Contribution aux assises du communisme
L’unification de la classe ouvrière Rassemblement des Cercles communistes

, par  Said Bouamama , popularité : 1%

Dans son livre « la situation de la classe ouvrière en Angleterre », Engels rappelle qu’une des caractéristiques essentielles du capitalisme est la mise en concurrence généralisée des forces de travail. Si le capitalisme est la concurrence entre capitaux, cette dernière suppose la concurrence entre force de travail. Le procès du capital produit donc en permanence une segmentation de la classe ouvrière à base d’âges, de sexes, de qualification, d’origines ou de nationalités ou de religions, etc.

L’unification de la classe ouvrière est en conséquence non pas une donnée de départ mais le résultat de l’action consciente des militants de cette classe. L’existence d’un parti de la classe suffisamment implanté dans les différents segments de cette classe est un outil qui permet de disposer de la base d’enquête suffisamment large pour trouver les mots d’ordre, les revendications, les tactiques et les stratégies permettant cette unification consciente de la classe.

Nous ne disposons plus de ce parti et cela est lourd de conséquences. Cette situation conduit chacun d’entre nous en fonction de sa classe sociale d’appartenance, de son origine sociale ou nationale, de son lieu d’habitation, de sa trajectoire personnelle ou de groupe, de sa base d’enquête partiale et partielle à une sensibilité objective à telle ou telle segment de la classe ouvrière, à l’attitude consistant à surestimer ou sous-estimer une dimension au détriment d’une autre.

Si notre analyse est matérialiste une telle situation ne devrait pas nous étonner en l’absence d’un parti communiste unificateur. Tel camarade ou groupe du fait de son histoire, de l’histoire de ses militants, des fronts de luttes où ils sont investis privilégiera dans son regard la classe ouvrière stable des entreprises, d’autres celle du précariat, de la paupérisation de la petite bourgeoisie, de la paysannerie et même d’une partie de l’aristocratie ouvrière, d’autres celle issue de l’immigration, etc. Construire un point de vue global sur la classe sans cette base d’enquête qu’est un parti communiste est une première caractéristique des problèmes auxquels sont confrontés les communistes en France aujourd’hui.

A ce premier écueil s’en ajoute un autre. Nous devons pour la première fois dans l’histoire du mouvement communiste agir dans un monde qui résulte de la défaite de la première expérience historique d’édification d’une société socialiste, donc sans l’existence d’une Union Soviétique et d’un camp socialiste. Sans sous-estimer les combats, mérites et sacrifices des militants communistes et des militants des luttes de libérations nationales des différents pays, leurs luttes se sont déroulées avec l’existence de la base arrière et du repère idéologique qu’était l’Union Soviétique et le camp socialiste. Notre seconde difficulté objective est de devoir être communiste sans cette base arrière, ce point d’appui et ce repère idéologique et politique tout en en faisant le bilan comme antidote aux montagnes de déformations et mensonges de la bourgeoisie.

Nous agissons dans un pays – le France - où la classe dominante a été confrontée à des offensives radicales de la classe ouvrière et la première d’entre elles est la commune de Paris. Notre classe dominante se forme dans ces combats en termes de stratégies militaires mais aussi de stratégies de division de la classe. Ce perfectionnement de la classe dominante se déploie en utilisant des principes justes et forts de la classe ouvrière afin de les déformer et de les instrumentaliser : liberté, démocratie, égalité des sexes, souveraineté nationale, laïcité, anticléricalisme, république, etc. La vigilance idéologique et l’approche dialectique est plus que jamais nécessaire pour démasquer la manipulation frauduleuse de ces valeurs en soi par la bourgeoisie alors même que nous ne disposons plus de l’outil principal de cette vigilance et de cette approche qu’est le parti communiste. Telle est notre troisième difficulté.

Notre combat se mène aussi dans un pays impérialiste, ayant été un des principaux colonialismes, étant un des plus actifs dans les guerres et projets de guerres impérialistes. Or comme le souligne Lénine, les pays impérialistes diffusent en permanence en direction de la classe ouvrière des idées racistes, colonialistes de suprématie civilisationnelle sans lesquelles la révolte contre les guerres impérialistes serait immédiate. Une des formes prise par ce poison du chauvinisme suprémaciste est « le droit d’ingérence humanitaire », etc. Ils utilisent également une partie des surprofits liés à l’oppression impérialiste des peuples pour corrompre une partie de notre classe ouvrière plus ou moins importante selon les périodes. Unifier la classe c’est aussi prendre en compte les effets de cette situation sur l’ensemble des segments de la classe ouvrière que nous devons unifier. La même cause produit à la fois une tendance à un chauvinisme du « majoritaire » (racisme, islamophobie) et en retour une tendance à un repli pouvant être tout aussi chauvin du « minoritaire » (négation de la dimension de classes, analyse culturaliste). Marx et Engels ont excellemment étudiés cela à propos du clivage entre le segment anglais et le segment irlandais de la classe ouvrière d’Angleterre. Nous avons à combattre ces deux dérives dans une situation où nous ne disposons plus d’un parti communiste. Telle est notre quatrième difficulté. Ces facteurs nécessitent plus que jamais la mise en pratique du principe internationaliste léniniste : « Prolétaires de tous les pays et peuples opprimés, unissez vous » !

Enfin nous qui sommes tous orphelin d’un parti communiste, n’avons pas rompus avec le révisionnisme aux mêmes périodes. Il en découle des points de convergences sur les constats du présent mais aussi des lectures différentes sur les racines et causes du recul et de la défaite temporaire du mouvement communiste dans notre pays et dans le monde. L’enjeu n’est pas seulement la lecture du passé car celle-ci détermine en partie importante le parti communiste dans sa nature de classe et son orientation idéologique qu’il s’agit de reconstruire. Nous unifier sur les causes est une cinquième difficulté alors que dans le même temps l’actualité exige toutes nos énergies pour résister aux offensives de la bourgeoisie et à travers les luttes éprouvées, la justesse ou non de nos politiques, stratégies et tactiques. Cette situation continuera pendant un temps à produire des désaccords tactiques (Front de gauche ou non par exemple) qui peuvent produire des divisions dommageables à l’unification stratégique.

Dans ce contexte global quel peut être l’apport des assises du communisme. Le succès de ces assises suppose d’abord une prise de parti pour une attitude et une ambiance de modestie du fait qu’aucun d’entre nous ne dispose d’une base d’enquête couvrant toute notre classe sociale. Il suppose également une méthode matérialiste : nous ne nous unifierons pas sur le simple débat idéologique nécessaire mais surtout sur la base d’une pratique commune qu’il s’agit de développer progressivement. Après tout c’est la pratique qui tranche nous apprend la théorie marxiste de la connaissance. Il suppose encore que nous puissions faire un réel état des lieux de nos points de convergences à transformer en pratiques communes et de nos divergences à mettre en travail d’enquête, d’échanges et de débats.

Si les assises du communisme permettent de clarifier nos points d’accords, de préciser les désaccords à travailler, de définir les pratiques communes et enfin de rendre publique notre démarche, elles auront selon nous jouées leur rôle.

Les Assises du Communisme doivent être donc un espace organisé pour mener à bien ce processus d’unification des communistes dans et hors du PCF à travers la pratique de l’unité d’action stratégique, du travail d’implantation du communisme dans les masses sur le lieu de travail, dans les quartiers populaires et les villages et du travail d’élaboration théorique idéologique des bases du futur programme de la révolution socialiste en France.

Saïd Bouamama

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