Élections en France : Macron, une victoire trompeuse qui rassure... Elecciones en Francia : Macron, la engañosa victoria que tranquiliza

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Voici l’article d’analyse sur la situation française publié par le site cubain, cuba debate, je dois dire que j’en partage pratiquement toute l’analyse. Et elle me paraît poser les termes du débat pour le présent et le futur d’une manière claire (note et traduction de Danielle Bleitrach pour Histoire et societe)

Le vainqueur du premier tour et futur président probable de la France est un représentant de tout ce qui a échoué au cours des dernières décennies en termes de tendances politiques.

Il n’y a pas eu de surprise lors du premier tour de la présidentielle française le 7 mai les Français devront choisir entre le jeune ancien banquier et ancien ministre libéral-européen Emmanuel Macron, et l’extrême-droite Marine Le Pen qui défend un programme de repli nationaliste. Ce sera un choix entre une continuité rassurante et une rupture destructrice

Rassurant parce que tous les sondages dans cette élection – et leurs prévisions ont été tout à fait éclairant – indiquent que le 7 mai Macron va battre Le Pen de 60% à 40%, avec vingt points de différence. Cela signifie que la France va poursuivre sur la voie des dernières décennies, ce qui est une bonne nouvelle pour les marchés, la stabilité des grands groupes financiers et d’ affaires, français, pour les intérêts européens et internationaux, et, bien entendu, pour les médias mondialisés. Vous pouvez en augurer que le risque d’une rupture électorale est conjuré en France.

Si on considère ce résultat dans une perspective plus large, on doit reconnaître que cette victoire est rassurante d’une manière trompeuse. L’avenir le plus probable représenté et défendu par le président Macron est celui d’un programme qui aggrave tout ce qui a déjà témoigné de graves inerties et dysfonctionnements au cours des trente dernières années au cours desquelles a éclos et à incubé le malheur de la France et a conduit à la grande crise financière de 2008, ce qui à son tour a déclenché le grave processus de désintégration à l’oeuvre dans l’union européenne depuis lors. Qu’est-ce que cette victoire dans un tel contexte ?

Macron sera le président qui continuera la dévaluation interne, l’ajustement des salaires par le sous-emploi et la précarisation dans la course à la compétitivité. A en juger par son programme et meetings, tout indique qu’il est le candidat leplus conforme à l’actuelle ligne germano-européenne.

« La France à elle seule peut influencer l’ Allemagne si elle a de la crédibilité sur le plan économique et financier » « nous serons forts en Europe et dans le monde parce que les réformes auront été faites »
. Et le sens de ces réformes est sans équivoque : il s’agit d’avancer un peu plus, bien sûr pas autant que ne le prévoyait le programme du candidat conservateur François Fillon, dans le sens de ce qui a été fait et essayé jusqu’à présent.

Macron veut aller bien au-delà réforme du travail,à laquelle 67% des Français étaient opposés et qui les a poussés à manifester au printemps dernier. Au point que le Hollandisme pour mettre en œuvre cette réforme au Parlement a dû le contourner avec l’article 49/3 de la Constitution, Macron avance dans le sens d’une transformation du code du travail par décret. C’est de la témérité. .

Les élections de ce dimanche ont confirmé la recomposition du paysage politique français. Pour la première fois, les deux partis qui ont mené la politique française et alternaient au pouvoir pendant près de la moitié d’un siècle, les socialistes et les conservateurs, n’ont pas atteint le deuxième tour. La décomposition du Parti socialiste est manifeste (hier son candidat a obtenu 6% des voix) et l’échec de Fillon (environ 19,7%) dit quelque chose de similaire pour les républicains. Quel que soit celui des quatre prétendants hier en jeu qui l’emporterait, il serait un président faible avec un soutien de 25% et trois-quarts de l’électorat contre lui. Les prétendants réels sont au premier tour, le second reflète surtout la volonté d’empêcher la victoire de l’autre, dans ce cas celle de Le Pen. Dans ce contexte de faiblesse, Macron paraît sans parti pour le soutenir.

La candidature et la victoire électorale de Macron ont été un succès, mais ce succès a entériné la démolition du système des partis français. Depuis trente ans, ces partis ont mis en scène l’illusion d’une alternance ; Illusion parce que les grandes questions qui se posent maintenant dans les crises- le projet européen et les grandes lignes de politique socio-économique- n’étaient pas en débat . Macron a brisé cette apparence : il n’est « ni à gauche, ni à droite », il est les deux choses à la fois. Dans cette opération, le système a largué l’utilisation de cette alternance. Sa dernière cartouche ?

