A Jean-Paul Moreau :
On ne peut pas déconnecter la théorie de la pratique. Ce que tu nous dis, en gros, c’est que nos bavardages "théoriques" sont intéressants (sous-entendu "ce ne sont que des bavardages"), mais que le plus important est ce que nous faisons. Or, l’un et l’autre sont obligatoirement connectés. Tu ne peux pas participer à un des pires gouvernements de collaboration de classe en étant ministre des sports et nous faire croire que le suivi longitudinal des athlètes constitue une grande avancée vers le socialisme, suivi qui pourtant est une action concrète.

Comment peut-on laisser quelqu’un qui se prétend secrétaire général d’un parti qui se dit encore communiste, dire toute son admiration pour Tsipras et sa politique, et prétendre vaincre la dictature du capitalisme ? Est-ce que tu ne crois pas que cela a forcément des répercussions sur la vision qu’ont les travailleurs du PCF ? Si je suis un travailleur lambda, je peux me dire que Laurent a raison et qu’il ne sert à rien de lutter contre le capitalisme et qu’il convient d’essayer de cultiver son jardin lorsqu’on en a un, voire de le partager ou encore d’aller distribuer le peu de nourriture qu’il nous reste aux restos du cœur. Ou alors, je peux aussi me dire que pour lutter contre le capitalisme, il n’y a rien à entendre de ce côté, que le PCF est discrédité et qu’il faut aller voir ailleurs...

Donc la théorie, en fait "l’analyse concrète de la réalité concrète" comme le disait Lénine, révèle toute son importance. Car tu peux toujours discuter avec les travailleurs pour essayer de les convaincre, si la politique que tu es sensée représenter va à l’encontre de leurs intérêts ou leur paraît dénuée de toute efficacité, voire même l’inverse ("pour l’Europe sociale", soutien à Tsipras qui étrangle les travailleurs, encenser Taubira, continuer les alliances avec le PS malgré sa politique...), tu finiras par constater l’inéluctable, à savoir la disparition du PCF !