Bénin, une élection excluant la majorité du Peuple Bénin : Déclaration du PCB

, par  Gilbert Kouessi , popularité : 2%

Philippe Noudjenoume
Premier Secrétaire du Parti Communiste du Bénin
Président de la Convention Patriotique des Forces de Gauche

Adresse XXI

Au peuple béninois, aux travailleurs et à la jeunesse

A propos de la campagne électorale
Lancée par le Chef de l’Etat Patrice Talon et le Président de la CENA Emmanuel Tiando

Comme dans une symphonie de musique, harmonisée et réglée d’avance et dans un partage de rôle parfait, ce jeudi 11 avril à 20 heures, le Président Patrice Talon et le Président de la CENA, Emmanuel Tiando ont lancé la campagne électorale pour les élections législatives pour le 28 Avril 2019. L’un donnant le coup de gong de départ pour la campagne, le second fournissant aux journalistes et à ses partisans, les éléments fondateurs de cette campagne.

Tous ceux qui se nourrissaient encore d’illusion sur la possibilité pour Patrice Talon de surprendre le peuple en revenant sur les choses pour des élections consensuelles et "inclusives", en auront eu une amère déception. Droit dans ses bottes, Patrice Talon réaffirme sa détermination d’organiser les élections monocolores, une élection d’exclusion non pas de "l’Opposition" comme on a l’habitude de dire, mais d’exclure l’ensemble du peuple des prochaines élections législatives. Car pour lui, il n’y a jamais eu d’impasse. Il n’a jamais utilisé ce mot. Que seulement les seuls partis de la mouvance présidentielle soient en compétition ! Cela ne gêne point, car « la compétition politique est par définition sélective ». Il a défendu bec et ongle l’article 242 du Code électoral. La responsabilité de toute cette situation incombe aux partis de l’Opposition… etc. Tels sont en substance les axes essentiels des déclarations du Président de la République.

Tout cela fait apparaître Patrice Talon comme le seul chef d’orchestre de la situation, le réel César des temps modernes. La dictature autocratique s’est ainsi encore une fois affirmée, arrogante, méprisante à l’égard de l’ensemble du peuple étalant sous nos yeux ébahis, la litière sur laquelle s’étale le cadavre de notre Démocratie si chèrement acquise.

Béninois, Béninoises,
Mes Chers Compatriotes,

La mesure d’exclusion actuellement combattue par l’ensemble du peuple doit s’entendre en deux modalités : l’exclusion financière et l’exclusion administrative.
Avec l’adoption des lois portant Charte des partis politiques et Code électoral des dispositions assassines de 1150 membres pour la création du parti et de 249 Millions soit 380.000 euros comme caution pour les élections législatives, c’est l’exclusion des couches pauvres et semi-pauvres (plus de 3/4 de la population) de constituer des partis politiques et du droit de prétendre se faire élire comme député au Bénin. C’est en fait la plus grande exclusion.

L’exclusion qui fait déborder le vase est celle administrative et qui consiste à écarter par des mesures administratives, (l’institution illégale d’un certificat de conformité, l’exigence d’un quitus etc.), les partis de l’opposition de leur participation à la prochaine élection législative.

Pourquoi cette exclusion ? C’est parce qu’il est constaté au niveau du pouvoir de la Rupture qu’en cas d’élection inclusive, le pouvoir de Patrice Talon mordrait la poussière. En clair si on présentait n’importe quel parti d’opposition contre des partis de la mouvance, celle-ci est battue à plate couture. En clair, il s’agit d’éviter toute opposition dans le processus électoral, sinon c’est la fin de son pouvoir autocratique.
Mais pourquoi y-a-t-il un rejet si massif par le peuple du pouvoir de la Rupture ? Et pourquoi les masses populaires sont-elles si déterminées à sanctionner le pouvoir de Patrice Talon ?

C’est à cause de la politique menée depuis trois ans par ce dernier contre l’ensemble du peuple ; tant au point de vue des conditions matérielles d’existence (déguerpissement des espaces publics sans solution d’accompagnement ; licenciement et mise en chômage massif des milliers de travailleurs, mise en chômage des jeunes, des femmes ; institution de nombreux impôts et taxes à l’encontre des artisans, des paysans ; harcèlement des opérateurs économiques concurrents ; main-basse sur les ressources du pays par le clan au pouvoir ; précarisation des conditions de travail des travailleurs tant du secteur privé que de la fonction publique avec la loi sur l’embauche, loi sur la fonction publique, etc.) que du point de vue des libertés (suppression du droit de grève, code pénal, code numérique, arrestations et détentions arbitraires des opposants politiques, etc.).
Les travailleurs des villes et des campagnes, jeunes, vieux, femmes, doivent aujourd’hui se lever contre le pouvoir tyrannique de Patrice Talon en ses deux exclusions : celle financière et celle administrative ; ils doivent se lever pour se battre pour la satisfaction de leurs conditions matérielles et pour les droits et libertés élémentaires dont ils sont aujourd’hui privés.

Béninois, Béninoises,
Mes Chers Compatriotes,

Dans l’adresse que j’ai faite au Peuple en date du 5 mars 2019 au lendemain de l’annonce de l’exclusion des partis de l’opposition des prochaines élections législatives, je disais ceci

« Nous sommes à la dernière frontière : celle au-delà laquelle la liberté n’existe plus : cette frontière, c’est la négation du droit de suffrage : c’est le droit réservé au citoyen de sanctionner par son bulletin le gouvernement fautif, c’est le droit de désigner par un vote libre et transparent le représentant de son choix….
Devant une telle situation dramatique, devant une telle épreuve que puis-je vous dire ? Je reprends pour vous cette pensée de Jean Jacques ROUSSEAU "Quand un peuple ne défend plus ses libertés et ses droits, il devient mûr pour l’esclavage"
 ».

Peuple béninois, compatriotes de l’intérieur comme de la diaspora,
De toutes les libertés, la liberté de suffrage, le droit d’aller désigner celui qui peut vous représenter à l’Assemblée est l’une des plus importantes. On ne saurait jamais le marchander quoi que cela puisse coûter.

C’est pourquoi, je vous appelle, je nous appelle à :
1°- Partout, s’organiser en des Comités de Résistance et d’Action dans les arrondissements, dans les communes, pour empêcher le hold-up en préparation.
2°- Faire honte partout sur toute l’étendue du territoire national aux candidats-députés fonctionnaires de Patrice Talon à tous les lieux qu’ils se présenteraient devant le peuple affamé et privé de liberté.
3°- S’opposer par tous les moyens légaux et légitimes à des élections exclusives et dire non aux hold-up électoraux.
3°- Exiger partout dans tous les foyers, les marchés, les rues, les ateliers, les champs la suppression de la caution des 249 millions CFA (380.000 euros)
4°- Se battre pour les conditions matérielles fortement dégradées sous le pouvoir affameur de Patrice Talon et pour les libertés démocratiques illégalement confisquées.

Peuple béninois !

Il n’y a pas de situation politique insurmontable pour le peuple. Je ne puis vous promettre les fleurs, la joie et la tranquillité. Non. Mon appel est à l’esprit de sacrifice, à l’esprit de générosité, à l’esprit de solidarité face aux dures exigences de l’heure. Je ne vous demande que l’effort, la détermination pour « vaincre la fatalité ».
Notre peuple vaincra !

Enfants du Bénin debout !
Cotonou, le 12 Avril 2019.

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