Une candidature communiste pour les élections présidentielles 2012 (forum)

, par  pam

Le 30 décembre 2010 à 09:01, par pam En réponse à : Une candidature communiste pour les élections présidentielles 2012 (forum)

Le PRCF a publié le 18 décembre une position très critique de l’appel . Dans le souci d’un dialogue franc et utile aux communistes, quelques réactions pour éviter les malentendus.

Si nous comprenons bien l’Appel, celui-ci s’adresse exclusivement aux membres du PCF (avec une référence aux statuts de ce parti).

Certes, l’appel a été lancé dans l’objectif immédiat de la conférence des secrétaires de section du 8 janvier, et donc s’oriente vers les communistes du PCF. Mais il porte sur une question posée à tous sur la place du point de vue communiste dans la bataille politique avant, pendant et après les présidentielles de 2012. Il va donc vivre au delà du 8 décembre. Le texte par lui même n’’exclue personne et peut être repris ou discuté par toutes les forces communistes, PRCF compris.

C’est déjà engager bien mal l’objectif annoncé. Qui ignore parmi les signataires de l’Appel que le PCF porte des positions politiques qui sont l’antithèse des orientations évoquées par l’Appel : rupture avec le capitalisme, avec l’UE, reconquête de la souveraineté populaire (on peut supposer que les rédacteurs de l’Appel ont simplement oublié la souveraineté nationale), défense du travail et de l’industrie, nationalisations….le PCF à notre connaissance ne porte pas ces revendications.

Personne n’ignore effectivement les divergences profondes qui se sont exprimées dans le PCF depuis plusieurs congrès, ni le fait que la direction nationale actuelle poursuit une orientation de plus en plus clairement "de gauche". Mais le réseau "Faire Vivre et Renforcer le PCF" considère que l’espace politique que représente le PCF reste un espace politique communiste, identifié comme tel dans de nombreux quartiers populaires et par de larges part du monde du travail. Le score de Marie-Georges Buffet en 2007 ne peut être utilisé comme démonstration du contraire, elle n’était même pas la candidate du PCF ! Et les résultats des cantonales quelques mois plus tard ont montré que l’existence électorale du PCF n’était pas terminée. Bien sûr, dans son état actuel, le PCF parait inefficace et souvent inutile dans les batailles sociales et politiques. Les tactiques gauchisantes ou institutionnelles de la direction et d’un grand nombre d’élus rendent très difficile de faire vivre une organisation communiste, mais elles ne l’interdisent pas. La crise et les résistances de ces dernier mois ouvrent au contraire des possibilités de redécouverte de la nécessité et de l’utilité d’un parti communiste. Là ou des militants ne cèdent pas à l’orientation de la direction et continuent de faire vivre des cellules, d’utiliser le marteau et la faucille, de former des militants sur des bases marxistes.... le point de vue communiste peut se renforcer.

Il paraît donc étrange d’attendre d’un parti politique dont on condamne la ligne qu’il adopte une position et présente un candidat qui dirait le contraire de ce que proclame depuis des décennies ce même parti ….

Nous ne partageons pas cet avis. Il suffit de constater à quel point la direction actuelle du PCF est obligée d’adapter son vocabulaire au rapport de forces. Désormais, elle parle ouvertement de luttes de classes, de capitalisme, de marxisme... Bien sûr, pour la plupart des dirigeants, ce ne sont que des mots pour faire passer la même orientation. Mais c’est un signe que la direction nationale ne décide pas sans contraintes. L’assemblée des animateurs de section fin 2008 l’a obligé à reporter leur décision de "métamorphoser" le PCF et depuis, elle est parfois obligée d’évoquer son renforcement. Nous ne sommes pas naïfs, et nous savons bien que ceux qui comme F Wurtz par exemple, sont totalement intégré aux institutions, notamment européenne, ne remettront plus en cause leur évolution politique. Mais le parti ne leur appartient pas, et les bouleversements sociaux et politiques que connait et connaitra notre pays seront beaucoup plus forts que les situations individuelles de dirigeants. Les luttes de classes les conduiront à plier ou s’éloigner. La seule question est de savoir combien de communistes les suivront et si les communistes resteront assez nombreux au PCF pour le maintenir "avec, sans ou contre" sa direction.

En tout cas, la présence d’un point de vue communiste aux présidentielles vaut le coup de poser en grand la question parmi les communistes, y compris la majorité de ceux qui, au PCF, continuent à vouloir un parti communiste.

De plus exclure de ce projet les communistes organisés hors du PCF est pour le moins incohérent. Pourquoi se priver de l’apport de ceux qui partagent certaines de vos analyses ? Au nom de quoi ? Pourquoi se priver de l’apport de ceux qui ont depuis des années permis à une politique franchement communiste de s’exprimer et de s’affirmer dans notre pays et même au-delà : le PRCF entretient des liens avec des dizaines de Partis Communistes dans le monde dont le Parti Communiste de Cuba et le KKE (de Grèce) ?

