Ce qui est sans doute contestable est de faire des producteurs indépendants, des prolétaires.

La lecture du capital est sans équivoque du point de vue de l’économie politique sur ce qu’est le prolétaire. Le prolétaire vend sa force de travail et elle peut-être d’une qualité ou d’une autre. (cf. travail simple ou complexe). Le travailleur indépendant l’est parce qu’il vend son travail du fait qu’il est propriétaire d’un moyen privé quelconque de travail, donc d’un capital immobilisé à entretenir et à faire vivre. Le XIXe vit un long combat politique et juridique pour différencier le travail indépendant du libre travail du prolétaire, le patronat ayant tendance à brouiller les pistes...

Marx précisa l’enjeu politique qu’il y a à ne pas confondre anticapitalistes et prolétaires dans la lutte des classes en France 1830-1850.

Je précise donc ma pensée :

Le tiers-état du XXIe siècle que compose le prolétariat moderne sera d’une unité bien plus grande que celui de Sieyès groupant pêle-mêle des exploités de tous statuts. Ce tiers état de 1789 allait du journalier des campagnes à la plèbe des villes ; du riche paysan au riche bourgeois, du petit marchand au riche entrepreneur des manufactures royales, du compagnon au maitre, du petit paysan au propriétaire d’une petite charge royale... Ce tiers-état explosa dès la nuit du 4 Aout, quand l’ordre ancien abattu, il fallut fonder le nouvel ordre du nouveau mode de production.

Le tiers-état du XXIe ne craint que sa division artificielle en catégories supérieures, moyennes et populaires. Cette catégorisation le rend perméable aux intérêts d’autres groupes sociaux. Certes ces groupes peuvent être anticapitalistes, mais ils sont dominés par le capital. Pas tous avec la même intensité d’ailleurs et par là leurs modes de vie peuvent être comparables à ceux de certains prolétaires ou à ceux d’autres. Mais niveaux et modes de vie ne font pas une classe à moins de réduire la révolution à un rééquilibrage ponctuel du partage des richesses.

Restent que ces groupes ne sont pas exploités contrairement à tous les prolétaires. Il faut nommer les choses pour faire clairement politique.

Face au capital, ces anticapitalistes doivent s’abriter à l’ombre du prolétariat pour pouvoir constituer leurs propres classes afin de faire avancer leurs propres projets.

Il s’agit ici de savoir leur tendre la main, sans confondre leurs projets et le nôtre Tel est l’enjeu d’un prolétariat s’affirmant dans les 99% contre les 1% comme le continuateur du Tiers-Etat et la classe la plus nombreuse et la plus productive de la société moderne.

C’est seulement à cette condition que le cycle ouvert en 1789 se clôturera sur la seconde grande révolution que le peuple de France sembla pouvoir promettre à la terre entière jusqu’en 1870. Il nous faire la révolution pensée par Marx dans le Manifeste.

NB. Je n’oublie pas les autres révolutions, celle de 1917, celles de la chine, du Vietnam, de cuba, pas même celle de Corée, celle de 1917/18 en Allemagne... Mais leurs chemins sont très différents de celui ouvert en France. En France, il faut terminer un cycle singulier..