Rencontre du réseau - 13 janvier 2019
Chers camarades, nous avions besoin de nous retrouver... Introduction de Marie-Christine Burricand

, par  Marie-Christine Burricand , popularité : 3%

Chers camarades,

Nous avions besoin de nous retrouver pour partager nos expériences et nos réflexions après la période intense et quelque peu extraordinaire qu’a été ce 38ème congrès et ses suites jusqu’à l’élection avant Noël de l’exécutif.

L’arrivée en tête du "Manifeste" a ouvert pour nous une période inédite et intense où nous nous sommes trouvés confrontés à des questions et des responsabilités nouvelles. A l’échelle nationale, nous n’avons pas toujours eu le temps d’anticiper les situations, de partager les éléments de connaissance que nous avions et les décisions. Nous avons tous, je pense, essayé de faire au mieux là où nous étions.

Tout cela s’est en plus déroulé dans un moment de mobilisation sociale importante symbolisée par le mouvement des gilets jaunes, moment qui a bousculé considérablement le gouvernement, les forces politiques et qui nous laisse devant plus d’interrogations que de certitudes quant à l’avenir. Enfin, nous savions que l’après congrès nous demanderait un engagement sans faille dans une bataille difficile et chacun mesure que c’est peut être encore plus vrai que ce que nous pensions.
Je ne prétends pas faire le tour de la question mais ouvrir un certain nombre de pistes et vous faire part aussi de la situation nationale du parti.

Comment apprécier le congrès et caractériser ses effets sur la stratégie du PCF ?
L’arrivée en tête du "Manifeste" à l’issue du vote des communistes ouvre une situation bloquée depuis plus de 20 ans. Elle confirme que le centre du parti s’est déplacé à gauche et il s’agit à ce moment là de construire une majorité autour des idées essentielles et les plus partagées du "Manifeste", le bilan, le refus de l’effacement, le choix d’un PCF ambitieux, combatif et offensif, renouant avec les milieux populaires et la classe ouvrière, une conception du rassemblement appuyé sur le renforcement du PCF et l’unité populaire plutôt que les accords de sommet. La défaite du texte porté par la direction sortante a permis d’envisager un changement de secrétaire national et de direction nationale.

Pierre Laurent et son entourage n’ont pas accepté leur défaite. Ils ont appellé à remettre en cause le vote des communistes -qui n’auraient pas mesuré et compris le sens de leur acte- et à réécrire en quelque sorte un nouveau texte, le "Manifeste" étant pour eux « inamendable ».

Concernant un nouveau secrétaire national, le choix des porteurs du "Manifeste" s’est confirmé assez rapidement sur Fabien Roussel, secrétaire départemental du Nord, soutien dès juillet du texte mais pas initiateur. Il réunit plusieurs qualités : secrétaire départemental d’une fédé populaire et ouvrière, député donc disposant d’une audience nationale, pas impliqué dans la stratégie menée par la direction nationale ces dernières années ; Fabien Roussel est partant, il annonce aussi sa volonté que le changement de secrétaire national se passe sans casse ni affrontement, avec l’accord de Pierre Laurent. Là aussi, il nous faut gagner une majorité autour de la proposition d’un nouveau secrétaire national.

Dans le contexte, il faut noter que la commission nationale du texte, chargé de présenter le texte au congrès, même après avoir été revue dans sa composition est majoritairement défavorable au "Manifeste". Nous ne pourrons donc jamais rien régler par le vote, car nous savons que nous serions perdant et notre principal point d’appui sera ce qui remonte des conférences départementales. Pour la première fois dans un congrès national, nous ne saurons pas le nombre de fédérations où le "Manifeste" a été voté au prétexte que ces votes n’ont aucun sens puisque des fédérations ont voté un texte complètement réécrit.

Dans ces conditions, tenant compte à la fois du rapport de force réel dans le parti tel que nous le percevons, du rapport des forces dans la commission du texte, de la volonté de permettre un changement de direction sans fracture, nous serons amenés à réécrire et à modifier plusieurs passages du "Manifeste", sans pour autant en modifier le plan ni le fond sur les grandes questions citées précédemment. Un camarade que je ne connaissais pas jusque là m’a dit dans une soirée très fraternelle de ce congrès : « ils ont coupé des branches mais le tronc est bien là ». Je partage assez cette appréciation.

Je pense qu’il faut souligner le rôle très positif d’André Chassaigne dans la victoire du "Manifeste" et le changement de secrétaire national.

Personnellement, je considère qu’il y a bien eu réorientation stratégique sur les questions suivantes : refus de l’effacement, le choix d’un PCF ambitieux, combatif et offensif, renouant avec les milieux populaires et la classe ouvrière, une conception du rassemblement appuyé sur le renforcement du PCF et l’unité populaire plutôt que les accords de sommet.

Des questions ont pour la première fois depuis longtemps été débattues dans les conférences de section et départementales : le bilan dialectique de l’expérience soviétique et les leçons que nous en tirons, la pertinence ou pas du socialisme, la pertinence ou pas de la visée et du « communisme déjà là », nos liens avec les partis communistes du monde... Ces débats là n’ont pas toujours été repris par le congrès national, mais ils ont bien eu lieu et une porte longtemps fermée a ainsi commencé modestement à s’entrouvrir. Il nous appartient de continuer à travailler sur ces questions avec le plus grand nombre possible de communistes.

Sur les questions internationales, je renvoie à l’article de Pierre-Alain sur ce site et Marianne Dunlop nous donnera un aperçu de la situation internationale.

