Hollande carpétisé devant ses maitres et donneurs d’ordre ...

, par  Joelle Girard , popularité : 2%

Conférence de presse du 29 octobre 2012 suite à la rencontre de François Hollande avec les organisations internationales (BM, FMI, OCDE, OIT, OMC)

Source : Présidence de la République, site de l’Elysee
http://www.elysee.fr/conferences-de-presse/article/conference-de-presse-a-l-occasion-de-la-rencontre-avec-les-organisations-internationales-bm-fmi-ocde-oit-omc/

(...)

QUESTION : Question à Monsieur le Secrétaire général et à Monsieur le président de la République. Monsieur le Secrétaire général, il y a quelques semaines, vous avez présenté un rapport. Vous avez dit qu’il n’y a plus de marges de manœuvre budgétaire en Europe et maintenant on n’a qu’un seul choix, c’est d’entamer les réformes structurelles audacieuses. Or à l’étranger et aussi en France même, on voit quelques fois le gouvernement français comme un gouvernement qui traine un peu les pieds en ce qui concerne les réformes structurelles. Est-ce qu’aujourd’hui vous avez trouvé un consensus ? Est-ce que vous avez pu encourager le président de la République pour aller un peu plus vite peut-être ?

Et au Président, j’aimerais poser la question : vous avez dit qu’il y a une large gamme de politiques de compétitivité. Souvent on regarde comme un élément essentiel l’ouverture du marché à plus la flexibilité et c’est là qu’on attend encore une réponse de votre gouvernement : vous semblez parfois aller dans l’autre sens, vous êtes entré dans la direction d’un constructeur automobile privé et ce n’est pas forcément ce que l’on regarde souvent comme une politique de réforme structurelle.

LE PRESIDENT : Je ne peux pas répondre pour l’OCDE. Mais les réformes structurelles, nous les avons déjà engagées, nous les poursuivrons. Mais nous avions aussi l’obligation, en France, de faire une politique de redressement budgétaire. C’était ce qu’il y avait de plus urgent à engager. Parce que c’était de notre crédibilité sur la scène européenne, subsidiairement sur les marchés, qu’il était question. Donc nous n’avons pas différé les choix. Nous avons au contraire, dès notre arrivée aux responsabilités, pris les décisions concernant le redressement des comptes publics. Et ce n’était pas le plus facile, quand il s’agissait de demander trente milliards d’euros aux Français, sous diverses formes : dix milliards d’économie budgétaire, dix milliards de prélèvements sur les ménages — même si c’est essentiellement sur les plus favorisés, cela touche aussi grand nombre de nos compatriotes — et dix milliards sur les entreprises, essentiellement sur les plus grandes.

Cela ne nous dispense pas d’autres réformes. Nous préparons le pacte de compétitivité. Je l’ai dit, et je le répète, aucun sujet ne sera occulté. Tout sera traité. Tout est mis sur la table. Mais pas simplement pour ouvrir une négociation — même si sur le marché du travail et la sécurisation de l’emploi, cette négociation est ouverte et je souhaite qu’elle puisse être conclue avec un accord. Ce serait un moment historique, puisque ce serait la première fois, en France, que nous pourrions ainsi parvenir à des réformes utiles pour les salariés et pour les entreprises.

Il y a également la réforme de ce qu’on appelle le financement de la protection sociale. Et ce sera donc soumis aux partenaires dans les semaines qui viennent pour savoir comment le prélèvement qui sert au financement de la sécurité sociale doit être organisé, sur quelles bases il doit reposer. Mais là encore, cela n’empêchera pas des décisions d’être prises, dès le mois de novembre, dans tous les domaines de la compétitivité.

Mais c’est vrai que l’on nous demande de faire en six mois ce qui n’a pas été fait en dix ans. Et quand on prend du temps pour la négociation, on nous dit que c’est du temps superflu. Mais comment appeler les dix ans qui viennent de s’écouler ? Donc nous, nous avons deux méthodes qui ne sont pas contradictoires : la méthode de la négociation et de la discussion sur des éléments qui relèvent des partenaires sociaux — c’est le cas de la sécurisation de l’emploi, du marché du travail, du financement de la protection sociale — et la méthode de la préparation de décisions. Je pense à cet égard au rapport de l’OCDE qui nous a été proposé et qui est le bienvenu et au rapport de Monsieur GALLOIS que nous avons sollicité et qui sera remis le 5 novembre. A la suite de ces travaux, des décisions seront prises. Chaque fois que nous sommes devant nos responsabilités, nous prenons des décisions.

