Conseil National des 27 et 28 mars 2010
Bilan mitigé du Front de gauche, non aux exclusions, un candidat communiste en 2012 incontournable Intervention de Jean-Jacques Karman

, par  Jean-Jacques Karman , popularité : 3%

1. Une abstention populaire record, avec par exemple en Seine Saint-Denis des 72 % à Stains ou 71 % à Bobigny et Villetaneuse, des villes à direction communiste.

2. Le vote PS est plus un vote utile contre Sarkozy, qu’un vote d’adhésion surtout que le vote PS sur la France est en relatif recul.

3. Le vote Europe/Ecologie et celui du Front de Gauche sont les seuls à être en augmentation sur la France comme l’a souligné la presse.

Europe/Ecologie se greffe sur des problèmes nouveaux et réels qui produisent un effet de mode, mais sur le fond c’est un vote social-démocrate d’aménagement de la société avec un certain « capitalisme vert », ce vote prend la place dans l’échiquier national de celui du MODEM, c’est une impasse.

En ce qui concerne le Front de Gauche, les résultats sont discutables et contradictoires, puisque nous perdons entre 75 et 83 conseillers régionaux PCF selon les prises en compte. Cette stratégie est-elle validée par ces élections ? Dans le Puy de Dôme où nous réalisons 20%, le oui sera certainement souvent la réponse, mais en RP où nous perdons en pourcentage et en siège avec 6,55 %, la réponse ira du oui peut-être au non. Les résultats des alliances avec le NPA dans le Languedoc-Roussillon et dans Limousin avec les 19 % au 2ème tour doit aussi nous faire réfléchir. Si le NPA subit un échec au plan national, dans des villes ouvrières comme Aubervilliers et Saint Denis par exemple il progresse sur 2004 en frôlant les 10 %.

La « ligne » communiste lors de ces élections a été multiple. J’en ai compté au moins 8 différentes. De ceux ralliés dès le premier tour au PS à ceux qui étaient avec le NPA contre la décision de leur conférence régionale, en passant par des « Front de Gauche de classe » et des « Front de Gauche antilibéraux », certains tenant tête à la social-démocratie et d’autres prêts à se coucher, notre parti est devenu avec l’aval de sa direction nationale une vraie « auberge espagnole ». Par contre, je me prononce contre toute exclusion.

(Une controverse éclata dans le CN suite à une demande d’exclusion de Jean-Claude Gayssot. Ma position est la suivante : je suis contre toute exclusion. Y compris contre Gayssot dont je condamne politiquement le positionnement, mais ce n’est pas un complice de l’extrême droite comme je l’ai entendu au CN suite à une escalade verbale de plusieurs camarades de sa région qui demandaient l’exclusion par décision du CN. Marie George dit que les statuts ne le permettent pas. Pour moi, même si les statuts le permettaient, il faut arrêter avec les exclusions. D’autres, dans d’autres régions ne sont pas exclus, mais mis hors du parti par arrêt du prélèvement de la cotisation, parce qu’ils ont refusé l’alliance dès le premier tour avec le PS. C’est le débat, voir l’affrontement politique qui est la solution et non l’exclusion. Après chacun prend ses responsabilités.

Cette partie de la discussion du CN me rappela mon exclusion en 2002. A l’époque parce que je m’étais présenté à la législative, après l’annonce du départ de la députée Muguette Jacquaint dont j’étais le suppléant depuis de nombreux années et mon refus de la politique de la gauche plurielle. Le parti avait monté un scénario de la possible perte de cette circonscription au profit du Front national. Pure invention, ils firent revenir Muguette sur sa décision et ils investirent candidate unique de toute la gauche plurielle. Refusant cette politique je me suis maintenu avec le soutien de nombreux communistes dont deux figures historiques du communisme, Henri Alleg et Henri Martin.

Le procès pour mon exclusion débuta par un d’acte accusation. J’étais accusé de complicité avec le Front national, alors que je m’étais désisté au deuxième tour, apportant à Muguette avec déclaration sur sa circulaire les 18 % que j’avais fait à Aubervilliers. Au niveau départemental, le comité fédéral vota mon exclusion, en ma présence, à une voix de majorité. Les refondateurs ayants voté contre mon exclusion, le secrétaire fédéral, Michel Laurent sorti de sa poche le vote par procuration d’un camarade de Bondy parti quelques minutes avant. Pendant la discussion, l’escalade verbale avait eu lieu. Par exemple, la femme du secrétaire de la section d’Aubervilliers parla pour soutenir mon exclusion de Jacques Doriot le « communiste » passé au fascisme dans les années trente et de Laval, maire d’Aubervilliers, fusillé à la libération pour collaboration. Cela fait froid dans le dos, alors que j’ai toujours lutté contre le fascisme car élevé dans une famille antifasciste, mon père a été déporté à Dachau pour résistance communiste, ma tante déportée à Ravensbrück, un oncle interné à Châteaubriand et un autre fusillé au Mont Valérien. Oui cela est encore possible dans un parti qui a rejeté Staline depuis longtemps.

