« Le temps retrouvé d’une communiste »
Béziers, une ville en pleine lutte a encore le temps d’un vrai débat

, par  Danielle Bleitrach , popularité : 2%

Un débat autour de mon livre « Le temps retrouvé d’une communiste » est d’abord une rencontre avec l’humeur de la ville et la manière dont les militants communistes et proches (mes interlocuteurs) y vivent. C’est ma récompense, mon seul salaire, un voyage comme je les ai toujours pratiqué, un dialogue… Béziers, est le fief de Robert Ménard. L’antipathique communiquant, passé de "Reporters sans frontières" et son art de rassembler les « artistes » et autres paillettes et strass des droits de l’hommisme frelatés, financés par Publicis, à la gestion d’une ville dont il prétend incarner l’ordre provincial et petit bourgeois face aux trublions révolutionnaires.

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Quand j’arrive chez lui, Paul Barbazange, avec sa haute silhouette de Vercingétorix méridional, m’accueille devant le portail. Il revient d’un événement dont toute la ville bruisse. A Béziers m’annonce-t-il, il y a désormais une liste d’union PS-PCF-MRG, avec comme tête de liste un communiste Nicolas Cossange. Les membres de cette liste se battent pour éviter que Ménard étende son emprise. Ce vendredi matin, ils allaient à la rencontre de la population. Près de là, une émission de télévision, « Les grandes gueules » de RMC, avait installé ses studios dans une brasserie du centre de la ville, une sorte d’entente tacite entre le pouvoir et l’extrême-droite. Des grévistes, cheminots électriciens, intersyndicale, des avocats s’y rendent. Les communistes qui tractent, sans s’être concertés, se retrouvent là et soutiennent les grévistes qui demandent à passer à l’antenne. La discussion est ferme mais courtoise. L’émission propose qu’ils interviennent à la fin à 11h 35 ; les grévistes et le reste de la troupe savent que l’on peut couper et souhaitent intervenir à 10h après la page publicitaire. Refus. Les cheminots sont venus avec des instruments assourdissants, les cornes de brume avec lesquelles des chantiers sont prévenus qu’un train à grande vitesse approche. Ça rend sourd. L’émission avec probablement des ordres de Paris préfère s’interrompre plutôt que donner la parole aux habitants. Mais il n’y a eu aucun dégâts, aucun vandalisme comme il est tenté de le répandre, d’ailleurs le lendemain un tract de l’intersyndicale, CGT, FSU ,FO, Solidaires et Gilets jaunes rétablira les faits par rapport à Ménard et à l’émission qui laisse entendre avoir eu une attaque d’émeutier, en disant « Pour des grandes gueules, ils ont joué petits bras ».

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A Béziers, les manifestations sont parmi les plus importantes du département. Comme le dira le soir lors de ma conférence, en introduction du débat, le cheminot à la retraite qui gère le cercle qui nous accueille : « Cette grève ne ressemble à aucune autre, on avance vite, très vite dans la compréhension de ce qu’est le pouvoir  ». Ce que l’on peut attendre des médias a fait une nouvelle démonstration ce matin. Ménard faux-cul déplore l’absence de démocratie de ceux qui empêchent la télévision et il se présente lui et l’émission comme un rempart face aux émeutiers à qui l’on interdit le droit à la parole. Après plus de 40 jours de grève, c’est un miracle qu’il n’y ait pas plus de destruction face à un refus réel de concertation et un discours insultant sur ceux qui ne veulent pas discuter… Mais ceux qui vivent ça effectivement apprennent vite, très vite…

Oui c’est vrai, mais peut-être est-ce là le pas qui est le plus mal aisé à franchir, celui de la conscience politique et il ne s’agit pas seulement d’une base méfiante. Ceux qui mènent cette grève ne se font aucune illusion sur ce qu’on peut attendre des « institutions » telles qu’elles sont. Quelque chose a besoin de naître, non seulement un parti communiste qui s’assume enfin en tant que tel, mais aussi un parti qui soit pleinement le leur et qui se donne les moyens d’un changement de société, à partir de ce qu’ils sont et pas de ce qu’est un jeu politicien. Chacun cherche un chemin…