Vue avec une certaine distance , la situation est critique : tout ce qui en Europe produit de la radicalisation et de la contestation continueront. Cela signifie que ce qui est arrivé avec le Brexit et la victoire de Trump sont à l’oeuvre en France. En 2002, le Front national a été battu par Jacques Chirac avec une différence de 60 points au deuxième tour. Marine Le Pen est maintenant battu par 20 points. Lors de ces élections, Le Pen a gagné un million de voix de plus par rapport à 2012. Quelle sera l’évolution, dans les années à venir si le système ne change pas – et il n’y a pas de signe d’une amélioration quelconque ? Celui qui se réjouit de la marge ignore que la France danse sur un volcan !

Il faut mesurer que la contestation ne s’arrête pas avec Le Pen. Apparaissent d’autres forces de contestation comme des altermondialistes comme Jean-Luc Mélenchon (qui a remporté hier 19,2% des voix, soit plus de huit points de plus qu’en 2012, une augmentation significative). L’alternative de Mélenchon n’est pas destructrice mais de transformation. La gauche française a été réinventée dans cette campagne. Mélenchon a refusé de donner une consigne de vote pour le second tour et a annoncé un mouvement de « consultation publique ».

Dans la perspective du second tour, la victoire paraît de l’ordre d’une simple procédure. Emmanuel Macron recevra tout le vote du hollandisme et de la droite. Cela a été exprimé hier soir, le premier ministre Bernard Cazeneuve, son prédécesseur Manuel Valls, le candidat socialiste, son rival conservateur, François Fillon, les personnalités de son parti, républicains (Laurent Wauzquiez, François Baroin, Christian Estrosi), en fin de compte la majeure partie des la classe politique. François Hollande dans les prochains jours. A côté de cela, le Front national ne recevra que des votes de la droite en colère : « de ceux qui ont le sentiment qu’on leur a volé les élections », a déclaré le vice-président du Front national, Florian Philippot, faisant référence au scandale Penélopegate en Janvier qui a détruit la position de leader incontesté de Fillon dans cette course et que bon nombre de ses électeurs considèrent un piège organisé.

Le Pen n’a aucune chance contre Macron, selon les sondages.

Trois mille militants , des centaines de journalistes, Macron, le jeune et brillant vainqueur âgé de 39 ans était un étranger pour les Français il y a trois ans . Il a célébré sa victoire, a salué ses dix adversaires et a remercié Hamon et Fillon, le socialiste et le conservateur qui ont dit qu’il fallait voter pour lui le 7 mai.

« En un an , nous avons changé le visage de la vie politique française » a t-il dit. Grâce au scandale qui a déferlé sur Fillon, Macron a pu mener une campagne politique vide dans laquelle il a été le principal produit et le message essentiel. Mais cela a fonctionné. La République a gobé le produit. Une grande question. Macron hier soir a nié que son mouvement serait un simple lobby, pas plus qu’une bulle . « Je veux à unir les Français » dit-il en appelant à la « soif d’optimisme et d’ espoir pour notre pays et pour l’ Europe ». « Je veux être le président des patriotes contre la menace nationaliste », a-t-il ajouté . « Redéfinir l’ Europe », « relancer la construction européenne » a-t – il insisté.

La corrélation des forces en France est mesurée sur l’axe de la souveraineté nationale. Les Français ne sont pas satisfaits surtout parce que la vie se dégrade de plus en plus et que la république ne peut rien faire sur le sujet. Tout ce qui compte en matière de décisions dépasse le cadre de leur vote et de la souveraineté nationale. L’euro empêche les ajustements et les dévaluations, les ministères économiques ne sont que des exécuteurs des politiques décidées à l’ UE, l’ OMC, le FMI. Le droit européen surclasse le pouvoir national, malgré l’ absence d’une base démocratique : il est légal, mais pas légitime. La politique étrangère et de défense est encadrée par une stratégie (américaine) organisée par l’ OTAN en dehors non seulement de la nation, mais de l’UE elle-même. Et par dessus tout cette spoliation est sanctuarisée , les normes et les traités sont blindés pour les rendre irréversibles.

Cette situation doit être opposée à la corrélation des forces qu’ont mis en évidence ces élections : 8 des 11 candidats présents sont plus souverainistes que mondialistes. Leur vote cumulé dépasse 50% des exprimés et la colère de la France devant sa spoliation va encore plus loin. La position d’Emmanuel Macron, la plus claire dans l’engagement de la France dans la mondialisation est donc extrêmement fragile et trompeuse . Sa victoire semble une dernière cartouche. Peut-être le dernier recours avant l’éruption.

Voir en ligne : article en espagnol, traduction Danielle Bleitrach

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