Le PCF change d’image ou d’orientation ?

, par  PBJN

Le 10 mars 2019 à 03:26, par PBJN En réponse à : Le PCF change d’image ou d’orientation ?

Je m’interroge sur les propos tenus par les "pubeux" cette agence sur ses objectifs et leurs arguments contre l’art... Il s’agirait donc de miser sur "la justesse et la simplicité" (sic), ce qui sous-entend clairement que cela a toujours plus ou moins fait défaut au PCF. Parce que sinon, ils s’appuieraient sur ce que le Parti a été capable de produire quand sa politique culturelle était indépendante de la social-démocratie (c’est-à dire avant la mutation), ne serait-ce que pour assimiler et dépasser notre héritage progressiste.

La communication de notre parti doit répondre aux préoccupations de notre peuple. Ces dernières sont bien entendu matérielles et liées à l’emploi et au pouvoir d’achat... Mais nous commettons toujours l’erreur de les réduire à cette dimension. Nous avons très mal assimilé le concept d’hégémonie culturelle de Gramsci (déjà en gestation dans l’oeuvre de Lénine d’ailleurs). En l’occurrence, l’hégémonie culturelle du grand capital se traduit depuis 40 ans par une criminalisation de l’Etat-Nation et du patriotisme républicain, au profit de l’europhilie. Pour ça, il s’appuie sur la bourgeoisie de gauche issue de l’essor des nouvelles couches moyennes du tertiaire (les fameux "bobos" dénoncés en premier lieu par Michel Clouscard).

L’idéologie de ces nouvelles couches moyennes a fait énormément de mal aux travailleurs français, parce qu’elle crache en permanence sur l’idée même de Nation et sur la fierté nationale en général. De ce fait elle discrédite la lutte pour la souveraineté nationale, qui est inséparable de la lutte pour le socialisme.

C’est cette idéologie libertaire et anti-nationale que nous devons contrer, en la dénonçant, nous combattons du même coup le nationalisme chauvin de l’extrême-droite qui est son pendant naturel.

L’agence Josiane promet donc de faire mieux que le PCF des grandes années ? Chiche ! Mais il va falloir qu’elle ait le cran de répondre aussi à l’exigence populaire d’une France libre et indépendante, à travers une approche de l’esthétique qui devra donc inclure le patriotisme républicain.

Je me permets également de donner la parole au principal accusé dans cette histoire, au représentant le plus illustre de l’esthétique marxiste française si ce n’est du "réalisme socialiste à la française", j’ai nommé Aragon en 1944 :

"Mon parti m’a rendu mes yeux et ma mémoire
Je ne savais plus rien de ce qu’un enfant sait
Que mon sang fût si rouge et mon coeur fût français
Je savais seulement que la nuit était noire
Mon parti m’a rendu mes yeux et ma mémoire

Mon parti m’a rendu le sens de l’épopée
Je vois Jeanne filer, Roland sonne le cor
C’est le temps des héros qui renaît au Vercors
Les plus simples des mots font le bruit des épées
Mon parti m’a rendu le sens de l’épopée

Mon parti m’a rendu les couleurs de la France
Mon parti mon parti merci de tes leçons
Et depuis ce temps-là tout me vient en chansons
La colère et l’amour la joie et la souffrance
Mon parti m’a rendu les couleurs de la France "

Le jour où Josiane et son équipe parviendront à faire aussi "simple et juste" que ce poème magnifique d’Aragon pour rendre au PCF sa capacité à mobiliser la fierté nationale de notre peuple, sa capacité à convaincre les pauvres gens humiliés, désespérés et tentés par la droite de revenir à gauche et de voter communiste, alors je reverrai mon jugement sur la prétendue supériorité de la "pub" sur l’art.

En attendant, je vois mal comment on pourrait faire mieux que le PCF de Maurice Thorez et de Georges Marchais : associer le drapeau tricolore au drapeau rouge, se référer aux grandes figures de la lutte pour la souveraineté de l’Etat-Nation (y compris celles de la fin du Moyen-Age comme Jeanne d’Arc), défendre la langue Française... Tout ça le PCF le faisait. Ça ne revient pas à rejeter les apports progressistes de la culture Arabo-Musulmane ou des autres pays européens, bien au contraire. C’est justement la fierté de soi qui permettra de créer les conditions d’une ouverture vers l’autre, pas l’autophobie. D’autant que les français d’origine immigrée sont pour la plupart sensibles au discours patriotique. Et ils ne refusent pas de chanter La Marseillaise, contrairement à ce que prétendent BFMTV et le FN/RN.

Et c’est justement quand nous avons commencé à écouter les conseils de ce genre de publicitaires à la fin des années 90, en abandonnant la défense de la Marseillaise et du drapeau tricolore, que nous avons réellement commencé à perdre notre ancrage populaire...

Brèves Toutes les brèves

Annonces

  • (2002) Lenin (requiem), texte de B. Brecht, musique de H. Eisler

    Un film
    Sur une musique de Hans Eisler, le requiem Lenin, écrit sur commande du PCUS pour le 20ème anniversaire de la mort de Illytch, mais jamais joué en URSS... avec un texte de Bertold Brecht, et des images d’hier et aujourd’hui de ces luttes de classes qui font l’histoire encore et toujours...

  • (2009) Déclaration de Malakoff

    Le 21 mars 2009, 155 militants, de 29 départements réunis à Malakoff signataires du texte alternatif du 34ème congrès « Faire vivre et renforcer le PCF, une exigence de notre temps ». lire la déclaration complète et les signataires

  • (2011) Communistes de cœur, de raison et de combat !

    La déclaration complète

    Les résultats de la consultation des 16, 17 et 18 juin sont maintenant connus. Les enjeux sont importants et il nous faut donc les examiner pour en tirer les enseignements qui nous seront utiles pour l’avenir.

    Un peu plus d’un tiers des adhérents a participé à cette consultation, soit une participation en hausse par rapport aux précédents votes, dans un contexte de baisse des cotisants.
    ... lire la suite

  • (2016) 37eme congrès du PCF

    Texte nr 3, Unir les communistes, le défi renouvelé du PCF et son résumé.

    Signé par 626 communistes de 66 départements, dont 15 départements avec plus de 10 signataires, présenté au 37eme congrès du PCF comme base de discussion. Il a obtenu 3.755 voix à la consultation interne pour le choix de la base commune (sur 24.376 exprimés).