Hypothèses sur la sociologie du 36ème Congrès - Quelles conclusions ?

, par  Pascal Brula

Le 25 février 2013 à 00:12, par Pascal Brula En réponse à : Hypothèses sur la sociologie du 36ème Congrès - Quelles conclusions ?

Je trouve également cette analyse très pertinente, notamment sur le fait qu’il s’agit bien d’une certaine "classe moyenne radicalisée" qui a confisqué le pouvoir au sein du PCF (pouvoir au sens large, à savoir aussi bien la direction que la gestion de la majorité des structures) et qui lui imprime une politique particulière selon sa propre vision de la société, politique qui est en contradiction complète avec l’histoire de ce même PCF ; d’où la fausse opposition ancien/jeune, sur laquelle s’appuie Pierre Laurent. A propos de la notion de "classe moyenne", j’avais écrit ceci au moment des comités antilibéraux (2007) : « Une autre partie de la réponse se situe dans la composition sociale de ces collectifs. Dans le Rhône, la moitié des signataires pour des "candidatures antilibérales" (trouvées sur un site Internet) donnent leur profession : 50% sont issus de l’Education Nationale, le reste étant majoritairement fonctionnaires territoriaux, étudiants, élus-permanents du PCF, etc… Sans remettre en cause la volonté de changement des enseignants, ce qui saute aux yeux, c’est que les ouvriers, les employés, les chômeurs sont singulièrement absents. Or, ces derniers ont formé les bataillons du "Non" au TCE et c’est sur eux qu’il faudrait notamment compter pour combattre le capitalisme. »

Je pense que nous devrions travailler à préciser la notion de "classe moyenne". Dans un autre texte que je ne retrouve pas (toujours à propos des comités antilibéraux), j’avais parlé de catégorie sociale à profession intellectuelle dominante ; mais cela est insuffisant. Il est certain que si l’on s’en tient aux membres "radicalisés" de l’Éducation Nationale (que les enseignants qui ne se sentent pas concernés ne m’en veuillent pas), il y a dans leur statut, leur profession, tous les ingrédients pour une telle dérive dans le cadre de leur démarche politique. Grâce au programme du CNR et au rapport de force hérité de la Libération, ils ont vécu dans les "Trente glorieuses" une période "faste", à savoir une période où ils étaient reconnus professionnellement, leurs salaires sans être mirifiques étaient suffisants pour vivre correctement et leur statut de fonctionnaire les libéraient de l’angoisse du lendemain, même si, dans ce système capitaliste, il y avait de quoi revendiquer et pour certains acquérir une conscience de classe ; d’ailleurs, ce raisonnement globalisant ne cherche pas à nier des parcours individuels particuliers. Aujourd’hui, ces trois éléments (statut professionnel, salaire, statut de fonctionnaire) sont profondément remis en question. Et leur attitude (de "classe moyenne radicalisée") ressemble à s’y méprendre à celle des forces décrites dans le chapitre III du Manifeste du Parti communiste de Marx et Engels.

En réalité, ces catégories sociales qui n’ont jamais (ou très rarement, mais de manière individuelle) été confrontés à la vente de leur force de travail à un capitaliste, ne cherchent pas à se tourner vers l’avenir, c’est-à-dire vers un changement de société remettant en cause l’exploitation de l’homme par l’homme, à savoir vers le socialisme et le communisme qu’elles nient, mais rêvent d’un retour vers le passé, un retour aux conditions qu’elles ont connu antérieurement dans le cadre du capitalisme. L’antilibéralisme, si j’ai bien compris le sens de ce terme, équivaut au gommage des excès du capitalisme et réside dans l’espoir de revivre la situation antérieure, comme si le capital était capable de partager les richesses produites ; F. Wurtz, lorsqu’il est venu à Lyon, a parlé d’un "tournant libéral" de la fin des années 80, début des années 90... tournant qu’il faudrait donc inverser. Dans ce fameux chapitre III, Marx décrit les motivations de différentes catégories sociales qui combattent la bourgeoisie parce qu’elle remet en cause leur existence, mais qui, en fait cherchent à « faire tourner à l’envers la roue de l’histoire ». A ce niveau du raisonnement, il faut quand même noter qu’il ne s’agit pas de rejeter ces catégories sociales qui subissent le capitalisme, mais bien prendre conscience qu’elles ne peuvent en aucun cas être à l’origine de sa remise en cause et de transformations révolutionnaires.

A ce titre, on peut aussi intégrer certains permanents-élus, qui eux n’ont par contre jamais vendu leur force de travail, ni à un capitaliste, ni à l’Etat, et qui finissent par oublier l’objectif de leur élection, en se satisfaisant de la situation actuelle de gestion du capital électoral du PCF et qui font des institutions l’outil de leur "visée communiste", alors que ce n’est que le lieu rémunérateur de leur théâtre politicien. L’exemple type de ce permanent-élu est pour moi Pierre Laurent…

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