José Angel GURRIA : Je dirai que l’on n’est pas seulement encouragé, on est enthousiaste ! Le président de la République — avec trois de ses ministres qui sont chargés des aspects les plus délicats de la tâche du gouvernement — a passé ici trois heures, chez nous, avec tous les chefs des organisations internationales. Il s’est engagé à nous revoir souvent — on voudrait préciser : chaque fois que cela sera nécessaire ! Il a écouté avec énormément d’attention, il a contribué à notre point vue naturellement parce que c’est un échange, ce n’est pas un monologue.

Quels sont les soucis et quelles sont nos expériences à partager ? On ne veut pas dire — on ne peut pas dire ! — aux Français quoi faire avec la France, même au président de la République ! Mais ce que l’on ajoute, ce sont les expériences de tous les autres pays pour les mettre en comparaison et toutes les expériences accumulées les soixante dernières années Comment est-ce que des pays, comment est-ce que les sociétés, comment est-ce que les syndicats, comment est-ce que le secteur privé, comment est-ce que les gouvernements, à travers le temps, ont redressé les mêmes défis qu’on a aujourd’hui ? Mais il faut dire que la combinaison des choses d’aujourd’hui rend le diagnostic et la solution particulièrement difficiles. C’est bon d’avoir ce dialogue, c’est bon pour nous aussi. On comprend mieux quels sont les objectifs mais aussi comment on soutient, comment on appuie la France dans ces objectifs. C’est ça l’objectif, le but de cet exercice.

QUESTION : Deux questions, une première à Monsieur le président de la République, et une deuxième peut-être aux présidents et directeurs des organisations internationales. Monsieur le Président, l’Allemagne a dit aujourd’hui refuser catégoriquement toute restructuration ou tout hair-cut de la dette grecque par les créanciers publics (notamment par la France et elle-même) et qu’elle soutient, par contre, une action de rachat de créance grecque sur le marché secondaire. Est-ce que selon vous ce serait une action efficace ? Est-ce que ce ne serait pas peut-être plus efficace d’avoir une restructuration de la créance publique grecque ? Quelle est la position de la France sur ce dossier ? Et Messieurs les directeurs, vous avez parlé donc avec le nouveau président français. Quels conseils ou quelles mises en garde lui avez-vous donnés par rapport à la politique économique que mènera la France sur les cinq prochaines années dans la situation économique actuelle ?

LE PRESIDENT : On peut peut-être commencer par les mises en garde si elles ont eu lieu...

José Angel GURRIA : Nous, comme on dit, on ne donne pas des conseils, on partage les expériences, nos propres expériences et les expériences de tous nos membres. C’est un dialogue que l’on a avec beaucoup de pays. C’est la meilleure manière parce que les circonstances particulières et surtout le contexte politique sont franco-français. On ne peut pas avoir un contexte identique dans les autres pays. Alors, comme je dis, notre valeur ajoutée, c’est d’avoir les comparaisons, d’avoir les exemples et de laisser le président de la République, ses ministres, et le peuple Français, de choisir quelles sont les meilleures politiques.

Pascal LAMY : Je ne répète pas ce que vient de dire Angel GURRIA. Il a cent fois raison. J’insiste simplement sur un point qui est ce lien entre croissance, compétitivité et emploi parce que c’est le problème majeur de la France et d’un certain point de vue de l’Europe en ce moment. On sait qu’il n’y a pas assez de croissance en Europe et en France. On sait que le chômage est trop élevé. Et on sait que pour créer des emplois, il faut de la demande. Dans les cinq ans qui viennent, 90% de la demande qui sera adressée à l’économie européenne et donc française, viendra de l’extérieur de l’Europe.

Donc cela veut dire quoi ? Cela veut dire que dans les cinq ans qui viennent, le moyen de créer des emplois en Europe, c’est d’aller chercher la croissance là où elle est, c’est-à-dire en gros dans les pays en développement et notamment les pays émergents. Et cela suppose effectivement que les marchés d’une part restent ouverts, d’autre part s’ouvrent davantage. Donc cela veut dire que l’attitude à l’égard de l’économie internationale doit être offensive et pas défensive si on veut jouer cette synergie entre compétitivité, croissance et emploi.

Je pense que c’est vrai d’une manière générale mais dans le cas de la France, compte tenu des perspectives d’emploi à court terme, c’est particulièrement urgent.

LE PRESIDENT : Sur la Grèce, le rapport de la troika est attendu maintenant dans les jours qui viennent. Une réunion de l’Eurogroupe est prévue pour le début du mois de novembre. Et c’est dans ce cadre-là que nous regarderons quelles seront les modalités les plus efficaces dès lors que la Grèce tient ses engagements pour trouver une solution durable.

