A propos de la Conférence du PCF , quelques réflexions en contribution au débat

, par  Danielle Bleitrach , popularité : 5%

Hier la Conférence nationale s’est prononcé à 53,6% pour un candidat communiste et non le soutien à Mélenchon. Ce qui est totalement inusité, quand on connaît le légitimisme du parti, c’est que ce vote intervient en opposition avec la proposition du secrétaire national et d’autres dirigeants de soutenir Mélenchon. Le Congrès déjà avait été celui de l’immobilisme, mais il témoignait d’un affaiblissement de la direction nationale divisée et affaiblie. C’est un nouvel acte de tranquille indépendance sans destruction.

Certes tout n’apparaît pas clair dans cette invitation de Pierre Laurent à voter Mélenchon ? Comme d’ailleurs l’attitude de la dite direction tentant de minimiser le choix pourtant sans ambiguité de la Conférence, choix devenu dans la déclaration du secrétaire du 50/50. On peut imaginer tout y compris le bourrage des urnes face au vote des militants ou même si on est un tantinet tordu d’y voir la tentative des mêmes pour nous obliger à des primaires refusées par la majorité des communistes.

Voici les termes de l’alternative sur laquelle la direction nationale prtend faire voter les communistes :

Tout en poursuivant nos efforts en faveur d’une candidature commune de la gauche d’alternative à l’austérité, pour l’élection présidentielle, le PCF choisit de s’engager sans attendre pour :

L’option 1 : les communistes décident d’appeler à voter pour Jean-Luc Mélenchon, considérant qu’un rassemblement peut s’opérer avec cette candidature et qu’elle porte une grande partie des propositions de la gauche alternative à l’austérité. Tout en poursuivant leur effort pour une candidature commune, les communistes porteront cet appel en conservant leur autonomie, critique et constructive, et travailleront pour cadre collectif de campagne afin d’œuvrer à la construction d’un rassemblement le plus large possible.

L’option 2 : les communistes décident de présenter une candidature issue de leurs rangs, considérant qu’elle est le moyen de porter dans le débat nos propositions et notre démarche de rassemblement. Cette candidature pourrait à tout moment, sur la base d’un accord politique, se retirer au profit d’une candidature commune d’alternative à l’austérité telle que nous le proposons si nos efforts en ce sens aboutissent. Si c’est cette option qui est retenue par les communistes, le Conseil national soumettra le choix d’une candidature à la ratification des communistes dans les trois semaines qui suivront ce choix

. Vote blanc :

Donc la vraie question est celle d’un candidat communiste jusqu’au bout. C’est là je crois le sens du vote de la conférence nationale et qui risque d’être détournée par la formulation. En effet depuis des années, les militants communistes tout en votant les bases communes dans la plus pure tradition se sont opposés de fait à toutes les tentatives de liquidation de leur parti, y compris au changement de nom.

Il y a bien sur dans cette attitude un attachement viscéral à leur parti, mais il y a la conscience de la crise que traverse le monde et notre pays, la nécessité d’une restauration de la politique qui en finisse avec le mépris des aventures individuelles au profit d’une force collective désintéressée, progressiste qui s’ancre dans le désir de chacun de la paix et de la justice sociale.Un parti qui organise les résistances et offre une perspective qui va bien au-delà d’une élection présidentielle dont il n’y a pas grand chose à attendre. Ce parti doit être une force collective ancré dans les préoccupations de la classe ouvrière, des travailleurs, de ceux qui souffrant sous des formes multiples de cette société et qui de ce fait sera capable de faire face à la pression du capital et des puissants.

Et l’enjeu de cette conférence nationale au sortir d’un Congrès qui ne menait à rien, et nous a fait perdre beaucoup de temps, était bien l’existence du PCF. Chacun le conçoit désormais à sa manière mais il y a quelques données de base dont nous devons partir pour reconstruire. Chaque élection, chaque échéance, chaque rendez-vous de nos luttes doit être pensé dans ce sens pas celui de la promotion d’un individu.