J’ai enfin noté que des camarades longtemps marginalisés dans leurs section ou fédération ont retrouvé une légitimité réelle avec le mouvement du congrès.
Il faudrait évidemment être très naïfs pour s’imaginer que tout cela est gravé dans le marbre. Mais il n’empêche que dans les déclarations du secrétaire national, ce changement d’orientation s’entend. Nous n’en sommes plus par exemple à attendre ce que vont faire la FI ou Génération aux Européennes mais bien à construire notre liste et notre bataille. Évidemment, il y a sur ces questions une bataille interne et extérieure pour nous faire revenir en arrière.

Et c’est cette réorientation que symbolise le changement de secrétaire national avec l’élection de Fabien Roussel comme secrétaire national, élection qui n’était pas programmée par la direction sortante pas plus que le renouvellement de l’exécutif national auquel participent aujourd’hui des camarades qui n’ont jamais caché leur désaccord avec la ligne suivie depuis Martigues, notamment Hervé Poly et moi-même. Les initiateurs du "Manifeste" sont présents de manière importante dans l’exécutif, y sont aussi présents de nombreux membre de la direction nationale sortante disposant de responsabilités clefs sur les finances, l’internationale, l’Humanité. Il y a eu bataille jusqu’au bout dans la commission des candidatures et jusqu’au matin du vote. Ainsi nous ont été imposés 14 candidats de dernières minutes du "Printemps" et 4 de la Seine Saint Denis. Comme d’autres camarades, je me suis interrogée : fallait-il accepter ce quasi coup de force ? Mais il est vrai aussi qu’au congrès national comme dans les conférences départementales, les affrontements trop tendus ne permettaient pas toujours le rassemblement nécessaire pour gagner.
Vous comprendrez donc que pour les camarades qui sont embarqués dans l’aventure de l’exécutif national – mais c’est vrai aussi dans les fédérations – rien n’est simple beaucoup de disponibilité et de travail est devant nous ; il faudra donc faire l’effort de partager nos expériences et aussi de prendre en compter dans la durée une bataille longue et difficile. il y aura des tangages et des grosses vagues, ne sautons pas à l’eau dès que cela se complique, prenons toujours le temps de réfléchir ensemble.

Ce congrès s’est déroulé dans un moment de mobilisation sociale qui se poursuit aujourd’hui, celui des gilets jaunes. Un mot pour dire que ce mouvement ne résume pas à lui seul la mobilisation sociale : cheminots, hospitaliers, luttes de salariés pour leur emploi. Ce mouvement nous interroge ; il porte des revendications qui rejoignent les nôtres : salaires et pouvoirs d’achat, refus de l’injustice fiscale et des cadeaux aux plus riches (ISF), exigence de services publics. Il porte aussi parfois le rejet des élus, un raccourci vers le référendum qui ne peut à lui seul prétendre incarner une nouvelle démocratie, une distance avec les orgas syndicales et politiques. Les rassemblements ont été le théâtre de moments violent, instrumentalisés par le gouvernement qui répond par des condamnations sévères (notre camarade Maria dans la Drôme) et des procédés violents de la police, elle-même avec des manifestants "nassés", gazés, mis en garde à vue préventivement relançant ainsi continuellement le processus.

Après un premier recul (prix électricité, carburant contrôle technique, hausse partielle du SMIC par la prime sociale), Macron s’est montré provoquant (effort). Une liste gilet jaune est plus ou moins annoncée aux européennes. Sommes-nous à la veille d’un mouvement 5 étoiles ? Le parti, par la voix de son secrétaire national appelle à aller à la rencontre des gilets jaunes. Mais dans les fédérations, cet appel n’est pas toujours suivi et organisé, choix ou difficultés, ou ne l’est que par des militants ou des groupes de militants isolés.

Au plan syndical, après avoir exprimé une grande défiance, la CGT tente de se rapprocher de ce mouvement. Peut-il y avoir une initiative syndicale ou politique permettant de sortir par le haut de la situation ? Quelles initiatives prendre ?
Comment apprécions nous les possibles et les dangers de la situation ?

C’est dans ces conditions que nous lançons notre campagne des européennes avec le challenge d’attendre les 5 % ; la tête de liste se bat avec intelligence et courage sur un ligne que nous pouvons porter à notre manière. Si nous allons au bout de cette démarche et encore plus si nous atteignons les 5 %, c’est une nouvelle page qui s’ouvre pour le PCF. Mais rien n’est acquis parce qu’en interne comme à l’extérieur, il y a bataille pour nous convaincre que c’est de la folie et qu’il faut renoncer. Là aussi, nous pouvons prendre des initiatives qui marquent la réalité ; Les communistes seront consultés après le 26 janvier.

Enfin, nous devons réfléchir à l’activité du réseau. Nous avons beaucoup gagné en légitimité. Sans nous, la victoire du "Manifeste" était impossible ; cette victoire ne peut que nous conduire à poursuivre l’activité de FVR, mais il nous faut réfléchir à la situation nouvelle.

Des camarades sont en charge de responsabilités importantes dans le PCF, qui exigent disponibilité et qui vont les confronter parfois à de sacrées contradictions ; en même temps, le bougé stratégique nous permet d’être plus à l’aise dans l’activité du PCF qu’il faut investir sans complexe. Nous vivons cependant suivant nos fédérations des situations profondément inégales.

Nous avons identifié les faiblesses idéologiques (socialisme, histoire, situation internationale, marxisme), les efforts idéologique et de formation nécessaires qu’il faut stimuler : c’est le champ de bataille spécifique pour le réseau avec les rencontres internationales, la revue, les initiatives spécifiques...

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    Texte nr 3, Unir les communistes, le défi renouvelé du PCF et son résumé.

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