Mais revenons-en à la découverte de cette mobilisation, du fait que sans doute partout en France, des faits semblables se déroulent, se cristallisant autour d’un petit événement, la colère contre des médias qui mentent, censurent et de la conséquence sur mon débat. En constatant que cela fait des mois désormais que les communistes qui me reçoivent ont le nez sur le guidon, j’en déduis qu’ils doivent être épuisés, à mener de front grève et élections municipales. Plusieurs camarades m’ont téléphoné pour me dire qu’après les municipales, dans leur section ils prévoyaient de m’inviter parce que ceux qui avaient lu le livre voulaient en débattre, après. A Béziers, le risque a été pris de m’inviter dans un calendrier surchargé. Paul Barbazange, sa compagne Chantal « la marseillaise » qui est venue me chercher en voiture jusque chez moi, ont décidé de prévoir un débat au milieu de cette période. Ils me confirment dans mes craintes, il risque de ne pas y avoir grand monde et ce d’autant plus qu’à la même heures les cheminots sont en réunion et ont prévu une action. D’ailleurs, j’ai oublié de porter mes livres et eux d’en commander. Ils en ont déjà acheté 8 et se les font passer, cela sera bien suffisant ; ils ont prévu une trentaine de repas.

Quand j’arrive devant le cercle, une magnifique femme marocaine et son fils ont l’air de chercher, elle a un petit papier dans la main celui qui annonce ma conférence. C’est sa pédicure, une communiste qui lui a donné le tract, ce n’est rien, mais c’est cela la force de ce parti qui jadis était encore démultiplié par les cellules, chacun prend sa part de tâche, même s’il ne peut pas être présent, une responsabilité collective quand on est convaincus. Dans la salle, surprise, ils sont une cinquantaine, beaucoup plus que ce qui était prévu… La salle est pleine, j’en reconnais plusieurs, nous nous embrassons avec chaleur. Nanni me demande si j’ai des nouvelles de Gisèle Moreau, elle en garde un tel souvenir… C’est la famille… Ce n’est pas la première fois que je viens et les débats sont toujours animés, parfois un peu houleux, la dernière fois c’était avec Marianne, ils me demandent de ses nouvelles. Le dernier débat qu’ils ont fait récemment dans pareille situation, c’était sur l’écologie, avec un « docteur » de Cadarache, et ils n’étaient pas une vingtaine. Il y a même un camarade qui vient du fin fond du département, du Minervois, à côté de Narbonne. Il suit le blog et je découvre même lors du repas qu’il est parti en Chine, et qu’il s’apprête à y retourner. Il va constater sur le terrain, ce que nous publions Marianne et moi. Le lendemain, je téléphonerai à Marianne pour lui faire partager ma joie, il y a plein de lecteurs du blog ici, notre labeur n’est pas inutile… Mais il y a plus, il y a chez tous ces gens une vraie curiosité y compris pour l’histoire locale, les fouilles, la restauration d’une ferme médiévale et je renoue avec le temps où j’étudiais les chapiteaux, le pays cathare, Marie de Montpellier… Il y a des liens avec les chercheurs de l’université. Beaucoup d’amis de France-Cuba sont là. Aimé Couquet qui ne mènera pas la liste aux municipales mais demeure toujours aussi actif a déjà lu le livre. Lui et Paul sont en train de passer la main aux jeunes mais ils sont en pleine forme et avec une expérience, un dévouement venu d’un autre âge… C’est un monde et c’est ça que j’aime découvrir, toute cette richesse intellectuelle, cette curiosité aux autres…