QUESTION : Monsieur le Président, que répondez-vous, comment percevez-vous à l’appel des grands patrons publié dans le Journal Du Dimanche ce week-end ? Ils proposent, à la fois, des solutions comme la hausse de la TVA et vous demandent des mesures drastiques pour la compétitivité. Comment percevez-vous à la fois l’appel et la forme de l’appel ?

LE PRESIDENT : Je ne sais pas si ceux qui ont lancé cet appel voulaient le mettre sous le terme de l’ultimatum. Je ne le crois pas. En tout cas, s’ils m’avaient demandé conseil, je ne leur aurais pas donné celui-là, parce que nous sommes dans un moment où seul doit compter l’intérêt général.

Moi je suis responsable de l’intérêt général du pays. Qu’est-ce que nous pouvons faire de mieux pour la France ? Comment pouvons-nous lui permettre de réussir ? Réussir, cela veut dire des entreprises qui réussissent, des salariés qui gardent leur emploi, d’autres qui y accèdent. Réussir cela veut dire permettre à la jeunesse de trouver une perspective. Voilà, la seule question qui compte, c’est comment nous pouvons faire réussir notre pays. Il y a des mesures à prendre, je l’ai dit, dans tous les domaines de la compétitivité, y compris sur le coût du travail. Tous les indicateurs, et encore ceux qui m’ont été fournis ce matin, montrent que nous ne sommes pas dans la meilleure des positions. Nous avons pris du retard, depuis 10 ans : il y a eu un défaut d’innovation, d’investissement, d’exportations et nos entreprises n’ont pas été soutenues suffisamment. Donc nous avons à prendre des décisions, y compris sur le coût du travail.

Mais moi, j’ai deux responsabilités. La première c’est que l’offre des entreprises doit être demain plus efficace pour répondre à la demande extérieure et à celle qui va nous être adressée ; pour nous permettre de redresser nos comptes extérieurs et notre balance commerciale, aujourd’hui déficitaire de 70 milliards d’euros. Pour mener cette politique, oui, des mesures devront être prises et devront être étalées dans le temps — pas trop longtemps — avec la visibilité nécessaire et la crédibilité indispensable.

Ces mesures ne peuvent pas non plus, c’est ma seconde responsabilité, affecter la demande intérieure. Si la consommation est brutalement amputée, c’est autant d’activité en moins pour les entreprises. Voilà le chemin qui sera celui que le gouvernement empruntera pour aboutir au résultat souhaité. Et chacun devra faire des efforts. Il en est demandé aux contribuables en ce moment ; il en est demandé c’est vrai aux plus fortunés ; il en est demandé aux fonctionnaires ; et donc il est aussi demandé un certain nombre de responsabilités aux plus hauts dirigeants.

Je parle de pacte, c’est bien le mot qui convient. Un pacte, c’est là où chacun vient avec à la fois ce qu’il pense devoir demander — j’entends — mais aussi ce qu’il peut imaginer devoir donner. C’est l’esprit qui m’animera au moment où je prendrais des décisions au début du mois de novembre.

QUESTION : Vous avez cité la situation économique, plus grave par rapport au scénario que l’on avait tracé il y a quelques mois. Dans ce scénario, quelle est la logique de respecter le 3% en 2013 et de ne pas revoir le calendrier ? Puisque la crise s’aggrave pourquoi ne pas revoir le calendrier de réductions des déficits ? Merci.

LE PRESIDENT : J’ai pris un engagement devant les Français et devant les Européens. C’est de réduire le déficit public, et d’arriver à 3% à la fin de l’année 2013. Chaque pays a pris des engagements. Vous évoquez l’Italie : elle a fait, elle fait encore, un effort considérable. Nous voulons une croissance qui soit la plus élevée possible, et pour l’instant nous n’avons aucun élément qui nous permette de penser que notre objectif, celui que nous avons fixé pour la loi de finance ne sera pas atteint.

Si une discussion un jour a lieu, ce n’est pas entre un pays et la commission, c’est entre Européens. Mais pour l’instant cette discussion n’a pas à être ouverte, chacun a à faire un effort compatible avec sa situation — ce n’est pas le même pour chaque nation — et à faire en sorte que nous puissions avoir le plus haut niveau de croissance. C’est ce que j’ai voulu faire en Europe, et je l’ai fait aussi avec la participation de bon nombre de pays, le vôtre en particulier. Il faut que nous puissions avoir du sérieux budgétaire, de la responsabilité, de la discipline, c’est le sens de la ratification du Traité budgétaire qui a été adopté par le Parlement ou qui va l’être. Et puis, il y a aussi ce qui doit être fait pour la croissance. La compétitivité c’est une politique de croissance, et toutes les mesures qui seront annoncées seront des mesures qui favoriseront la reprise de l’activité et la création d’emplois.

