Prendre la mesure de la fracture politique et sociale, reconquérir le monde du travail !

, par  Yves Cormillot

Le 26 juillet 2021 à 21:21, par Yves Cormillot En réponse à : Prendre la mesure de la fracture politique et sociale, reconquérir le monde du travail !

Les raisons de la dépolitisation et de la désyndicalisation

Sur le plan politique, de plus en plus de citoyens rejettent les partis et, lors des élections, un nombre grandissant d’électeurs se réfugie dans l’abstention ou dans les votes sanctions.

Mis à part les élections présidentielles, la désertion des bureaux de vote aux différents scrutins n’est pas une nouveauté puisque le taux d’abstention est passé ;
• de 18,9% en 1965 à 51,3% en 2017 aux élections législatives ;
• de 21,8% en 1965 à plus de 30% de 1995 à 2014 pour atteindre 55,4% en 2020 aux élections municipale ;
• de 22,07% en 1986 à 67,8% en 2011 aux élections régionales

Ainsi, le record de l’abstention lors des dernières élections régionales de juin 2021 ne doit pas être l’arbre qui cache la forêt.

Dans ce contexte, la chute du PCF est catastrophique. De 22,5% des exprimés en 1967, il tombe à 2,7% en 2017. Le nombre de voix en sa faveur passe de plus de 5 millions aux législatives de 1973 à peine plus de 615.000 voix aux législatives de 2017.

L’abstention est principalement due au fait que les gens considèrent que les élections ne changeront rien à leur situation personnelle, qu’aucune liste ne défend ou ne représente leurs idées et que s’abstenir est une façon de manifester son mécontentement à l’égard des partis politiques.

L’abstention est forte parmi tous les citoyens mais plus encore parmi les ouvriers, les employés, les femmes, les jeunes, les chômeurs et les plus pauvres…. Cette triste réalité, ainsi que le glissement d’un grand nombre de citoyens de ces catégories vers le vote « RN », expliquent sans doute pour beaucoup la chute vertigineuse du PCF.

Mais, à qui la faute ?

Sur le terrain social, le nombre d’organisations syndicales de salariés a augmenté sans que ce phénomène favorise la syndicalisation, au contraire.

S’agissant de la CGT, sans remonter à 1936 où le nombre d’adhérents dépassait les 4,4 millions, il frisait les 2 millions de 1960 à 1966, pour dépasser les 2,3 millions de 1968 à 1977, puis a régulièrement diminué pour passer en dessous de la barre du million en 1988 et osciller autour de 640.000 actuellement.

En matière d’influence électorale dans le secteur privé :
• Si la CGT recueillait aux élections des comités d’entreprise plus de 40% des suffrages exprimés dans la période 1966/1976, elle n"en recueillait plus qu’entre 22,5 et 23,5% dans la période 1992/2006 ;
• Depuis la réforme de la représentative syndicale, le calcul de l’audience donne pour la CGT 26,77% des suffrages exprimés en 2013, 24,85% en 2017 et 22,96% en 2021.

Là encore à qui la faute ?

L’objet n’est pas de jouer les donneurs de leçon mais d’essayer d’analyser, sans faux fuyants, les raisons de cette évidente dépolitisation et désyndicalisation.

Les gens se sentent abandonnés. Il y a une fracture évidente entre les femmes et les hommes syndicalistes et politiques et la grande majorité du Peuple.

Tant que l’action syndicale et politique, ne partira pas de l’éradication des soucis premiers de tous, principalement des ouvriers, employés, chômeurs et des pauvres, qui sont surtout chez les jeunes et les femmes, avec des mots simples et compréhensibles, le déclin de leurs actions respectives se poursuivra.

Depuis la fin des années 1960, via des dizaines d’accords collectifs et de lois, petit à petit, face au chômage durable grandissant et au développement de la précarité des emplois, l’action sur les seules conséquences et leurs soulagements a pris le dessus sur celle portant sur les causes et leur éradication allant jusqu’à entretenir ces maux via l’idée d’un revenu minimum d’existence déconnecté de toute activité professionnelle, encourageant nombre de citoyens à rester assistés.

Tout cela pour dire que tant que l’action syndicale et politique ne portera pas clairement et prioritairement sur le plein emploi correctement rémunéré, avec zéro chômage structurel, en faisant autre chose et autrement que ce qui se fait depuis des décennies, à partir de propositions simples, en vue d’être portées par le plus grand nombre de salariés et de citoyens, la désyndicalisation et la dépolitisation perdurera.

Yves CORMILLOT

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