JPEG Face à tous ces gens amicaux, je laisse tomber le texte préparé et nous décidons de parler de "nous", c’est ça qu’ils attendent, mais aussi mon « franc parler » comme ils disent. D’ailleurs un camarade, un ancien gazier qui vient de prendre sa retraite et fait de délicieuses confitures, dit, après m’avoir entendu raconter me pérégrinations dans le vaste monde : « Moi, je n’ai pas fait comme toi le tour du monde, mais ce que tu as constaté en Hongrie, je l’ai vécu ici sans avoir à bouger. La fin de ma cellule d’entreprise alors même que le pouvoir privatisait. Ceux qui au nom du parti sont venus tenter de nous faire tout accepter et même voulu nous faire changer de nom… l’ancien ministre ». Je vois de qui il parle et j’ajoute que nous, nous l’appelions « gyrophare ». C’est un fou-rire général, la complicité entre nous, voilà l’essentiel… Une femme calme, posée, mais déterminée, explique « Nous communistes, nous sommes des gens de conviction. C’est ça dont ils ne veulent plus. Ils essaient de nous effacer et pas seulement dans les livres d’école, il s’agit de la société, des valeurs de partage, de solidarité, de dignité ouvrière que nous incarnons, il faut effacer l’œuvre d’Ambroize Croizat, non seulement ils en escomptent du profit mais il ne doit plus rien rester de ce que nous avons créé. ». C’est très profond, sans pathos, un constat de classe. Au repas, un ancien postier me décrit l’esclavage de ceux que l’on vient d’embaucher : « Les électriciens avaient coupé le jus, ils leur ont ordonné de trier à la main et avec une lampe de poche… ils ont dû accepter, j’avais honte pour eux, je le leur ai dit. Ils ont baissé les yeux et continué, c’est à ça qu’ils veulent tous nous réduire ».

Le débat s’engage sans fard, à l’inverse des débats publics pour la liste, ici on peut parler de tout, dire ce qu’a apporté le 38ème congrès, mais aussi ses limites. Un camarade dit sa déception en particulier face à ce qui se passe réellement au Sahel, l’impression que sur le plan international triomphe la vieille équipe. Nous explorons la réalité de nos avancées, la censure qui continue à régner, la distance prise avec une "Humanité" qui n’est plus la leur. Nous détaillons ce qui va, ce qui freine… C’est là que le cheminot retraité qui a vanté l’originalité de la grève m’interpelle sur « ma vérité », mais aussi celle des militants qui ont besoin de s’exprimer, ce débat franc dont nous avons tous besoin. Beaucoup de choses dites tournent autour de la situation, la combativité du biterrois et pourtant la difficulté à faire adhérer ces jeunes qui se battent et qui accueillent volontiers les militants communistes mais n’adhèrent pas. De quel parti avons-nous besoin, ont-ils besoin ? Qu’est-ce que les plus âgés d’entre nous, comme nous, avons à leur transmettre, qui peut aider ? Certainement pas ce délire trotskiste dont on nous berce et qui conduit à 2% et qui consiste à dire : « Tous les socialismes existants ont été et sont des dictatures mais faites-moi confiance à moi, je vais vous mitonner le socialisme idéal, celui qui n’a jamais existé ». Personne ne peut croire à cela, et surtout pas les Français qui sont des gens très politiques, très rationnels. J’aime bien ce mélange de raison et d’idéalisme, de curiosité intellectuelle et de scepticisme matois qui m’a toujours paru si caractéristique des communistes. Parce qu’au même moment où ils protestent contre l’image que certains donnent de l’URSS et de la Chine, le lâchage du Venezuela, ils sont capables de dire : « On a déjà donné avec l’URSS, on va pas se mettre à suivre tout de la Chine ! ».

Je comprends ce qu’ils expriment et je leur dis mon sentiment : « Ce ne sera plus jamais cette manière de suivre les yeux fermés… Le parti m’aurait fait faire n’importe quoi. Maintenant j’ai appris à réfléchir à ce à quoi on m’invitait. Il ne faut pas que l’amertume, la défiance l’emportent, mais il faut que la conviction soit construite. Il y a toujours eu ce débat, cette réflexion collective, mais là ça doit être plus que jamais, pas le tout ou rien… ce qui va et ne va pas… en fonction de quoi ? ».

