Avoir 20 ans dans les quartiers populaires : mépris de « classe » et humiliation de « race »

, par  pam

Le 30 novembre 2014 à 18:59, par pam En réponse à : Avoir 20 ans dans les quartiers populaires : mépris de « classe » et humiliation de « race »

La question à approfondir, c’est de comprendre comment s’exprime aujourd’hui ces " autodestructions individuelles et/ou collectives." que Fanon évoquait en soulignant "Cette agressivité, (...) sédimentée dans ses muscles, le colonisé va la manifester d’abord contre les sien".

De fait, quand on milite dans un quartier populaire, et c’est ce que vivent des dizaines de militants communistes à Vénissieux, et par exemple, quand on discute avec des habitants dans les assemblées de conseil de quartier, ce qui apparait avec force, c’est l’inquiétude, la peur, et le refus, de ces violences contre ses voisins que certains intègrent comme une vie normale, et qui apparait effectivement dans le RAP. La violence patronale, la violence de la misère, de la précarité est bien sûr présente, mais ce qui la rend encore plus insupportable, c’est qu’à ce que vivent des milliers de familles dans la vie économique et sociale, s’ajoute une violence subie au plus proche de son lieu de vie, dans tout ce qui est lié aux trafics et à l’économie parallèle, dans la crainte pour sa voiture, ou l’incapacité à résoudre des problèmes classiques de voisinage (bruits, propreté...).

Et là, ce n’est clairement pas une question de race, ni de religion. Ceux qui dénoncent le vandalisme et les trafics sont dans leur grande majorité issus de l’immigration et musulmans ! Qu’est ce qui se vit alors de manière "racialisée" ? Comment porter un point de vue de classe sur cette violence entre voisins d’un quartier populaire ? Quelle place à cette économie parallèle qui est bien une économie de marché, école du capitalisme le plus sauvage ?

Les dernières élections municipales ont confirmé l’effort de la droite pour s’implanter dans les quartiers populaires en s’appuyant le plus souvent sur l’exaspération devant les difficultés, en les faisant porter sur les voisins, sur les institutions locales et notamment les élus locaux, multipliant les approches clientélistes les plus frauduleuses, dans l’esprit des valises de billets de Dassault, même si c’est le plus souvent moins voyant. Si nous avons vu souvent des habitants dire dans la campagne électorale "je vote pour toi si tu me trouves un emploi", c’est aussi que droite et PS multiplient eux les promesses clientélistes, en s’appuyant sur la faiblesse de la conscience de classe des difficultés de logement et d’emploi, pour en favoriser une lecture "je n’ai pas ma part du gateau, il faut que je l’obtienne coute que coute..."

Il semble que l’expérience de villes gagnées par la droite dans la région parisienne soit éclairante, comme la position exprimée par un indigène de la république de Bobigny justifiant son soutien à la droite pour bousculer la ville communiste (http://lepcf.fr/Bobigny-Comment-la-droite-peut).

On ne peut pas parler des quartiers populaires sans prendre en compte cette exigence populaire du droit à vivre dans la tranquillité, du refus du clientélisme, condition justement pour que les capacités de solidarité populaires puissent s’exprimer encore plus fortement.

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