Honneur à Georges Hage, président d’honneur du PRCF !

, par  Georges Gastaud , popularité : 2%

Léon Landini, Georges Hage, Georges Gastaud, Jeanne Dubois-Colette (FTP du Nord, décorée à titre militaire), Henri Alleg, lors de la cérémonie de remise de la Légion d’honneur à Geo Hage à Douai.

Ancien doyen de l’Assemblée nationale, député émérite de la classe ouvrière nordiste, président d’honneur du PRCF, notre cher Geo Hage vient de mourir à Douai, entouré des soins et de l’affection de ses proches.

Il est impossible, sous le coup de l’émotion, de dire tout ce que Geo représentait pour les travailleurs, pour les communistes du Nord et pour l’ensemble des militants du PRCF.

Georges avait succédé dans sa circonscription ouvrière au légendaire Arthur Ramette.

Pendant des décennies, Geo fut l’infatigable, toujours disponible, combatif et souriant député des mineurs, des verriers, des bateliers, des métallos de Renault-Douai, mais aussi des enseignants, des postiers, des personnels de santé de sa circonscription ouvrière du Nord. G. Hage aura été très souvent réélu au premier tour, parfois au second, mais sans vrai suspense tant était grande la popularité de cet homme aimé de tous, à la fois ferme contre l’adversaire de classe, fraternel pour tout travailleur en lutte (qu’il appelait facilement "frère"), avec toujours beaucoup d’humour, de tact, et de respect des formes républicaines : très apprécié du personnel de l’Assemblée nationale, il était respecté par tous ses collègues de l’Assemblée.

Sur le plan national, cet ancien athlète de haut niveau, dirigeant du syndicat des professeurs d’EPS et international universitaire de handball, était, au titre du groupe communiste à l’Assemblée nationale, le défenseur attitré des sportifs et des étudiants d’EPS. Ceux-ci lui doivent tous une fière chandelle dans la mise en échec du plan Soisson : ce mauvais coup du gouvernement Giscard visait à supprimer d’un coup tous les postes au CAPEPS en engageant la mise à mort de l’EPS à la française et Geo fut un pilier de cette bataille victorieuse qui se concrétisa par la suite par d’importantes avancées pour l’éducation physique dans le second degré.

Indéfectiblement attaché à l’URSS et à l’œuvre de Lénine (nous avons fait ensemble à 7 ou 8 une virée improvisée jusqu’à la Maison de Lénine à Paris, quand les contre-révolutionnaires au pouvoir à Moscou voulurent profaner le Mausolée de la Place rouge), ce grand ami de Cuba a été décoré de l’ordre de l’Amitié entre les peuples par un décret signé par Fidel. Cela faisait suite au grand meeting unitaire que, sur proposition du PRCF, Geo avait présidé à St-Denis en novembre 2005, alors même que l’état d’urgence imposé par De Villepin frappait d’incertitude toutes les réunions publiques sur le territoire national…

Geo Hage ce fut aussi l’homme qui répondit présent en 1998 à l’appel des États Généraux des Communistes, que portait alors la première Coordination communiste, pour mettre en place une opposition communiste unie à la suicidaire dérive (surnommée "mutation") qui avait alors conduit le PCF emmené par Hue à renier ses fondamentaux idéologiques pour entrer dans le gouvernement social-maastrichtien et privatiseur de Jospin. A contre-courant de la direction du PCF et de la majorité du groupe parlementaire, G. Hage avait dit non d’emblée à la participation du PCF au gouvernement social-maastrichtien de Jospin, mis en place pour installer l’euro et développer l’euro-privatisation du secteur public.

Geo Hage, le bolcho !

Rejetant le sectarisme obtus de certains, Geo Hage a accepté de présider le grand meeting de l’an 2000 qui vit la Mutualité « hisser le drapeau rouge » à l’occasion du 80ème anniversaire du Congrès de Tours. Sur la proposition de la Coordination des Militants communistes du PCF présidée notamment par Henri Alleg et Léon Landini, de la Fédération communiste du Pas-de-Calais emmenée par R. Auchedé, 1000 personnes proclamèrent alors ensemble « nous sommes le parti communiste ». A la suite de quoi, Geo anima pendant des années le Collectif National Unitaire des Communistes (CNUC) qui était alors le principal point de ralliement des communistes opposés à la dérive socialo-dépendante et euro-constructive du PCF officiel.