L’idée s’approfondit qu’il faut un parti révolutionnaire, mais pas des braillards, des excités à la Mélenchon, non un parti sérieux qui propose la sécurité, le droit à une vie honnête pour soi et les enfants, pas de charité, un travail, des soins, des protections, un avenir. Le contraire de ce que veut un parti au pouvoir fauteur de trouble et de violence. « Ils », les capitalistes et leur petit personnel politicien et médiatique, « ils » iront jusqu’au bout de leur capacité de destruction, nous sommes d’accord sur le diagnostic. La question du socialisme correspondant à ce que nous sommes, est en gestation, à peine esquissé. C’est de cela dont est gros ce mouvement, et ceux qui viendront parce que l’affaire ne fait que commencer… Il serait temps d’avancer et pas se contenter du coude à coude avec la gauche plurielle, comme si le mouvement ne devait espérer qu’une recomposition digne de l’époque de Mitterrand. Il faut à la fois l’union mais aussi l’affirmation du communisme, projet de société contre projet de société. Comme il faut être le parti de la sécurité, de l’ordre et nous enrichir de ce désir de révolte, de tout bouleverser. Il faut trouver les moyens de transmettre mais pour mieux aborder l’avenir. La mémoire, notre mémoire, le sujet de mon livre porte bien sur ce qui est en question. Un camarade dit « Il ne s’agit pas de reconstruire, il s’agit, vu tout ce qui a été détruit, de construire ». L’intelligence collective, l’écoute attentive, même si parfois certains protestent devant ma manière de passer d’une époque à une autre. Ils aimeraient un tableau chronologique. Le soutien à Robert Ménard de l’Humanité c’est en 2000 ou en 1996 ? 1995 ? Si c’est ce dernier chiffre, en pleine période spéciale où Cuba joue sa survie, c’est terrible, c’est comme si aujourd’hui on tirait dans les pattes des grévistes… Partout on me fait le même reproche, il faut reconstruire la chronologie parce que cela permet à chaque mémoire de s’insérer dans l’Histoire. Ils aiment bien ce désordre apparent d’une vie de femme avec ses joies, ses peines avec la grande Histoire, celle qu’ils n’ont jamais pu s’expliciter, mais ils ont besoin de préciser pour que cela devienne leur vérité à eux… Peut-être ont-ils du mal à accepter ce qui est différent, l’ouverture sur la famille juive polonaise… mais ils s’y retrouvent avec Krasucki et mon mépris de Walesa.

Enfin pour conclure, je voudrais ajouter quelque chose qui m’a beaucoup touchée, le nombre de femmes qui avant et après le débat m’ont toutes interpellée dans les mêmes termes : « Comment as-tu vécu le fait d’être une femme et dirigeante, d’avoir une telle vie ? Cela devait être doublement difficile, on nous a tellement fait taire ». Je les écoute et je me dis qu’effectivement la manière dont j’ai été traitée dans ma fédération les Bouches du Rhône, dont je suis encore traitée par ces gens-là et par la direction d’une presse qui ne se dit même plus communiste, a aussi cette dimension-là… Il y a dans ma fédé une lâcheté collective qui est bien celle que l’on réserve aux femmes… mais en leur répondant, je leur dis et je suis sûre d’être entendue, que cela nous donne plus de force parce que nous n’attendons pas grand-chose, nous ne sommes pas brisées dans des ambitions qui ne sont pas les nôtres. Nous sommes plus affectives, quand nous nous engageons, c’est une grande force. Si un certain féminisme me tape sur le système, je reste profondément féministe et je sais à quel point l’entrée massive des femmes dans les luttes apporte quelque chose de vrai, de réaliste, comment dire, une revendication du "tout", peut-être que cela contribue à l’exigence d’une véritable changement à l’opposé d’un rafistolage dans les couloirs d’une assemblée. C’est compliqué parce qu’il ne faut pas non plus fantasmer l’apport de chacun, mais être simplement attentif à toutes ces nuances d’un monde qui bascule dans une nouvelle ère.

Il n’y avait pas de livres à vendre. Paul Barbazange a vendu son exemplaire au camarade venu du Minervois et il a pris cinq commandes et fait une adhésion, l’amie marocaine qui m’a accueillie et qui cherchait la salle, elle est devenue française et souhaite l’être pleinement, elle a écrit un livre sur les femmes marocaines.