Personne n’est exclu de cet appel. La crise du PCF est ancienne et les histoires politiques personnelles et collectives dans cette crise sont diverses. La question du "dedans/dehors", qui est une question réelle, ne doit pas être un outil de division et d’affrontement. De nombreuses sections et fédérations du PCF entretiennent elles-aussi des liens avec le KKE, le PCC ou le PCP... Les 3emes rencontres internationalistes de Vénissieux en sont un exemple frappant.

Pourquoi ajouter un clivage alors que nous avons besoin de passerelles ? Pourquoi mépriser ceux qui furent exclus ou ceux qui eurent la lucidité et le courage de rompre avec un parti et une politique réformistes ? Ne serait il pas plus judicieux d’unir les vrais communistes encore à l’intérieur du PCF et ceux qui sont hors du PCF, mais organisés et agissants ? Est- il si étrange de croire que les vrais communistes doivent agir ensemble, sans des sottises du genre « hors du parti point de salut » ?

Encore une fois, nous ne clivons, encore moins ne méprisons, personne.
Nous ne considérons pas la question du parti comme une sottise. Au contraire, nous sommes convaincus, que sans parti communiste, point de salut pour les communistes ! Et nous pensons que c’est un point de vue partagé avec les militants du PRCF. Toute la question est de savoir comment le reconstruire le plus efficacement possible, en "conservant", le maximum des forces existantes du PCF.

Ni tactiquement, ni stratégiquement une telle attitude n’est défendable : comment ne pas constater de Congrès en Conférences Nationales l’impuissance de ceux qui veulent remettre le PCF sur « les rails de la lutte des classes » alors qu’il n’y a plus de locomotive, plus de conducteur ni de mécanicien ni même de rails ! Combien faudra t il de tentatives toutes aussi vaines et - plus grave - démobilisatrices pour que la leçon du Congrès de Tours soit enfin prise en compte ?

La situation des communistes italiens nous parait être un élément de réponse. Là-bas, un seul coup a suffit, une seule tentative, et le PCI a été dissous. La situation est-elle plus facile pour les communistes ?

A savoir que la rupture entre le parti vermoulu du réformisme le plus désolant (il n’y a qu’à voir l’écho populaire de cette ligne : baisse constante d’influence avec 1,9% aux dernières présidentielles, alors que le vrai PC de Grèce arrive à 11%, en progrès à chaque élection) et les communistes est un impératif pour mener une action communiste et révolutionnaire.

A savoir que, comme le disait Clara Zetkin en 1920 à Tours, entre le réformisme et la révolution, « il faut choisir ».

A savoir que servir d’alibi et de faire valoir de « gauche » à une direction mutée qui verrouille l’appareil ne peut être une perspective politique responsable.

A savoir que, comme le disait Lénine, « une femme est enceinte ou ne l’est pas, elle ne peut être à moitié enceinte ! » et que les communistes sont communistes ou ne le sont pas et que réclamer d’un parti qui n’est plus, qui n’est pas communiste, qu’il organise une énième Conférence extraordinaire pour désigner un candidat communiste tient de la pensée magique ou, à l’approche des fêtes, de la naïveté des tout-petits qui croient au Père-Noël.

Il nous semble qu’une approche plus dialectique de la contradiction réformisme/révolution est nécessaire. C’est le défaut des citations. Car Lénine n’a jamais hésité à changer de mot d’ordre en fonction des situations concrètes et historiques, parfois a quelques mois d’intervalles. La question est "comment identifier plus clairement les dérives réformistes de la direction du PCF, et comment permettre au maximum de communistes de militer de manière autonome de ces orientations réformistes". Nous considérons que "séparer le réformisme de la révolution" ne se traduit pas par "séparer les communistes du PCF", et que au contraire en travaillant à "isoler et réduire le réformisme dans le PCF", nous apportons une contribution concrète au renforcement d’un point de vue révolutionnaire. Bien sûr, rien n’est simple, nous sommes en permanence dans cette contradiction, et nous portons une attention réelle à ne pas être utilisé dans le traditionnel jeu d’équilibre d’une direction entre ses divers courants. Le réseau Faire Vivre et Renforce le PCF n’est évidemment pas homogène comme chacun le sait bien. Le seul critère de réussite pour nous, c’est le nombre de communistes mobilisés sur des bases révolutionnaires.

Et cette illusion est grave parce qu’elle retarde et l’union des vrais communistes et le renaissance d’un vrai Parti Communiste de France.

Nous pensons que ce qui retarde l’union des communistes, dans une situation marquée par leurs histoires différentes, ce n’est pas la diversité des situations, mais au contraire, le risque de faire de cette diversité une position politique figée et antagonique. Nous considérons qu’il y a une forme de "gauchisme" dans l’affirmation répétée de nombreux groupes militants "nous sommes le futur parti communiste". Nous considérons au contraire que pour accélérer l’union des communistes, nous devons travailleur au dépassement de l’opposition dedans/dehors, le dépassement des contradictions nées des choix divers fait à divers moments politiques de l’histoire du PCF, 56, 66, 72, 78, 81, 94, 02, 07... pour faire apparaitre la contradiction principale qui porte sur l’existence ou non d’un parti communiste en France.

Fraternellement pour tous les communistes, quelques soient leur situation militante.

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