Mieux, dans la même période, candidat à ma succession au Conseil général avec le soutien de la majorité des communistes de mon canton, la direction du PCF présenta un candidat communiste contre moi et passa un accord de désistement avec le PS pour me battre au 2ème tour. Heureusement ces deux candidats restèrent en dessous des 10 % des inscrits et ne purent se présenter au 2ème tour. Seul face à un candidat du Front national, ils refusèrent d’appeler à voter pour ma candidature et si je fus largement élu c’est grâce à la population d’Aubervilliers. Un membre de la direction de la section du PCF d’Aubervilliers alla jusqu’à déclarer préférer voter le Font national que Karman. Voilà jusqu’où une direction peut aller !)

Après ces élections où en sommes-nous ? La crise générale du capitalisme mondialisé est bien la réalité incontournable qui pose en termes très clairs la question du renversement du capitalisme à partir d’un pays ou d’un groupe de pays (le fameux maillon faible de la chaine impérialiste)

La France est dans cette situation. Rappelons-nous que pour réussir le changement de société il faut pour les communistes :

1. Un Part influent et conscient des conditions marxistes de ce changement de société.

2. Une démarche de rassemblement du type Front unique du 21ème siècle qui peut prendre la forme de Fronts de Gauches anticapitalistes, à condition que le PCF ne passe pas sous la table, ne se fonde pas dans le Front de gauche.

L’un sans l’autre c’est l’échec assuré (le solo funèbre disait Marx). Par exemple l’influence « dirigeante » du Parti ne se décrète pas, mais se conquière, c’est une question qualitative. Dans les luttes sociales nous pouvons y arriver, mais pour les présidentielles qui s’annoncent, nous avons un très gros problème.

Le savoir faire de Mélenchon, qui joue parfaitement son rôle, l’attitude des médias bourgeois qui le favorise et les déclarations de certains sur un « candidat du Front de Gauche » pour les présidentielles nous mettent déjà dans une contradiction très difficile.

Tout communiste conscient des conditions du changement réel et au courant des enseignements de toutes les présidentielles depuis 1965, en particulier celle de 1974, sait que la présence d’un candidat communiste devrait être incontournable. En 1974 on a cédé pour élargir le mouvement du « Programme commun ». En réalité, on a mis l’aile réformiste en position dominante et on a vu la suite.

Plus nous attendrons, plus le problème grossira. Si nous restons dans le vague comme actuellement, nous risquons une condamnation à l’image de celle du NPA aux régionales, ou encore une reproduction de la rupture des comités antilibéraux et du score désastreux qui a suivi. Par contre, si nous cédons, sur le candidat communiste, les conditions du changement, à plus ou moins long terme, ne seront pas réunies et la déviation opportuniste (historique) du processus unitaire sera possible comme en 81 et 97.

Il y a urgence à ne pas s’insérer dans des processus présidentiels avant le congrès de juin. Et en juin il faut annoncer qu’il y aura un candidat communiste. Certaines déclarations sont déjà contre-productives. Notre candidature doit venir « chapeauter » un vrai programme de rupture avec le capitalisme. Aujourd’hui, les analyses de Marx sur la crise du capitalisme et sur la nécessité de son remplacement n’ont jamais été autant d’actualité. Proposer, avec toute la gauche, un programme antilibéral plus ou moins avancé même teinté de vert ce serait reproduire dans les conditions d’aujourd’hui la « Gauche Plurielle » de 97 qui nous a fait tant de mal. Il y a un niveau de programme nécessaire. Il faut un programme de transition pour une socialisation globale de la société ! Nous devons être à la hauteur du mécontentement et de l’exigence historique.

Pour terminer, une information : Claude Bartolone propose dans son budget en fonction de l’attitude de l’Etat de réduire le fonctionnement du CG du 93 de 35 M€ en faisant des coupes dans l’insertion, la culture, le sport, en réduisant le FSL, supprimant les ordinateurs et les réductions sur les transports pour les jeunes, en ne remplaçant pas 250 départs en retraite et en licencient 150 contractuels... Voilà la social-démocratie à l’œuvre. Voilà le niveau des programmes des dirigeants du PS, s’aligner sur cette orientation, ce serait une vraie trahison.

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    Le 21 mars 2009, 155 militants, de 29 départements réunis à Malakoff signataires du texte alternatif du 34ème congrès « Faire vivre et renforcer le PCF, une exigence de notre temps ». lire la déclaration complète et les signataires

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