Danielle Bleitrach
Le 18 janvier 2020
Tiré de son blog "Histoireetsociété"

PS. Le 6 février, je suis à Martigues, j’hésite encore, c’est la librairie Alinéa qui a organisé ce débat. En revanche, j’attends beaucoup des deux jours de rencontre le 29 févier et le 1er mars à Reillanne en Haute Provence et d’autres qui se préparent. Peut-être que je dois renoncer à ce débat à Martigues, je vais décider en début de semaine. Quel étrange paradoxe, je vais de débats en débats prôner l’engagement, dire à quel point il n’y a rien d’autre que le PCF, et là où je vis, je les fuis... La confiance chez moi c’est comme les allumettes, cela ne sert qu’une fois, ça ne le sera plus jamais dans cette ville de Marseille, dans cette fédération, je ne veux même pas savoir… J’explique à Chantal que les pygmées quand ils veulent réprimer un de leurs délinquants se contentent de l’ignorer pendant un temps déterminé... Moi je suis le seul pygmée de ma tribu et à moi toute seule je frappe d’interdit… Cela lave, me libère, me rend disponible à toutes ces interrogation que je sens monter autour de moi, je me désencombre… J’ai toujours agi comme ça pour conserver l’essentiel, le désir d’être… Dans le train, je discute avec un merveilleux jeune homme, un ingénieur de 26 ans… Il est pur, malicieux pourtant, c’est profond, c’est une vie, l’engagement, l’amour, je tente de lui passer le témoin, sans l’encombrer de certitudes hors de saison, il a compris, il n’a de sens que par rapport aux autres, il faut partir de là, il ne faut pas reconstruire, il faut construire… mais il y a des gens avec qui c’est désormais impossible…



Le temps retrouvé d’une communiste. Mémoires.

(Compte rendu de Jacques Cros de la section de Béziers)

C’est le titre du livre produit par Danielle Bleitrach qui est venue en parler ce vendredi 17 janvier dans le cadre d’un repas à thème du cercle populaire Joseph Lazare. L’assistance était assez nombreuse, 55 personnes ont été comptabilisées. Le soin de présenter la conférencière, qui était déjà venue au 2 de la rue Voltaire, avait été confié à Paul Barbazange.

Celui-ci a d’abord évoqué le conflit social que l’on vit en ce moment avec la question du projet de retraite à points. Un conflit qui s’est installé dans la durée et qui pose la question de savoir sur quoi bute cette revendication, majoritaire dans la population. Un deuxième point a également été évoqué, les élections municipales, pour lesquelles une liste d’union conduite par Nicolas Cossange est déjà en campagne.

Danielle Bleitrach a donc rédigé son ouvrage à partir de son vécu de militante communiste qui a eu des responsabilités nationales au sein du PCF. Elle n’embellit pas ce qu’a été son parti, mais elle refuse de renier son histoire. C’est que la tentative a été forte de le mettre en cause alors qu’il a fait front à l’offensive constante du capitalisme.

Cette reconnaissance de son passé éclaire le présent et participe à la construction de l’avenir. Il est décisif dans cet objectif que les communistes s’approprient leur histoire. Élément significatif : en Russie 70 % des gens regrettent la période soviétique.

La tension sociale exacerbée que nous vivons impose une réflexion sur la nécessité d’une réponse politique à la crise socio-économique que nous connaissons. Si, comme nous en sommes convaincus, c’est la logique du fonctionnement de notre société fondée sur le profit et partant sur l’exploitation capitaliste qui fait obstacle, il faut dégager une perspective claire et décisive de rupture avec notre système social. Et dans cet objectif, nous avons besoin d’un parti révolutionnaire, c’est-à-dire d’un parti communiste dégagé des idées réformistes.
Une telle idéologie social-démocrate avait imprégné la direction nationale du PCF. Elle avait réussi à obtenir la suspicion des adhérents sur la validité de son secrétaire national Georges Marchais avec la baisse sensible de son score lors des élections présidentielles de 1981.