(fin des questions et réponses de la conférence de presse du 29 octobre 2012 suite à la rencontre de François Hollande avec les organisations internationales BM, FMI, OCDE, OIT, OMC ; source : Présidence de la République)

La rencontre et la conférence de presse sont également évoquées sur le site de l’OCDE :

http://www.oecd.org/fr/presse/rencontreentremfranoishollandepresidentdelarepubliquefranaiseetleschefsdesorganisationseconomiquesinternationalesalocde.htm

D’emblée, François Hollande affirme :

... les réformes structurelles, nous les avons déjà engagées, nous les poursuivrons. Mais nous avions aussi l’obligation, en France, de faire une politique de redressement budgétaire. C’était ce qu’il y avait de plus urgent à engager.

(fin de l’extrait)

Peut-on être plus clair ?

D’abord, faire payer à la population le « versement annuel » de la lourde facture de la mondialisation, notamment par la voie fiscale. Et préparer des « versements » encore plus élevés (Loi de Finances pour 2013, etc...).

Ensuite, appliquer la stratégie de casse sociale : par exemple, en ce qui concerne le Droit du Travail.

Et c’est devant une véritable brigade de surveillance économique internationale, que François Hollande tient ces propos.

Deux français faisaient partie de cette gendarmerie économique internationale : la directrice générale du FMI Christine Lagarde, et le directeur général de l’OMC, l’ex-commissaire européen et ancien bras droit de Jacques Delors, Pascal Lamy. Quant à l’OCDE qui a accueilli cette réunion, son siège se trouve à Paris.

En particulier, Pascal Lamy assène :

... le moyen de créer des emplois en Europe, c’est d’aller chercher la croissance là où elle est, c’est-à-dire en gros dans les pays en développement et notamment les pays émergents. Et cela suppose effectivement que les marchés d’une part restent ouverts, d’autre part s’ouvrent davantage.

(fin de l’extrait)

Ainsi donc, d’après Pascal Lamy, l’Europe occidentale n’est plus en mesure d’assurer son propre développement économique après trois décennies de fuites incessantes de capitaux, d’industries et de technologie. Résultat d’une stratégie dont Pascal Lamy a lui-même participé à l’élaboration et à la mise en place, ensemble avec Jacques Delors, depuis les années 1980.

En particulier, un véritable « marché planétaire de la main d’oeuvre » a été progressivement mis en place au détriment de tous les acquis sociaux. Qui d’autre que le grand capital financier et industriel a profité de cette politique dont l’une des conséquences est le nivellement par le bas des salaires et standards sociaux à l’échelle mondiale ?

Brèves Toutes les brèves

Navigation

Annonces

  • (2002) Lenin (requiem), texte de B. Brecht, musique de H. Eisler

    Un film
    Sur une musique de Hans Eisler, le requiem Lenin, écrit sur commande du PCUS pour le 20ème anniversaire de la mort de Illytch, mais jamais joué en URSS... avec un texte de Bertold Brecht, et des images d’hier et aujourd’hui de ces luttes de classes qui font l’histoire encore et toujours...

  • (2009) Déclaration de Malakoff

    Le 21 mars 2009, 155 militants, de 29 départements réunis à Malakoff signataires du texte alternatif du 34ème congrès « Faire vivre et renforcer le PCF, une exigence de notre temps ». lire la déclaration complète et les signataires

  • (2011) Communistes de cœur, de raison et de combat !

    La déclaration complète

    Les résultats de la consultation des 16, 17 et 18 juin sont maintenant connus. Les enjeux sont importants et il nous faut donc les examiner pour en tirer les enseignements qui nous seront utiles pour l’avenir.

    Un peu plus d’un tiers des adhérents a participé à cette consultation, soit une participation en hausse par rapport aux précédents votes, dans un contexte de baisse des cotisants.
    ... lire la suite

  • (2016) 37eme congrès du PCF

    Texte nr 3, Unir les communistes, le défi renouvelé du PCF et son résumé.

    Signé par 626 communistes de 66 départements, dont 15 départements avec plus de 10 signataires, présenté au 37eme congrès du PCF comme base de discussion. Il a obtenu 3.755 voix à la consultation interne pour le choix de la base commune (sur 24.376 exprimés).