Comment et avec qui, François Hollande a préparé son programme

, par  Jean Levy , popularité : 1%

Le Monde, daté du 29 juin 2012, a publié un "récit", c’est le terme employé par Dominique Gallois et Frédéric Lemaître – ses signataires –, d’un dîner offert par le président de la République, François Hollande, le 11 juin dernier à l’Elysée, à quelques grands patrons du CAC 40, du côté français, et du BDI, le Medef allemand.

La délégation d’outre-Rhin est menée par Gerhard Cromme, président des conseils de surveillance de Siemens et de Thyssen-Krupp, assisté de Peter Löscher (Siemens), Paul Aschleitner (Deutsch Bank), Johannes Teyssen (E.ON), et de Hans Peter Keitel, président du BDI (le Medef allemand).

Du côté français, cornaqués par M.BEFFA, ancien PDG de Saint-Gobain (et membre du conseil de surveillance du Monde, c’est le journal qui le précise…), se retrouvent Pierre-André de Chalendar (Saint-Gobain), Gérard Mestrallet (GDF-Suez), Jean-Pascal Tricoire (Schneider), Thierry Breton (Atos), et Henri de Castries (Axa).

Ce déjeuner fait suite à une semblable réception accordée, début mars, par le candidat Hollande à ses commensaux patronaux, alors dans un lieu discret et non relayée par nos médias. On les comprend… A ce premier entretien, assistaient Emmanuel Macron, associé-gérant chez Rothschild et Cie, aujourd’hui secrétaire-général adjoint de l’Élysée, et Stéphane Le Foll, devenu depuis ministre de l’Agriculture…

Comme l’écrit justement Le Monde, « Cette rencontre vaut symbole ». Et le journal poursuit : « "Il n’y avait aucun propos polémique, tout a été dit de façon constructive", résume l’un des patrons. Tous sont d’accord, il faut sauver l’euro ».

Dans cette ambiance d’aimable complicité, les représentants de la grande industrie allemande font la leçon au candidat socialiste à la présidence de la République, lors de leur première rencontre, en mars dernier :

« Soyez le Gerhard Schröder français, monsieur le Président ».

Cela se traduit, dans le langage policé de ces messieurs, par :

« Nous avons fait un tour d’horizon de ce qui s’était passé en Allemagne depuis la réunification (l’annexion pure et simple de la RDA par la RFA), afin d’expliquer comment le pays affaibli avait été remis sur la bonne voie grâce aux réformes de Gerhard Schröder, entamées en 2002 ».

La politique à suivre est donc claire : réaliser en France la casse de toute la protection sociale, à l’instar de ce qu’a fait en Allemagne l’ex-chancelier du Reich.

Le Monde décrit la scène :

« Chacun y va de sa réflexion, évoquant la différence des charges salariales entre les deux pays, vantant le modèle allemand de l’apprentissage ou le recours au chômage partiel et la flexibilité du travail ».

Et de poursuivre :

« "Nous sommes face à un président qui écoute et prend des notes", confirme un participant. "Et qui n’hésite pas à se faire préciser tel ou tel point", renchérit un autre ».

La conclusion du quotidien du soir vaut morale de l’histoire :

« Quoi qu’il en soit, la composition du tour de table "ressemblait un peu à celle d’un conseil d’administration de Saint-Gobain avec quatre d’entre eux : Jean-Louis Beffa, Pierre-André de Chalendart, Gerhard Cromme (patron de Siemens et Thyssen-Krupp, rappelons-le), et Gérard Mestrallet", relève un participant. Sans parler du conseiller technique industriel de l’Élysée, qui vient aussi de cette entreprise ».

Ainsi, par deux fois, sans que l’évènement soit divulgué, durant la campagne électorale et, une fois élu, à l’Élysée, le président de la République se fait dicter son programme par des grands patrons des deux côtés du Rhin !

Cela n’apprend rien à tous ceux qui ne se sont jamais fait d’illusions sur le "changement" annoncé par François Hollande, à tous ceux – et ils sont des millions et des millions – qui n’ont pas voté pour lui au second tour, ou qui ont utilisé leur bulletin de vote pour, d’abord, chasser Sarkozy.

Mais la relation des rencontres élyséennes devrait ouvrir les yeux à tous ceux qui pensent que la "gauche" au pouvoir, c’est moins pire que la droite.

Une fois de plus, nous répétons que ceux qui gouvernent effectivement ici comme dans tous les pays européens, sont ceux qui détiennent le pouvoir économique, l’oligarchie industrielle et financière, qui a fait main basse sur nos richesses pour en tirer le plus grand profit.

Le grand capital – il faut l’appeler par son nom – comme la noblesse avant 1789, pille le Trésor public, impose ses hommes aux leviers de commande et considère la France comme son bien propre.

Ce n’est pas la couleur de l’équipe qui les sert qui fera changer les choses.

Le Monde vient d’en faire la démonstration.

Jean Lévy

Lu sur son blog "canempechepasnicolas"

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