Féminicide, pourquoi ?

, par  Mireille Popelin , popularité : 2%

Lundi 26 août 2019, une femme étranglée par son compagnon à Fiennes (Pas-de-Calais). En 2019, au jour d’aujourd’hui, une centaine de femmes sont mortes sous les coups de leur compagnon ou leur mari.

Un livre « Nous sommes tous des femmes savantes » écrit par Lionel Naccache, ancien élève de l’école normale supérieure d’Ulm, neurologue à la Salpêtrière, chercheur en neurosciences m’a intriguée par son titre, il m’a beaucoup intéressée ; et sans répondre à la question, il m’a aidée dans mes recherches. Il m’a fallu retrouver mon vieux classique, librairie Hachette, pages jaunies par le temps !

Lionel Naccache, après une représentation des « Femmes savantes » (Molière, 1672) est frappé dès la première scène : les deux sœurs, Armande et Henriette s’opposent. L’une, Armande, vante la connaissance (philosophique et savante) méprisant le corps et la sexualité. Henriette, elle, ne rêve que d’un époux « et de goûter de l’hymen les terrestres appas ».

Tous les personnages des « Femmes savantes » sont analysés par l’auteur. « Aucun d’entre eux ne parvient à vivre de manière épanouissante son rapport à la sexualité » dit-il :
Armande : elle ne cherche qu’à maîtriser les connaissances, mais elle en fait un combat belliqueux pour dominer, « Par nos lois, prose et vers, tout nous sera soumis ».
Henriette : « l’imbécile heureuse » comme l’appelle Lionel Naccache. Elle revendique même son ignorance, c’est son choix, elle ne veut vivre que pour s’épanouir dans la sexualité.
Clitandre : il parait le plus équilibré. Il fait l’éloge de la connaissance ET d’une sexualité épanouie. Mais s’épanouira-t-il toute sa vie aux côtés d’Henriette ? Il était amoureux d’Armande qui a rejeté ses avances « ce vulgaire dessein ».
Chrysale : le père, est un jouisseur « Oui, mon corps est moi-même ». Son corps est son cerveau. Il est anti-intellectuel décomplexé.
Philaminte : c’est la femme frustrée. A la cinquantaine, délaissée, elle se jette dans la connaissance et les savoirs pour dominer son mari et diriger sa famille « je ne veux point d’obstacle aux désirs que je montre ».
Bélise : la tante. C’est la vieille pucelle érotomane qui, dans son délire, imagine que tous les hommes sont amoureux d’elle ! Pauvre Bélise. C’est pourtant elle qui a un rapport éclairé à la connaissance, avec les définitions les plus justes pour corriger les erreurs de Martine la servante.
Ariste : le frère de Bélise. Il ne déprécie pas les savoirs et il soutient son neveu Clitandre. Mais on ne sait rien de sa vie, a-t-il été marié ?
Martine : la servante dévouée à toute cette famille bourgeoise. On ne l’épargne guère ! « Veux-tu toute ta vie offenser la grammaire ? » demande Bélise. – « Qui parle d’offenser grand-mère ou grand-père ? » rétorque la servante. Martine ne refuse pas la connaissance, mais elle n’a pas eu la possibilité d’avoir accès au savoir ! Elle ne manque pas de bon sens, mais caricature le savoir par dépit de ne pouvoir y accéder. Elle débite même un discours qui approuve la domination de l’homme et légitime presque sa violence ! « avec quelques soufflets, il rabaissât son ton » (à la femme qui proteste).

C’est le double échec de la connaissance et de la sexualité, constate l’auteur du livre.

Les Trissotin : Trissotin et Vadius sont inspirés de deux contemporains de Molière. Ils sont ridiculisés dans les « Femmes savantes ». Trissotin est un pédant, son érudition est stérile, il est très tôt éconduit par toute la famille.

De la sexualité et de la connaissance (et vice versa)

Ainsi donc, tous les personnages de cette comédie de Molière sont atteints de névrose tragique dit l’auteur. Aucun n’a une conception harmonieuse et épanouissante de la connaissance ET de la sexualité.

La connaissance : l’auteur évoque la bible « Et Adam connut Eve sa femme ». Dans le texte hébreu, le verbe connaitre est utilisé pour définir l’acte sexuel : « On peut aussi parler du fruit défendu, l’arbre de la connaissance. C’est Eve qui fut tentée. La connaissance dans les religions monothéistes , c’est le péché. »

Le rapport sexuel est une modalité de la connaissance dit l’auteur du livre. Un des points communs entre la sexualité et la connaissance tient à la notion de pénétration. Mais cette pénétration a un concept plus élargi que la sexualité. La connaissance est aussi une histoire de pénétration.

Nous disposons d’un X qui se met à jour en X’ au fil de nos incessantes pénétrations avec des Y (connaissance). X se transforme en XYX’ (et X’’ etc). Cette formule a une résonance sexuelle et génétique, ce que l’auteur n’avait pas vu au départ !

Nous n’aurions donc pas réussi notre épanouissement sexualité-connaissance et serions atteints de névrose cognito-sexuelle. Cette névrose est-elle à l’origine des troubles sexuels, violences sexuelles harcèlement, viols, pédophilie, et même meurtres de femmes ?

Dans notre société moderne, la sexualité valorise la consommation de la sexualité. Mais le sexe est en fait marchandisé, donc dévalorisé ; une marchandise comme les autres ! Tout comme la connaissance (la culture), voici les émissions avec des « Allo quoi ? » et des films à vedettes « Escort-girls ».

Mais l’analyse de Lionel Naccache n’aborde pas la société du 21ème siècle, le contexte social en ce moment, 100 femmes tuées, pourquoi ?
- Parce que nous sommes dans un régime capitaliste et que l’homme, souvent, considère sa femme comme sa propriété.
- Parce que l’égalité homme-femme est loin d’être acquise même dans notre pays, où l’égalité des droits (avancement, promotion, salaires) n’est pas effective.
- Parce que l’épanouissement dans la sexualité n’est pas réalisé et crée une frustration sexuelle. Il faut une éducation sexuelle à l’école et un haut niveau d’éducation pour TOUS.
- Parce que l’homme n’accepte pas facilement ce droit des femmes à l’émancipation, au bonheur (peut-être avec un autre homme !), le droit au plaisir !

Nous communistes, voulons abolir ce capitalisme et aller vers le socialisme. Si le socialisme pourra régler les problèmes sociaux (égalité des salaires etc), pourra-t-il régler tous ces problèmes de viols, de meurtres de femmes ?

Un vrai épanouissement culturel et sexuel est-il possible ?

Mireille Popelin

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