Biographie de Gilberte Serfaty, épouse Salem (Henri Alleg)

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Après le décès de Gilberte Salem (épouse de Henri Alleg), nous tenions à faire connaître la biographie de sa vie militante publiée par Alger Républicain.


Gilberte Serfaty, épouse Salem (Henri Alleg) est née à Mostaganem (Algérie). Dans son ouvrage « Mémoires algériennes » Henri raconte qu’il fit sa connaissance et celle de Lucette Larribère à l’agence de presse France-Afrique où elles faisaient partie comme lui de son équipe rédactionnelle. C’était dans les années 1945. Puis il ajoute : « Gilberte et sa sœur cadette Andrée avaient vécu leur adolescence à Mostaganem où leur mère tenait un magasin d’articles de mode. Leur père, un homme féru de musique et d’idées généreuses était mort quelques temps avant la guerre.

En application des lois antijuives de Vichy elles avaient été exclues, l’une du Lycée, l’autre de la faculté des lettres d’Alger. Elles en avaient souffert, mais la conséquence ne fut pas comme pour certains, une sorte de retrouvailles avec une « judéité » dont elles ne s’étaient jamais souciées. Elles étaient sans aucune concession, résolument antifascistes et dans leurs contacts avec les Algériennes et les Algériens, si pleines d’attentions et de respect que leur attitude apparaissait comme totalement hors norme, quasi étrangère à une Algérie où des comportements méprisants à l’égard des « indigènes » étaient la règle ».

Toutes les deux adhéreront au Parti Communiste Algérien au cours d’une réunion qu’il avait organisée et à laquelle Henri les avaient invitées. Il ne « cesse plus de la voir depuis la première réunion où il avait fait sa connaissance » écrit Henri dans ses mémoires. Ils se marieront en Juin 1946. Ensemble ils mèneront le combat anticolonialiste au sein du PCA ou dans les organisations populaires animées par les communistes, Gilberte à l’Union des Femmes d’Algérie et Henri à l’Union de la jeunesse Démocratique Algérienne.

Devenue professeur d’anglais, Gilberte elle ne manquera pas de mettre ses connaissances au service du Parti et de l’Union des Femmes d’Algérie en traduisant pour l’information les textes de ces deux organisations.

Elle sera présente dans toutes les batailles menées contre la guerre au Vietnam, les dangers de guerre qui planent sur le monde ou la répression coloniale qui s’abat sur les militants nationalistes ou communistes durant cette période qui s’étend entre la fin de la seconde guerre mondiale et le déclenchement en Algérie de l’insurrection nationale de novembre 1954.

Sanctionnée par son administration pour son action militante, elle quitte l’éducation nationale pour assurer des cours dans des institutions privées. Il faut en effet subvenir aux besoins de la famille, des deux enfants André et Jean qui sont nés en 1946 et 1952. Les revenus reçus par Henri quand il dirige la jeunesse, ou quand il sert la direction du Parti ou quand il est directeur d’Alger républicain sont maigres pour nourrir toute la famille.

Mais le plus dur se produit après novembre 1954 quand Henri est contraint comme plusieurs autres militants du PCA de rentrer dans la clandestinité pour échapper à une arrestation et poursuivre le combat anticolonialiste. Les enfants sont envoyés en France où des parents les recueillent afin que Gilberte puisse également apporter sa contribution au combat libérateur. Elle quitte leur logement du quartier de la Redoute où elle ne se sent plus à l’abri pour habiter en plein centre d’Alger dans un appartement de sa mère où elle se retrouve souvent au début de la guerre avec Henri.

Quand il sera arrêté le 12 juin 1957, Gilberte remuera ciel et terre pour le sortir des griffes des parachutistes qui le torturaient. Elle est si active pour sauver Henri que l’administration coloniale qui lui avait conseillée de « se tenir tranquille » l’expulse en France. Dés son arrivée en France elle poursuit ce combat pour sauver son compagnon. Elle l’aidera plus tard, vers la fin de la guerre d’Algérie alors qu’il est emprisonné en France, à s’évader de son lieu de détention.

Au lendemain de l’indépendance de l’Algérie elle obtient la nationalité Algérienne pour sa participation à la guerre de libération. Après le coup d’état du 19 juin 1965, elle quitte l’Algérie avec Henri auquel le Parti Communiste Algérien a confié la mission de participer à l’extérieur au rassemblement des forces démocratiques pour soutenir le combat du peuple Algérien vers le progrès et le socialisme. Gilberte ne cessera pas jusqu’à la fin de sa vie de militer avec discrétion mais toujours avec efficacité en défendant ses opinions tout en restant profondément fidèle à son idéal communiste. Elle poussait ses camarades à lui parler de leur vie militante mais elle se gardait bien de parler de la sienne. Peut-être pensait-elle que son action était maigre par rapport à celle des autres ? Non sa vie a été bien remplie pour changer le monde.

Alger républicain

20.04.11

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