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La France "arrière-toute"... jusqu’où ? Menaces de fascisation et droit d’asile

, par  Francis Arzalier , popularité : 2%

Il est un sujet sur lequel le Président-monarque Macron n’a pas menti aux Francais : c’est sa volonté de transformer en profondeur la France, de réaliser coûte que coûte les "réformes", que lui dicte sa foi religieuse dans les dogmes du "libéralisme", le citoyen producteur n’est rien, le "marché" capitaliste est tout, et le pouvoir d’Etat n’a d’autre but que lui faciliter la tâche.

Dans ce but, la "révolution" macronienne doit faire table rase de toute une série de conquêtes sociales et politiques arrachées par les salariés et les ouvriers français à leurs "élites successives", en 1936, 1945, 1968, pour ne citer que les plus récents mouvements populaires. La nature du régime actuel est claire, c’est "arrière toute" , et dans tous les domaines : privatisation marchande des services publics, asphyxiés par la suppression d’effectifs, et par la précarisation des emplois extraits de leur statut protège, dans les transports, la santé,etc... destruction de pans entiers de l’arsenal législatif de libertés civiles et politiques, de celles spécifiques aux mineurs à la loi permettant aux préfets d’interdire à un citoyen de manifester sans décision judiciaire, etc.

"Arrière toute", donc, Mais jusqu’où ? Car l’auto-célébration par Macron de son attachement aux « libertés démocratiques menacées par de méchants populistes » ne résiste pas à l’analyse de l’actualité. Cet hiver 2018-2019, le Pouvoir d’Etat, face à un mouvement de contestation capable de mobiliser tous les samedis durant plusieurs mois des dizaines de milliers de manifestants qui le faisaient souvent pour la première fois, n’a pu que constater l’échec de ses ripostes habituelles, la désinformation par les médias, l’organisation d’incidents en fin de cortège, la tournée de propagande déguisée en "grand debat", etc : peine perdue, les actions Gilets jaunes conservaient un soutien populaire majoritaire 12 semaines après leur lancement mi-novembre !

La répression s’est accrue de semaine en semaine, multipliant les blessures graves de manifestants, irréversibles souvent, yeux crevés et plaies par dizaines, du fait d’armes comme le flash-ball qu’aucune autre police d’Europe n’utilise en maintien de l’ordre. Une brutalité répressive assumée, revendiquée, par les plus hautes autorités de l’Etat, un Ministre de l’Intérieur Castaner qui félicite avec morgue les policiers en général présentés en victimes de la méchanceté contestataire, un Conseil d’Etat qui justifie légalement l’usage d’armes qui éborgnent, et un Président-Monarque suintant de mépris élitiste et raciste, quand il dit à propos d’un manifestant filmé en train de boxer un policier en armes : « Ce qu’il a déclaré pour se justifier (que le policier avait provoqué sa colère en frappant une femme à terre) n’est pas de lui, mais de son avocat d’extrême gauche. Un boxeur gitan ne peut avoir trouvé ces mots lui-même ! ».

Une convergence de faits inquiétants, qui sentent la dérive autoritaire d’un État fragilisé, même s’il peut toujours compter sur le soutien servile d’une masse de députés qui savent ne tenir leur siège et ses prébendes que du fait du Prince.

Les indices en ce sens s’accumulent, qui montrent la tentation du pouvoir macronien d’utiliser au service de ses basses œuvres la diplomatie, la justice, toutes les institutions républicaines, dont la Constitution française garantit en principe l’indépendance vis à vis de l’Exécutif.

Mohamed Kadamy, militant progressiste, dirigeant du Front pour la Restauration de l’Unité et la Démocratie (FRUD) à Djibouti (ex-colonie française en Océan Indien, état aujourd’hui dirigé par le Dictateur Ismael Oumar Guelleh), a dû fuir en France il y a 18 ans après avoir connu la prison dans son pays. Il y a depuis le statut de réfugié politique.

Le dictateur djiboutien, un des pires despotes d’Afrique, a obtenu la comparution du militant Mohamed Kadamy, Président du FRUD, devant la police judiciaire française, suite à une commission rogatoire l’accusant notamment de « complot criminel ». Il est convoqué au tribunal de Paris le 13 février par le juge.

Pourquoi cette subite offensive à la demande d’un chef d’état étranger, isolé tant sur le plan intérieur que dans la région, contre un militant progressiste persécuté accueilli par notre pays il y a plus de 15 ans, selon les traditions les plus anciennes de la République française ?

Les forces de l’opposition à Djibouti sortent d’une période de difficultés par un processus de rassemblement dans lequel le FRUD joue un rôle majeur pour une transition démocratique. En Europe, les démocrates djiboutiens sont actifs. Ils ont manifesté devant l’ambassade de Paris lors de la venue d’IOG à l’occasion des cérémonies du 11 novembre 2018 pour protester contre un cinquième mandat à la tête du pays et dénoncer les exactions commises à l’encontre des civils. Les djiboutiennes ont mené en France puis en Belgique, des grèves de la faim pour dénoncer les viols des femmes Afar par des militaires djiboutiens ; cette action a abouti à une résolution du Parlement européen qui, pour la première fois, a demandé l’ouverture d’une enquête internationale sur les violences faites aux femmes.

Le dictateur djiboutien a le culot de réclamer à la France de lui livrer un réfugié politique, alors qu’il a les mains tachées du sang de militants et de civils morts sous la torture, de victimes d’exécutions extrajudiciaires, sans oublier la mort mystérieuse en prison le 1er août 2017, du plus ancien prisonnier politique de Djibouti, Mohamed Ahmed, dit Jabha, alors que la cour d’appel de Djibouti avait demandé sa libération. Il a aussi une lourde responsabilité dans la mort du juge Borel, magistrat français, et la chape de plomb mise sur l’élucidation de cet assassinat, longtemps camouflé en suicide par les autorités des deux pays

Il veut faire taire une voix influente à Djibouti, grâce à la complaisance de l’ancienne puissance coloniale dont il accueille toujours une base militaire parmi d’autres. La même complaisance pratiquée par le président Macron a l’égard des despotes pétroliers intégristes d’Arabie Saoudite, qui continuent à massacrer les populations du Yémen grâce aux armes vendues par la France.

Les mauvais coups réussissent plus facilement quand ils sont ignorés des citoyens.

Nous exigeons des autorités françaises qu’elles refusent toute extradition, toute poursuite judiciaire du réfugié politique Mohamed Kadamy, et tiendrons informés l’opinion de toute atteinte au droit d’asile, une conquête de notre pays. La France ne doit pas suivre l’exemple du Brésil dirigé par le fasciste Bolsonaro, qui vient de livrer le réfugié politique Battisti au ministre de l’intérieur italien d’extrême droite Salvini pour finir en Italie ses jours en prison sans procès.

Le 8/2/2019

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