L’insulte de macron est voulue…

, par  Danielle Bleitrach , popularité : 1%

Macron insulte les ouvriers très sciemment, il s’adresse aux « diplômés », aux gagnants s’il y en a, à une jeunesse qu’il veut égoïste et superficielle, aux couches moyennes haïssant plus pauvre qu’eux, à ceux apeurés qui craignent le désordre, à la petite bourgeoisie vestimentaire, celle qui n’a que ses habits faussement à la mode pour se distinguer des pauvres, tous ceux chez qui on peut cultiver une conception très réactionnaire de l’avenir, et il leur dit vous, vous n’avez rien à voir avec ces brutes incapables. Ces gens-là sont des vaincus, des minables, des assistés et vous vous êtes l’avenir. C’est pour cela qu’il cultive l’opposition de Mélenchon, les forts en gueule, les débraillés et il leur parle ce qu’il estime être leur langage pour les renvoyer à ces gens sans éducation, ces « inutiles » qui foutent le bordel. Il veut la scission au sein des couches populaires, il la joue, il la provoque et tout ce qui contribue à cette scission est du pain béni.

Il s’adresse bien sûr aux mentalités de droite et d’extrême-droite, mais il table aussi sur le travail opéré sur le PS, sur la rupture de la gauche avec la question sociale, comment cette « gauche » a fait passer ou a tenté de faire passer la revendication salariale aux bonnes œuvres de la dame patronnesse, du sociétal, celle qui isole la femme, l’immigré, cherche la fusion du même pour éviter de considérer les véritables antagonismes politiques, ceux entre le capital et le travail.

Feignant, fouteurs de bordel… Pour ceux qui s’étonnent que le président qui affirme vouloir prendre de la hauteur se commette ainsi, il y a de la naïveté dans cette découverte. Le maître du château, le bourgeois qui se prend pour un aristocrate, celui à qui le dédain tient lieu de légitimité a toujours employé un langage grossier pour désigner les subordonnés, c’est le sens que Macron donne à « jupitérien », l’arbitraire face aux « petits ». Il opère un clivage, il créé une haine de classe tout à fait consciemment et il espère même que cette haine trouvera ses exutoires racistes et sexistes. C’est une image de la société française qu’il est en train de construire pour tenter de durer en s’appropriant les petits diplômés, voués à la précarité, mais que l’on incite à mépriser les ouvriers, les employés, les petites gens, les vieux, les faibles, ceux à qui l’on peut flanquer des coups en toute impunité, les édentés comme disait Hollande. Il n’en est pas à son premier « dérapage » et quand il va prononcer sa phrase, il cherche la caméra pour être sûr que le « message » passera.

Dans le fond, c’est tout ce qu’a pu représenter le parti communiste, une classe ouvrière fière d’elle même et de son apport, aspirant à la culture et au savoir comme à la direction de l’Etat, qu’il tente de mettre en charpie pour répondre au cahier des charges du capital, en finir avec toutes leurs conquêtes et les faire retourner à l’humiliation du 19ème siècle. La seule réponse que l’on puisse faire à une telle provocation est l’unité dans le calme, l’unité des routiers qui imposent un accord de branche et remettent en cause les ordonnances. L’unité de tous ceux qui s’opposent à une telle vision de la société, et cette unité a besoin d’un parti communiste qui sait que la classe ouvrière, le monde du travail est à la base de tous les rassemblements progressistes, ceux qui font s’incliner les arrogants valets du capital. Une classe ouvrière qui s’éduque, aspire à tous les droits y compris celui à la culture, le contraire de ce à quoi le capital veut la réduire. Existe-t-il encore ce parti communiste ? Je ne souhaite pas revenir sur les propos de cette jeune femme sur les attentats de Marseille, mais il faut que les communistes se rendent compte à quel point ils sont eux-mêmes pris dans ce délitement du tissu social sur lequel le discours d’un Macron joue, et combien ils sont devant la nécessité non de s’affronter mais de s’unir pour retravailler idéologiquement l’unité de cette classe et donc celle de toutes les couches populaires et de la majorité du peuple français ; cela passe par une clarté stratégique, notre but, le socialisme, le vrai, la fin de l’exploitation et par l’affirmation de notre identité, celle d’une véritable opposition au capital et pas un nouveau galimatias des bons sentiments.

Danielle Bleitrach
Tiré de son blog Histoire et société

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