Le voyage de Danielle et Marianne
La recherche sur l’Union soviétique et sur l’avenir du communisme…

, par  Danielle Bleitrach , popularité : 2%

A la hâte, cette réflexion qui devrait être prolongée, illustrée par le portrait du jeune Marx, où l’on montre que le marxisme est la jeunesse du monde et aussi que Marx, que l’on appelait « le maure » ressemblait à un arabe [1]. A bon entendeur…

Le secrétaire régional du parti communiste d’Ukraine à Odessa nous a dit, au détour d’une riche conversation, qu’il existait en Chine un institut chargé uniquement d’analyser les raisons de la chute de l’Union soviétique.

Le moins que l’on puisse dire est que nous souhaiterions bénéficier de leurs travaux, mais il ne faut pas rêver. La Chine considère ses découvertes dans ce domaine comme relevant de sa propre stratégie.

Ce que nous découvrons également c’est le foisonnement de réflexions d’expériences dans cet espace post soviétique. Cela va des travaux officiels des différents partis de l’ex-union soviétique à ces intellectuels communistes sans partis qui se rencontrent et discutent de ce que cet espace a produit et continue de produire en matière d’expériences, de liens hors capitalisme… Hier discussion très intéressante à peine esquissée avec un philosophe roumain installé en Moldavie, qui a débuté par une interrogation : « savez-vous qu’en Roumanie, toutes les années depuis vingt ans maintenant il y a un sondage auquel 60% des Roumains répondent en disant qu’ils regrettent le socialisme ?… et il y a les mêmes enquêtes avec les mêmes résultats en Hongrie, Bulgarie… ». Je le savais. Si l’on peut mettre le regret de l’Union soviétique dans les pays russes sous l’excuse d’une nostalgie d’empire, il y a plus, et ce qui se passe dans le Donbass le prouve.

Mais ce n’est pas seulement dans l’ex-Union soviétique… L’ami roumain a ajouté que si parfois on se moquait de la petite Moldavie, celle-ci était la seule qui avait su conserver une exigence de communisme aussi claire et pas seulement une nostalgie impuissante… Le nationalisme, le fascisme, en particulier sous la forme de la chasse au gitan que l’on constate dans les pays de l’est, est-il le dévoiement de cette impuissance ?

Parmi les livres que j’ai emportés, il y a des extraits de Lukacs. Celui-ci voit la cause du nazisme dans l’échec de la révolution bourgeoise et l’enfermement dans l’irrationnel romantique qui va teinter le nationalisme de mysticisme… Alors que la France, malgré sa réaction, sera traversée pendant tout le XIXème siècle, par les luttes de classes analysées par Marx. Le confusionnisme que l’on tente de créer actuellement entre nationalisme sous sa forme la plus chauvine et le communisme, me révulse, parce qu’il y a là le simulacre de Révolution qui engendre les monstres, d’abord de la raison, puis de ceux qui tuent comme à Odessa. Je dois dire mon soulagement chaque fois que je constate le refus de cette confusion chez les communistes de l’ex-Union Soviétique, à commencer par le parti communiste d’Ukraine. Cependant ils expliquent que dans la situation actuelle, s’il faut être impitoyable avec les nazis, ils n’ont pas envie de rouvrir le conflit entre les rouges et les blancs, les monarchistes… Ils savent qu’ils sont différents, même s’ils peuvent combattre ensemble le fascisme porté par l’impérialisme, qu’il s’agisse de celui en Ukraine ou du fascisme sous des prétextes islamistes, dans lesquels ils voient aussi des créatures des États-Unis et de leurs alliés.

Je suis de plus en plus convaincue qu’il serait urgent pour les communistes français de se tourner vers ces laboratoires de la transformation socialiste qui surgissent de toute part… Il est clair que les ex-pays de l’Union soviétique osent cette réflexion, ils le font alors que certains partis sont entrés en situation de semi clandestinité comme dans les pays baltes, voire même en Ukraine.

Des intellectuels des pays de l’est également et ils partent des conditions de l’exploitation en particulier dans l’immigration pour tenter de comprendre. Ce qui me frappe, pour ce que je connais de cette démarche est qu’elle part comme celle de notre propre jeunesse, d’un grande méfiance à l’égard des partis de gauche, y compris les partis communistes. Comme me disait l’un d’entre eux à Odessa « Porochenko, Kolomojski étaient des komsomols, des communistes mêmes, comment faire confiance ? ». Leur proposition correspond bien à notre propre jeunesse parce qu’elle est tentative dans le social, dans des luttes, il s’agit de recréer les conditions du politique à la base en partant de l’exigence de socialisme qui demeure dans les ex-pays socialistes et dans l’ex-Union soviétique, mais ils sont aussi très concrets et ils partent de l’exploitation, de l’immigration autant que de la réponse au fascisme.

Le secrétaire général du parti communiste d’Ukraine a proposé à la rencontre des partis de l’ex-Union soviétique à Minsk, la création d’un institut marxiste qui se donnerait pour objectif toute cette réflexion sur le passé, le présent et l’avenir. Quand est-ce que les communistes français seront en état d’oser cette interrogation ?

Ce n’est certainement pas concurrent avec l’autre tâche urgente, l’organisation d’un parti communiste, à la base, dans les quartiers comme dans les lieux de travail, tâche à laquelle se sont attachés un grand nombre de partis de l’ex-Union soviétique. Alors qu’au même moment ces intellectuels communistes malgré la répression ou plutôt pour y répondre, ont choisi de s’élargir dans leur pays comme en lançant des contacts et des échanges à travers le monde, avec comme but essentiel de lutter contre le fascisme dont ils font l’expérience en apportant les acquis de cette expérience socialiste…

Danielle Bleitrach

Voir en ligne : Sur le blog histoire et société de Danielle Bleitrach

[1Au premier coup d’œil Marianne l’avait pris pour le jeune Pouchkine en exil à Kichinev.

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