En Syrie, la paix n’est pas une option mais une nécessité

, par  Bahar Kimyongür , popularité : 1%

Le 21 août dernier, une attaque à l’arme chimique menée par une force non identifiée sur le front Est de Damas a coûté la vie à plusieurs centaines de personnes, dont de nombreux enfants.

Le trio France-Angleterre-USA a immédiatement accusé le gouvernement syrien sans la moindre preuve, sans attendre non plus les conclusions de la mission d’enquête de l’ONU déployée dans les zones touchées par l’attaque chimique.

Washington a aussitôt été rejoint par ses alliés wahhabites, par le régime d’Erdogan et bien sûr par Israël.

Connaissant tous les sales coups menés par l’impérialisme étasunien pour nous embarquer dans ses guerres, nous ne croyons pas en sa version des faits.

Car nous n’avons pas oublié la « fiole à jus de pomme » agitée par Collin Powell au Conseil de sécurité des Nations Unies pour nous convaincre que Saddam Hussein possédait des armes chimiques prêtes à l’emploi et ainsi justifier l’invasion de l’Irak.

Il y a dix ans, cette mascarade a coûté la vie à 1,5 millions d’Irakiens, soit dix fois plus de victimes que dans le conflit qui ravage la Syrie depuis 30 mois.

Sans compter les mutilés, les déplacés, l’assassinat ou la fuite des cerveaux, la destruction de l’économie et du patrimoine culturel.

Le coup de bluff de Powell a ensuite déclenché une guerre civile devenue depuis, une véritable campagne de génocide d’Al Qaïda envers les chiites d’Irak.

Quand on comptabilise les victimes irakiennes, on constate qu’il y a presque autant de morts dans l’Irak soi-disant « pacifiée » que dans la Syrie en guerre.

Mais, curieusement, personne ne se préoccupe de l’Irak.

Aucun dirigeant européen ne s’indigne de la terreur d’Al Qaïda en Irak qui tue chaque jour près d’une centaine d’innocents.

Cette indifférence est compréhensible : Al Qaïda poursuit le sale boulot des forces américaines et sert les intérêts de nos États dans la région.

Les attentats barbares d’Al Qaïda permettent en effet d’affaiblir l’État irakien, allié de la Syrie et de l’Iran, les deux ennemis jurés de l’Occident car ils menacent Israël, son poste avancé dans la région.

C’est pourquoi, nous ne sommes pas surpris d’apprendre que les États-Unis et leurs alliés éprouvent une soudaine compassion pour les enfants syriens et veulent même les venger en punissant leurs présumés assassins à coups de missiles.

N’est-ce pas touchant de la part des champions du monde de l’utilisation des armes de destruction massive sur des populations civiles ?

Souvenons-nous de la tendresse américaine envers les enfants d’Hiroshima et Nagazaki pulvérisés par la bombe atomique.

Souvenons-nous des enfants vietnamiens, cambodgiens et laotiens agonisant sous le Napalm et l’agent orange de l’armée américaine.

Souvenons-nous comme les USA ont fermé les yeux devant le gazage des Kurdes à Halabja par l’armée irakienne, comme ils ont massacré des innocents à l’uranium appauvri en Irak et au phosphore blanc en Palestine.

En clair, non seulement, les États-Unis et ses alliés n’ont nullement le droit d’intervenir en Syrie mais en plus, ils n’ont aucune légitimité morale.

Pour finir, nous tenons à rappeler qu’en Syrie, le régime n’est pas le seul à détenir des armes de destruction massive.

Hormis les innombrables preuves vidéo montrant la possession et l’utilisation par les rebelles de produits toxiques mortels, soulignons également que les poignards des groupes takfiri comme Al Nosra et l’EIIL constituent elles aussi des armes de destructions massives.

Citons entre autres les centaines de Kurdes massacrés dans le Nord de la Syrie par Al Qaïda, les centaines d’alaouites égorgés par ces mêmes terroristes dans les montagnes de Lattaquié, les centaines de sunnites exécutés à Khan Al Assal, les dizaines de chrétiens tués à Marmarita dans la province de Homs et les chiites du village de Hatlah à Deir Ez Zor exterminés jusqu’au dernier.

Les poignards d’Al Qaïda, ne sont-ils pas eux aussi des armes de destruction massive lorsqu’ils exécutent près de 2.000 personnes en un seul mois ?

En défendant la solution de paix en Syrie, nous n’oublions pas toutes les victimes des bombardements de l’aviation et de l’artillerie syrienne, ni les rebelles ou les civils pro-rebelles torturés et exécutés par les milices loyalistes.

Nous le condamnons avec la même énergie que les crimes commis par les rebelles tout en nous interrogeant sur le rôle de nos gouvernements dans la dégénérescence de ce conflit.

Car si le conflit syrien est devenu aussi sordide, c’est aussi parce que nos gouvernements ont habilement accentué les tensions dans ce pays jusqu’à le faire éclater.

Nos dirigeants ont soutenu un camp, entraînant ainsi la radicalisation de l’autre camp.

L’Occident croyait en une victoire facile des rebelles face au régime de Damas.

Mais la résistance des forces loyalistes lui a montré qu’il s’était trompé.

A présent, l’Occident n’a d’autre choix que de convaincre ses protégés de la rébellion syrienne de s’asseoir à la table des négociations.

A ce stade du conflit syrien, la paix n’est donc plus une option.

Elle est une nécessité pour tous les belligérants, pour le peuple syrien et au-delà, pour l’humanité entière.

Pour le Comité contre l’ingérence en Syrie (CIS)

Bahar Kimyongür

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