Un accord pourtant difficile pour la Grèce mais nécessaire...

En votant aujourd'hui contre l'accord européen, la volte-face avec salto arrière de Pierre Laurent est un modèle du genre.
Je reviens sur ce spécimen de la langue de bois à noter dans les annales :
Tsipras a-t-il trahi ? « Arrêtons avec la trahison d'Alexis Tsipras … qui a des leçons à donner du point de vue de la confiance qu'il a du peuple grec » s'écrie P. Laurent à qui on aurait pu poser la même question, et qui oublie que c'est précisément quand on la confiance du peuple qu'on peut le trahir, et non quand on l'a perdue.
Et Laurent poursuit : « Mais déjà Alexis Tsipras a accepté beaucoup » …puis sentant qu'il s'est sans doute lui aussi beaucoup avancé sur ce sol glissant, il se cramponne à une autre savonnette : « Et heureusement que le gouvernement français enfin que le président de la république tient pour le moment la position … »

Nous y voilà. Comme Tsipras s'est couché devant les fesse-mathieux franco-allemands, P. Laurent se couche devant la politique étrangère du PS, représentant semble-t-il la « coopération européenne » : un usurier certes, mais compréhensif, qui ne mettra pas son locataire à la porte mais se contentera de fureter dans le bas de laine, de présider le conseil de famille, de la saisie sur salaire et d'une hypothèque sur le patrimoine familial.
Et le 13 juillet P. Laurent remettait une couche de polish rénovateur sur les pompes de Hollande "Je me réjouis que la France ait joué un rôle positif à ses côtés. "

Mais le costume du juge de paix faisant taire à la fois les scrupules de Tsipras et les angoisses usuraires de Merkel a vraisemblablement les épaules un peu larges pour François Hollande.
Sans doute un médiateur absent de la scène mais bien présent dans le trou du souffleur et tenant lui aussi à sa position aura rappelé à nos compères (Delors, Lamy et Vitorino l'avaient aussi soufflé le 4 juillet) que la Grèce au beau milieu des Balkans fait également partie de l'OTAN, et qu'il est hors de question pour l'hégémonisme US qu'elle quitte son orbite pour se mettre à tourner autour de la Russie ou de la Chine, qu'elle emprunte à la Vnesheconombank et devienne une étape ensoleillée sur la route de la soie.
P. Laurent se réjouirait-il du rôle positif de la France en fourrier de l'OTAN ?

Dans le système capitaliste l'Europe démocratique et coopérative que défend Pierre Laurent ne sera jamais rien d'autre qu'un rêve. Pour le peuple grec ce rêve vient de virer au cauchemar de la dictature et de l'oppression.
Lors de son intervention larmoyante à l'Assemblée Nationale, Chassaigne commençait par citer Paul Krugman « Le projet européen vient de subir un coup terrible voire fatal ».
C'est bien l'illusion malfaisante d'une Europe capitaliste démocratique et coopérative qui vient de subir un coup fatal, et Pierre Laurent n'a pas fini de manger son chapeau.

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Un accord pourtant difficile pour la Grèce mais nécessaire...