C’est donc logiquement que, sans cesser d’adhérer au PCF auquel il était attaché comme à une famille (rompre avec la discipline de parti fut pour celui que Le Monde surnommait « Geo le Bolcho », un vrai cas de conscience, mais il comprit vite que la vraie fidélité impose parfois de désobéir), qu’il accepta la proposition qui lui fut faite par Léon Landini, Georges Gastaud, Jacques Coignard, Jean-Pierre Hemmen et Pierre Pranchère, de devenir le président d’honneur du Pôle de Renaissance Communiste en France dont le but était de fédérer les communistes, membres ou pas du PCF, pour faire vivre de manière organisée une orientation marxiste-léniniste indépendante de la direction dérivante du PCF en voie d’affiliation au Parti de la Gauche Européenne.

C’est ainsi que Geo fut notamment le député communiste qui, malgré l’éloignement causé par la maladie, refusa de cautionner le prétendu "élargissement" de l’UE aux anciens pays socialistes, c’est-à-dire en réalité, leur recolonisation et leur paupérisation totale par le capital et leur annexion pure et simple par l’OTAN.

Concernant la France, Geo fut au cœur de la bataille contre l’UE supranationale et il porta fermement à nos côtés le mot d’ordre clair du non à TOUTE constitution européenne, là où d’autres se proposaient une "autre" constitution européenne en acceptant le slogan désarmant du Parti socialiste sur « l’Europe sociale ». Profondément patriote, amoureux de la langue française qu’il défendait avec l’association COURRIEL (il connaissait par cœur des milliers de vers, le préféré étant sans doute Ronsard), Geo aimait la France des travailleurs célébrée par Ferrat.

Il n’opposait nullement cet amour de notre nation à celui de l’humanité puisqu’il aimait à dire que « jadis, tout révolutionnaire avait deux patries, la sienne et la France, mais que de nos jours, tout progressiste a deux patries, la sienne et CUBA Socialiste ». Au rebours des régionalistes rétros, qui refusent la République une et indivisible, Geo n’opposait nullement la France à sa petite patrie chti, et ce fin orateur était aussi à l’aise en français de haut vol, qu’il faisait retentir à la tribune de l’Assemblée, que dans le dialecte des prolétaires du nord.

Bon vivant, fait pour être heureux et pour rendre heureux, très attaché à sa famille et à ses camarades, cet homme fraternel était sans s’en douter le moins du monde ce que Hegel appelle un « homme historique ». Bravant comme Henri Alleg la sombre période contre-révolutionnaire que nous n’en finissons pas de traverser, Geo Hage aura su passer le relais et porter la flamme entre le grand PCF d’hier et celui que demain, les communistes "du dedans" et les communistes "du dehors" reconstruiront ensemble en développant leur unité de combat contre la dictature européenne, sous les drapeaux mêlés de la nation républicaine et du prolétariat international, dans la visée réaffirmée d’une France socialiste en marche vers une humanité en marche vers les lumières communes.

Tu peux dormir en paix, frère ! Vous pouvez être fiers de lui et de vous-mêmes, Odile, Julien, Monique, Henriette, et vous tous, camarades et amis plongés dans le deuil et toi aussi Jean-Jacques, son combatif successeur. Oui nous te pleurons, Geo ; non, nous ne mesurons pas encore totalement la grave perte subie et nous saluons les électeurs communistes sincèrement affligés du Nord ; mais sois assuré, camarade Geo Hage, que nous continuerons ton combat jusqu’à ce que la nuit sombre de la réaction cède aux lueurs d’une nouvelle Aurore.

Georges Gastaud, secrétaire national du PRCF

Vincent Flament, secrétaire du PRCF-59

Voir en ligne : Sur le site de la revue initiative communiste (PRCF)

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