Le vote en faveur de Mélenchon signifiait clairement la fin du PCF, la fin d’un groupe communiste autant que la fin du parti. Melenchon pour lequel je le répète je n’ai aucune antipathie personnelle et dont les positions internationales sont souvent plus courageuses que celles de la direction du PCF, de fait poursuit la grande oeuvre de Mitterrand : en finir avec le PCF, lui substituer l’aventure solitaire largement gonflée actuellement comme en 2012 par les médias et qui laissera tous ceux qui veulent résister dans la situation où l’ont été en 2012, les militants de Henin Baumont après la poursuite dans les législatives d’une candidature personnelle pour toute réponse à l’implantation du FN.

J’ai lu quelques textes extraordinaires excédant les rangs des refondateurs sur l’opportunité d’une telle candidature. Par exemple, il y a eu l’affirmation que Mélenchon représentait la fin du PS. Le PS n’a pas besoin de Mélenchon pour s’autodétruire, en revanche comme Mélenchon c’est le PS il peut être l’occasion de poursuivre la destruction du PCF sous une forme renouvelée. Il y a bien des illusions autour de la candidature de Mélenchon, ce n’est pas la première fois. Il y a l’expérience de 2012, et celle des aventures grecques, mais il y a aussi la manière dont Mitterrand a été lancé par l’extrême-gauche de la SFIO, le CERES, pour se présenter in fine au-dessus des partis. Mitterrand est le grand inspirateur non seulement de Hollande mais de Melenchon et de bien d’autres

Il y a ceux qui croient que Mélenchon a des chances d’être présents au second tour voir de l’emporter. Ils n’ont visiblement tiré aucune leçon de la campagne de 2012, de la manière dont sont artificiellement gonflé les scores du dit Mélenchon et ne voient pas à quoi sert une telle opération. Sans donner dans le complotisme on peut effectivement penser qu’une élection surtout présidentielle peut donner lieu à toutes les manipulations pour créer un favori y compris repoussoir face à un autre repoussoir, pour aboutir à un choix orienté type celui des Etats-Unis.

Mais tout cela est encore secondaire par rapport à l’argument fondamental lui que j’ai entendu chez de nombreux camarades engagés dans la lutte contre la loi travail : « Nous avons eu un trés grand mouvement qui a montré le véritable visage du PS et il faut un candidat qui symbolise ce changement » disent-ils. Outre le fait que les candidats communistes et front de gauche se sont bien conduit dans cette bataille, faisant la démonstration de l’utilité d’élus communistes, est-ce qu’on peut offrir comme débouché à cette prise de conscience de classe justement :l’hypothèse Mélenchon ? L’aventure d’un individu sans aucune garantie collective, capable de dénoncer ses alliances.

Non la véritable question n’est pas celle de Mélenchon, de ses qualités ou défauts personnels, mais bien celle d’un candidat communiste émanant d’un véritable parti communiste, un grand chantier à mettre en oeuvre. Je regrette que le Congrès nous ait fait perdre beaucoup de temps dans notre manière d’aborder cette question, que nous n’ayons pas utilisé la fête de l’humanité pour une telle mobilisation et que nous nous retrouvions à la veille des échéances devant une direction qui semble bien décidée à jouer la montre en nous faisant perdre notre temps en tentant de provoquer des divisions mortifères.

Il faut apprécier à sa juste valeur ce vote des communistes à la conférence nationale, il manifeste non pas un dépassement de toutes nos difficultés celles-ci demeurent, mais il dit le refus des communistes d’approuver la fin de leur parti quelle que soit la forme que l’on prétend donner à cette fin. Il faut poursuivre en ce sens et partir des exigences du moment pour commencer à reconstruire.

Danielle Bleitrach

Voir en ligne : sur le blog histoire et société de Danielle Bleitrach

La cure m’épuise, je tombe de sommeil et je demande donc à chacun d’être indulgent sur les insuffisances de ce texte qui ne prétend être qu’une contribution au débat.

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