Non, c’est l’instrumentalisation par Gerin de l’immgration afin de faire perdre le Front de Gauche qui est l’enjeu de cette polémique. A vous lire, il n’y aurait qu’à Venissieux qu’il y a de la solidarité, des parrainages républicains, des manifestations pour les peuples opprimés, des actions antiracistes. Désolé, mais voir Gerin lancé son appel du 18 juin contre la burka, et être soutenu par 43 élus U.M.P., le voir être salué par Copé, Rama Yade, et l’infâme Eric Raoult, cela lui fait perdre toute crédibilité. Il tient un rôle à part entière dans ce qui a amené au débat sur la "laïcité" qui était surtout un débat islamophobe. Voici sa contribution, personnelle, au racisme sarkozien.
Ce qui me stupéfait, c’est qu’André n’est pas raciste, et a combattu le F.N. avec fougue, je dirais qu’il l’a contenu. Alors pourquoi ces dérives ?
Il est une chose d’expliquer que le capitalisme fait des êtres humains -tous, les pauvres du monde- sa variable d’ajustement, et notamment des immigrés. Il est une autre chose : nous sommes des êtres humains et nous ne nous ressentons pas comme des variables d’ajustements.

Quand j’étais en Algérie, j’ai connu des algériens qui aimeraient venir en France, qui ne se sentent pas des variables d’ajustement (ils sont dejà exploités par leurs patrons dans leurs propres pays) : ils voudraient rejoindre de la famille, échapper à une coercition sociale et politique, venir vivre avec leur amoureuse, etc. C’est le consulat français qui les bloque, les jette dans des abîmes de dépressions nerveuses (oui !), puisque Sarkosy a donné l’ordre de mettre un tour de vis sur les visas aux consulats. Je trouve immonde d’être contre l’immigration régulée, car elle l’est comme elle ne l’a jamais été. La France est une forteresse, comme l’Europe. Gerin en est un des alliés objectifs, quelles que soient ses arguments.
Je ne parle pas des immigrés qui ont du fuir des persécutions, les réfugiés politiques, économiques, et désormais climatiques. Puisqu’il ne faut pas tous les régulariser, faut-il cautionner le ministère de l’Identité National ? Et peut-on arguer de l’exploitation des immigrés par le MEDEF pour s’en faire complice sur un point théorique (car je ne parle pas de la générosité des habitants de Venissieux et de la mairie auprès des expulsables) ?
Arrive-t-il à Gerin d’imaginer que ces sans-papiers peuvent faire avancer le progrès social dans notre pays ? La lutte des salariés sans-papiers pour la reconnaissance de leurs droits, épaulés par la C.G.T., est à mon avis beaucoup plus nobles que les arguties de Gerin sur le capitalisme.
Pour moi, c’est dans toutes ces dangereuses confusions que "Gerin s’est perdu".

La vérité est que notre député communiste veut aider les gens "malgré eux" en jetant l’opporobre sur l’immigration. Il est trop intelligent pour que sa formulation ne soit pas bien choisie.
"L’immigration n’est pas une chance pour la France"...
Avant que la France ne porte son nom, l’immigration a toujours été une chance pour la France, terre de brassage, où plus qu’ailleurs le mot "race" ne veut rien dire.
Hé bien si, l’immigration est une chance pour la France, culturellement, économiquement, y compris en terme de fécondité pour ce pays qui vieillit moins que les autres pays européens.
Ce n’est pas l’immigration qu’il faut stopper, mais le capitalisme qui l’instrumentalise : il ne faut pas inverser les termes de l’enjeu !
Pour cela, renversons le gouvernement du MEDEF, passons devant le P.S. et ses hésitations sociales-libérales. Et c’est ce que veut le Front de gauche que Gerin combat avec tant d’amertume.

Le plus cocasse dans cette histoire, c’est que Melenchon ne supporte pas non plus le voile intégral, qui selon lui supprime la liberté de celui qui la porte, et de celui qui est devant cette personne dont il ne peut voir le visage, et donc le sens de ses expressions.

Laissez-moi terminer ainsi, sur un ton un peu provocateur (c’est de bonne guerre, vu comment vous y allez) : pour moi, l’immigration est devenue la variable d’ajustement de Gerin contre le Front de Gauche. Que ce soit conscient ou non. Et ça, je n’ai besoin de personne, personne, m’entendez-vous, au P.C.F., au F.D.G., pour le ressentir.

cordialement.