Un changement sans transformation sociale !

, par  Pascal Brula

Le 21 juillet 2012 à 22:22, par Pascal Brula En réponse à : Un changement sans transformation sociale !

Désolé, mais Jacques Broda ne pose pas tous les éléments du problème sur la table. Et même au contraire, sa position pro-FDG, c’est-à-dire à influence gauchiste et réformiste, met de côté des faits fondamentaux. Tout d’abord, il parle des jeunes sans distinction de classe sociale. Or, pour tout communiste, c’est essentiel ! Le peu de jeunes qui a voté FDG, est majoritairement issu de milieu "petits bourgeois" ou de professions intellectuelles à dominante fonction publique, c’est-à-dire jamais confrontée au patronat et à la production, en tous cas pour qui la "lutte des classes" n’est qu’une vision très abstraite.

Autre certitude génératrice d’oublis : "Les militants du Front de gauche ont semé, sillonné la campagne, à partir d’un programme béton". Je ne suis pas sûr que les électeurs aient vu dans "L’Humain d’abord" un programme aussi béton. A mon avis, il y a au moins cinq points fondamentaux qui posent d’énormes problèmes. Le premier, c’est évidemment la soumission à l’Union européenne, alors que cette dernière fait tous les jours la preuve qu’elle a été conçue pour écraser les peuples et contraindre leur souveraineté. Qui peut croire aujourd’hui à cette sornette de "l’Europe sociale" ? Ni les grecques, ni les espagnols en tous cas... Le second en découle : comment lutter efficacement contre le chômage et les délocalisations dans le cadre d’une structure favorisant le dumping social ? C’est Mélenchon disant aux Fralib qu’il fermera les frontières de l’U.E. alors qu’il était prévu que leur usine délocalise en... Pologne ! Également, la première proposition du "programme partagé" qui veut interdire les "licenciements boursiers" est une belle connerie ! Si l’on passe le fait qu’il est impossible de définir légalement des "licenciements boursiers", les entreprises cotées en Bourse sont minoritaires ; par exemple, cela fait bien rigoler le secrétaire de section de Vénissieux qui est délégué CGT dans une usine Bosch dont les emplois sont menacés, mais... qui n’est pas cotée en Bourse !!! Le troisième problème concerne le flou quant aux entreprises publiques. Il est question de Pôles publiques, nouveau concept qui ne garantit absolument pas la nationalisation qui devient un gros mot, car connoté ’Nation" venant en contradiction avec le pseudo œcuménisme de l’U.E., et qui ne garantit absolument pas le caractère publique, car lorsqu’on va dans le détail, il est question d’un mélange flou entre publique et privé. En tous cas, il n’y a absolument pas de maîtrise annoncée de la production qui reste entre les mains de la bourgeoisie capitaliste.

Le quatrième problème est relatif au TOC (Trouble Obsessionnel Compulsif) qui agite la "gauche de la gauche", à savoir son obsession de la "finance", ce qui se traduit par cette analyse stupide et très succincte : "la dictature des marchés financiers" ! Quand ils ont dit ça, ils sont persuadés d’avoir tout dit. Or Marx nous a toujours appris que seules les forces productives étaient à l’origine des richesses, c’est-à-dire l’exploitation de l’homme par l’homme, la finance ne faisant qu’en prélever une partie, ce qui est toujours le cas. Cette vision déformée du capitalisme, Marx l’appelait le fétichisme de la finance... Cela permet de dévoyer les combats sociaux vers des domaines complètement abstraits ("les marché financiers") qui n’ont aucune chance de mobiliser. Dans le cadre du combat pour les retraites, les propositions étaient de taxer les revenus financiers ou les transactions financières, et non plus de faire bouger le curseur des salaires sur la plus-value ; Laurence Parisot s’en frisait les moustaches...

Enfin, le cinquième problème fait généralement hurler les bobos du FDG lorsqu’on le soulève : le problème de l’immigration qui n’a rien à voir avec le racisme. Il est évident que l’entrée de populations pauvres et non diplômées va concurrencer essentiellement les boulots à faible qualification qui ne gênent absolument pas les bobos diplômés, favorables à la régularisation de tous les sans-papiers sans distinction. Les classes sociales défavorisées voient cela d’un autre œil et ne risquent pas de se déplacer pour le FDG. Il y a grand besoin de définir une véritable politique de l’immigration intégrée à une politique de coopérations internationales, dans le cadre des principes universalistes historiques de la France.

En conclusion, même si ce texte ne cherche pas à trop se cacher derrière l’iniquité du système représentatif de la démocratie bourgeoise (quoique...), je trouve que tout le reste est relativement indigent sur le plan de l’analyse de classe, l’analyse communiste. Ce texte reste très superficiel, comme l’est de toute manière ce qui émane du Front de Gauche...

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