Gilberte Chemouili Sportisse vient de nous quitter

, par  lepcf.fr , popularité : 3%

Nous reprenons cet article paru dans Alger Républicain le 31 août dernier rendant hommage à notre camarade Gilberte. Nous adressons nos plus fraternelles condoléances à notre camarade William Sportisse, ses enfants Vénissians Michel et Claude pour qui Gilberte était leur "deuxième mère", et à tous les camarades du PADS.

Notre camarade vient de s’éteindre paisiblement dans un hôpital parisien après une longue maladie. Elle nous quitte à quelques jours de son 104 ème anniversaire, le 17 septembre.

Sa vie est un condensé de l’histoire glorieuse du mouvement ouvrier et national algérien autant que du mouvement communiste international.

Elle a adhéré en 1938, à l’âge de 21 ans, au Parti communiste algérien, en pleine montée du fascisme et des menées enragées des colonialistes effrayés par l’émergence d’un grand mouvement national remettant en cause leur domination et leurs privilèges. Arrêtée en 1940 elle est torturée par la police vichyste puis condamnée par le tribunal militaire à deux ans de prison pour diffusion des « mots d’ordre de la 3e Internationale » en même temps que de nombreux autres communistes, parmi lesquels Paulette Lenoir et Louise Benchemoul. En prison elle échappe miraculeusement aux maladies consécutives aux traitements inhumains qui emporteront tant de patriotes, d’antifascistes et de communistes dont le premier responsable du PCA, Kaddour Belkaïm.

Libérée elle poursuit ses activités au sein de son parti. Elle fait la connaissance de Taleb Bouali, membre du comité central du PCA. Leur vie conjugale marquée par le combat contre le colonialisme et pour la réalisation des aspirations des travailleurs sera courte. Taleb gagne le maquis de la wilaya 4 sur les directives de son parti. Il tombera les armes à la main dans le combat contre l’occupant.

Elle sera arrêtée et torturée par la police colonialiste puis expulsée vers la France. Son parti l’affecte à Prague pour épauler la délégation extérieure du PCA dans son travail international de soutien à la guerre de libération du peuple algérien dirigée par le FLN.

Elle regagne l’Algérie à l’indépendance où elle continue à assister la direction de son parti dans diverses tâches de confiance importantes mais ingrates, notamment comme secrétaire sténo-dactylographe.

Elle obtient la nationalité algérienne en 1964 après être passée par l’obligation de la demander par écrit. Le code de la nationalité adoptée quelques mois après l’indépendance impose cette condition aux citoyens dont « le sang n’est pas musulman » même s’ils l’ont versé et ont combattu pour arracher la libération de leur pays de l’oppression colonialiste. Gilberte fait partie des rares militants communistes algériens qui obtiennent dès 1964 la nationalité algérienne sans devoir mener une lutte harassante contre les tracasseries organisées par des fonctionnaires chauvins et bornés pour pousser des communistes d’origine européenne à quitter l’Algérie. Son futur compagnon, William Sportisse n’obtiendra le document attestant de sa nationalité algérienne que 12 ans après l’indépendance.
Photo tirée du fonds du Film documentaire de Jean Asselmeyer et Sandrine-Malika Charlemagne

Photo tirée du fonds du Film documentaire de Jean Asselmeyer et Sandrine-Malika Charlemagne

Gilberte a partagé le restant de sa longue vie avec William, travaillant et militant pour réaliser leurs idéaux communistes dans une Algérie libérée de l’hégémonie des idéologies réactionnaires, de l’exploitation par une nouvelle classe d’autochtones, de la dépendance impérialiste, une Algérie solidaire des luttes des opprimés à l’échelle mondiale.

Après le 19 juin 1965, Gilberte est à nouveau arrêtée, cette fois-ci par la police algérienne qui la torture pour tenter de lui arracher des renseignements sur les membres de l’ORP constituée dans les semaines qui suivirent le coup d’Etat contre Ben Bella. Ses tortionnaires se heurtent à un mur de silence.

A sa libération elle est recrutée à la Caisse de Sécurité sociale. Elle milite sans discontinuer dans le Parti de l’Avant-Garde socialiste (PAGS) clandestin créé en janvier 1966 et continuateur du PCA. Après la liquidation en 1993 du PAGS par le groupe qui avait décidé de renier le marxisme et le communisme considérés comme entrave à la formation d’un grand « rassemblement anti-intégriste », Gilberte rejoint le PADS. C’est en lui qu’elle voit l’héritier du PCA et du PAGS. Et c’est dans ses rangs qu’elle poursuivra son combat au côté de son compagnon William.

Les obsèques de Gilberte auront lieu le jeudi 9 septembre à Arcueil, à Paris.

Alger républicain adresse ses condoléances les plus attristées à William, à sa famille.

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