Plus près de nous en 2003 alors que nous étions confrontés à la guerre en Irak et à la question des retraites, déjà attaquées par le pouvoir de la finance, on n’avait trouvé rien de plus urgent que de participer à une campagne dans laquelle s’était illustré Robert Ménard sur la liberté dans les pays socialistes, notamment Cuba.
Les échanges qui ont suivi la conférence de Danielle Bleitrach ont permis de revenir sur cette période dont nous avons connu les effets nocifs à Béziers. Où en est-on aujourd’hui ? Des appréciations assez divergentes ont été données.

Si ce qui se passe au Mali où la présence du corps expéditionnaire français est contestée par la population a fait consensus, les tensions qui se sont développées au Moyen-Orient entre les USA et l’Iran sont source de positions différentes. La République islamique de ce dernier pays ne paraît pas un modèle de démocratie a estimé un intervenant.

Ce que devient la Chine a été l’occasion à la conférencière de faire état d’un point de vue qui nous a paru intéressant. Devant les succès économiques qu’elle enregistre, les puissances capitalistes entendent la faire rentrer dans leur camp, cependant qu’elle continue à être mise en cause au niveau de ses insuffisances en matière de démocratie.

Une critique sévère a été portée contre certaines personnalités socialistes, notamment sur le colonialisme et les guerres menées pour tenter de le perpétuer. Cela a été le cas avec l’Algérie et on attend toujours la reconnaissance que le vote des pouvoirs spéciaux le 12 mars 1956 par les députés communistes qui accordait la confiance au gouvernement de Guy Mollet a été une erreur.

Des interrogations ont été formulées sur la pertinence de certaines positions actuelles du parti communiste. S’est-on débarrassé des errements que nous avons connus au temps de Robert Hue et de la mutation qui avait tenté de liquider les acquis révolutionnaires d’un parti dont certains voulaient effacer le mot « communiste » ? On sait ce à quoi a conduit l’eurocommunisme, à la disparition des partis qui pouvaient offrir une alternative. C’est le cas en Italie, en Espagne, au Mexique… réduisant considérablement l’audience que le PCF avait au plan international.

Cette initiative d’un débat qui concerne les communistes dans leur passé, leur présent et leur avenir ne s’est pas trouvée en porte à faux par rapport à l’actualité sociale caractérisée par une mobilisation inédite pour la défense du système de retraite par répartition. L’attaque subie contre des conquis qui datent de la Libération rend compte de la violence d’un pouvoir qui entend assurer le développement du capitalisme, quelles qu’en soient les conséquences désastreuses pour le peuple. A ce propos la dernière phrase du livre « Le temps retrouvé d’une communiste. Mémoires. » qui porte sur la violence, est on ne peut mieux adaptée à la situation.

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Ce repas à thème du cercle Joseph Lazare qui était en concurrence avec une réunion des syndicalistes a connu un succès indéniable, tant au niveau de la participation qu’à celui de sa teneur, qu’il s’agisse de l’exposé ou du débat qu’il a généré. C’est qu’en fait la nécessité d’une réponse politique au blocage du capitalisme sur des besoins incontournables est largement reconnue.

Le repas lui-même ? Au menu figurait de la choucroute et la troisième photos qui illustre notre compte-rendu et que nous a fournies Chantal montre à l’évidence que les convives ne se laissent pas abattre par l’adversité.

Jacques Cros
Tiré de son blog "Cessenon"

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    Les résultats de la consultation des 16, 17 et 18 juin sont maintenant connus. Les enjeux sont importants et il nous faut donc les examiner pour en tirer les enseignements qui nous seront utiles pour l’avenir.

    Un peu plus d’un tiers des adhérents a participé à cette consultation, soit une participation en hausse par rapport aux précédents votes, dans un contexte de baisse des cotisants.
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    Texte nr 3, Unir les communistes, le défi renouvelé du PCF et son résumé.

    Signé par 626 communistes de 66 départements, dont 15 départements avec plus de 10 signataires, présenté au 37eme congrès du PCF comme base de discussion. Il a obtenu 3.755 voix à la consultation interne pour le choix de la base commune (sur 24.376 exprimés).