où me cacher. Essayons de nous retrancher derrière Pissarev.

Vous avez peut-être tout de suite reconnu ces mots de Lénine, qui ajoute :
 

Il y a désaccord et désaccord, écrivait Pissarev au sujet du désaccord entre le rêve et la réalité. Mon rêve peut dépasser le cours naturel des événements, ou bien il peut donner un coup de barre dans une direction où le cours naturel des événements ne peut jamais conduire. Dans le premier cas, le rêve ne fait aucun tort ; il peut même soutenir et renforcer l’énergie du travailleur... Rien, dans de tels rêves, ne peut pervertir ou paralyser la force de travail. Bien au contraire. Si l’homme était complètement dépourvu de la faculté de rêver ainsi, s’il ne pouvait de temps à autre devancer le présent et contempler en imagination le tableau entièrement achevé de l’œuvre qui s’ébauche entre ses mains, je ne saurais décidément me représenter quel mobile ferait entreprendre à l’homme et mener à bien de vastes et fatigants travaux dans l’art, la science et la vie pratique... Le désaccord entre le rêve et la réalité n’a rien de nocif, si toutefois l’homme qui rêve croit sérieusement à son rêve, s’il observe attentivement la vie, compare ses observations à ses châteaux en Espagne et, d’une façon générale, travaille consciencieusement à la réalisation de son rêve. Lorsqu’il y a contact entre le rêve et la vie, tout est pour le mieux .

Lénine ajoute enfin : 

Des rêves de cette sorte, il y en a malheureusement trop peu dans notre mouvement. (Lénine, Que faire, Œuvres, volume 5, p.522-523)

Comme pour répondre au souhait de Lénine, en décembre 2012, à peine nommé secrétaire général du Parti communiste chinois, Xi Jinping a formulé l’idée-force de sa mandature : « le rêve chinois », évoquant le thème du « renouveau de la nation chinoise ».

Selon l’analyste Willy Lam :

Xi propose deux objectifs principaux : d’une part, la construction d’une société dite "de petite prospérité" d’ici à 2021 ; d’autre part, le fait de devenir d’ici à 2049 – date du centenaire de la république populaire de Chine – "un pays socialiste modernisé, riche, fort, démocratique, civilisé et harmonieux".

Naturellement, les détracteurs patentés du socialisme chinois se sont tout de suite affairés à briser le rêve, sans grand succès heureusement !

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L’article du professeur Wang Yiwei, de la Renmin University of China à Beijing, commente dix malentendus auxquels ont donné lieu le rêve chinois de Xi Jinping. Tout l’article mérite d’être lu, mais le quatrième malentendu est plus particulièrement lié au thème de notre article :

Quatrième malentendu : le rêve chinois traduirait un abandon de l’idéal communiste, la Chine concentrant désormais toute son attention sur le devenir du pays. En fait, la Chine est un État socialiste dirigé par le Parti communiste, dont l’objectif fondamental est la recherche de la prospérité commune. Non seulement le rêve chinois ne rejette pas l’idéal communiste, mais il permet au contraire de réaliser ce but. Le rêve chinois est aussi celui de la prospérité de tous les peuples du monde et de Chine. (Le Courrier International)

Xi Jinping : « Chacun est bénéficiaire quand tous se développent »

Loin de constituer un néo-impérialisme, le rêve chinois est celui de la prospérité de tous les peuples du monde. Il s’agit pour commencer de sortir de la pauvreté et de la faim qui tuent tous ceux qui en souffrent dans le monde comme cela s’est fait pour 500 millions de Chinois de 1981 à 2001 !

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L’actuel président de la Chine s’est exprimé à ce sujet à l’occasion de la commémoration du 60ème anniversaire de la publication des Cinq principes de coexistence pacifique, au Grand Palais du Peuple à Beijing :

Le président chinois Xi Jinping a appelé samedi au développement commun, déclarant que chacun bénéficiera du développement des autres.

M. Xi a fait ces remarques lors d’un important discours à l’occasion de la commémoration du 60ème anniversaire de la publication des Cinq principes de coexistence pacifique, au Grand Palais du Peuple à Beijing.

Selon le président chinois, le ciel, la terre et le monde sont assez vastes pour assurer le développement commun et la prospérité de tous les pays. Certains pays deviennent plus riches, quand d’autres souffrent de pauvreté et de sous-développement, a-t-il souligné, ajoutant que l’ "on ne devrait pas permettre qu’une telle situation perdure".

"Comme la montée des eaux soulève ensemble tous les bateaux, et que plus d’eau dans les affluents crée de plus grandes rivières, tous seront bénéficiaires quand chacun se développera. Quand ils se développent, les pays doivent travailler de façon active au développement commun des autres afin que les gains du développement bénéficie à davantage de personnes à travers le monde", a ajouté M. Xi.

Il a appelé les pays à conjointement soutenir et développer une économie mondiale ouverte, à promouvoir un développement global fort, durable et équilibré, à favoriser la libéralisation et la facilitation du commerce et de l’investissement et à soutenir une coopération régionale ouverte.

Les pays doivent s’opposer à toute forme de protectionnisme et à toute tentative et pratique destinée à porter atteinte aux intérêts d’autrui ou encore à faire retomber les crises sur autrui, a-t-il indiqué.

Il a également appelé les pays à renforcer la coopération Sud-Sud et le dialogue Nord-Sud de même qu’à renforcer les capacités des pays à se développer de façon autonome. Le président chinois a en outre exhorté les pays développés à assumer davantage de responsabilités et à réduire le fossé Nord-Sud.

"Cela contribuera à l’établissement d’un nouveau partenariat global, plus égal et équilibré pour le développement, et cimentera les fondations pour la réalisation d’une croissance mondiale stable et à long terme", a-t-il poursuivi.

Le président birman U Thein Sein et le vice-président indien Mohammad Hamid Ansari ont participé à cette activité commémorative et ont prononcé des discours.
Par ailleurs, le Premier ministre chinois Li Keqiang, le plus haut législateur chinois Zhang Dejiang et le plus haut conseiller politique Yu Zhengsheng ont eux aussi participé à cet événement.

En 1954, des dirigeants de la Chine, de l’Inde et du Myanmar ont initié les Cinq principes de coexistence pacifique, à savoir le respect mutuel de la souveraineté et de l’intégrité territoriale, la non-agression mutuelle, la non-ingérence dans les affaires intérieures, l’égalité et les avantages réciproques ainsi que la coexistence pacifique. (Xinhuanet)

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En guise de conclusion

Jean Feyder écrit dans son livre La Faim Tue (L’Harmattan, 2011, p.215) que :

La réduction de la pauvreté des 25 dernières années en Chine est sans précédent. Selon la Banque mondiale, entre 1981 et 2001, la pauvreté a baissé de 53 à 8%, ce qui signifie que 500 millions de personnes sont sorties de la pauvreté.

Pensez-vous que Lénine aurait relu son livre de 1902 « L’impérialisme, stade suprême du capitalisme » pour vérifier si tout cela était parfaitement léniniste ?

Comme chacun sait, Lénine était particulièrement sensible aux tragédies des peuples opprimés. Comment peut-on imaginer qu’il ne se serait pas réjoui de voir que le Parti communiste chinois (PCC) a pu sauver, depuis 1981, environ 500 millions de chinois de la pauvreté et de la faim qui tuent !

Et que ce n’était que le début du rêve chinois devenu réalisable grâce au communisme, celui de sauver de la pauvreté, de la faim et de l’humiliation les « Damnés de la Terre », comme dirait Frantz Fanon.

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