Un communiqué commun, signé par plus de cinquante collectifs, syndicats, associations dénonce la répression accrue (...)
Message de reconnaissance à Sarkozy et Merkel... de la part de la secrétaire de la CES Une réaction du Front Syndical de Classe à ce discours tenu lors du dernier G20
Derrière le bavardage et les incantations "sociales" habituelles (pour une "Europe sociale" et le respect des droits syndicaux, alors que l’UE est par nature antisociale et contre les droits des travailleurs), le discours de B. Segol [secrétaire générale de la CES] devant Sarkozy pour la préparation du G-20 illustre l’intégration de la CES au fonctionnement institutionnel de l’Union européenne et son rôle de chien de garde syndical d’une construction directement pilotée par les grandes entreprises privées qui massacrent, au nom de leurs profits, les droits sociaux et démocratiques.
La gravité de la situation et de la colère des peuples et des travailleurs contraint bien sûr la CES à émettre quelques réserves mais toujours pour mieux rabattre sur l’Europe.
Surtout, rien sur le racket généralisé que constituent la dette et le chantage aux déficits publics, rien non plus sur le projet impérial de révision des Traités prévoyant de priver les peuples de toute initiative en matière de politique économique et sociale pour la confier à un comité de surveillance euro-patronal. Ou plutôt si, un aveu de taille : « Si les Traités devaient être revus, la CES inclinerait, comme elle l’a toujours fait, en faveur de l’Europe et contre un retour au nombrilisme national ».
Et pour finir, un chèque en blanc technocratique délivré à Sarkozy et Merkel : « Et nous vous sommes reconnaissants pour votre soutien et celui de la Chancelière Merkel. Il y a bien entendu des questions spécifiques à résoudre, notamment les taux différenciés avancés pour les transactions "ordinaires" par rapport à ceux des produits dérivés et celle de l’utilisation des revenus. Nous y reviendrons. Dans le cadre du G20, nous vous demandons instamment d’insister sur cette question. Et je pense pouvoir dire que tous les collègues autour de cette table seront avec vous à ce sujet ».
Comment interpréter alors la déclaration de Bernard Thibault (qui déjà en 2005 soutenait la CES pour le oui à la constitution européenne contre l’avis de la CGT) refusant de participer à cette réunion avec Sarkozy et précisant aussitôt : « Je ne me prêterai pas à cet exercice en laissant à la délégation syndicale de la CSI [et de la CES] le soin de porter les revendications communes à l’ensemble du mouvement syndical international et que nous partageons » ?
Non, les travailleurs de Grèce, de France ou du Portugal ne sont pas avec Merkel et Sarkozy.
Ces derniers pilotent, au service des profits des grandes entreprises, la mise au pas des peuples ainsi que la casse de tous leurs droits et acquis. Partout le chômage, la précarité, la misère avancent à pas de géants. Les résistances aussi.
Dans cette guerre de classe, la CES choisit clairement le camp du Capital, comme elle l’a toujours fait.
Le Front Syndical de Classe, 3 novembre 2011
Source : le site du FSC
Discours prononcé par Bernadette Ségol, Secrétaire générale de la CES, lors de la réunion avec le Président Sarkozy dans le cadre du G20, Paris, le 2 novembre 2011.
« Monsieur le Président,
Nous espérons que l’Europe pèsera de tout son poids dans le G20. La synchronisation des politiques d’austérité n’est cependant pas un bon exemple à donner au monde.
Je suis en contact permanent avec les syndicats grecs ; ils me demandent de répéter que le régime imposé à la Grèce a mené à la récession et au chaos. Il faut en tirer les leçons. Il y a un prix à payer pour un programme tel que celui imposé à la Grèce. Si le gouvernement grec appelle à un référendum, nous respectons bien sûr, sa décision. Tout cela nous conforte dans l’idée qu’il faut une autre politique qui relance la croissance et l’emploi. Nous avons demandé un nouveau plan Marshall s’appuyant sur une solidarité économique au sein de l’UE, avec, par exemple l’émission d’euro-obligations.
Malheureusement les spéculateurs de tout bord encouragent l’instabilité et en retirent des masses d’argent. Ils défient la démocratie et éludent l’impôt.
En même temps les inégalités de revenus augmentent. Les salaires des travailleurs européens sont à la baisse. Les salaires sont le moteur de l’économie. Ce moteur cale.
Si les Traités devaient être revus, la CES inclinerait, comme elle l’a toujours fait, en faveur de l’Europe et contre un retour au nombrilisme national. Mais notre soutien ne peut être considéré comme inconditionnel. L’Europe que nous voulons est faite de solidarité et de progrès social.
Nous sommes opposés au protectionnisme. Nous ne voulons pas d’une répétition des années 1930. Nous nous inquiétons d’en être aujourd’hui réduits à quémander. Si les perspectives avancées par le dernier sommet sont mises en place, la Chine pourrait être un partenaire pour apporter des fonds supplémentaires. Mais, en matière monétaire comme commerciale, un vrai dialogue ne peut pas se construire sur de fausses bases : le G20 doit demander que les autorités chinoises – comme d’ailleurs celles d’autres pays - appliquent des normes de travail décentes pour pouvoir prétendre au statut d’économie de marché ; les autorités chinoises doivent également accepter de mettre en question le problème que leur politique monétaire pose à l’équilibre des échanges.
Le communiqué du Conseil européen du 20 octobre annonce que « la dimension sociale de la mondialisation doit être renforcée ». C’est bien. Nous souhaiterions entendre des propositions plus concrètes et être consultés à ce sujet.
Nous devons aussi penser à nous-mêmes. La CES est extrêmement inquiète des attaques contre les droits syndicaux en Europe, menées par la Troïka dans les pays en difficulté comme la Grèce et l’Italie, mais aussi par des gouvernements opportunistes en dehors de la zone euro, comme en Hongrie, en République tchèque et en Slovaquie, qui détruisent les droits syndicaux, mettent à mal les structures de négociations collectives et tournent en ridicule le dialogue social. Ce n’est pas au G20 de débattre de nos problèmes internes. Nous laverons notre linge sale en famille mais il est clair que nous ne renoncerons pas.
Je conclus sur deux notes positives.
Nous représentons toujours le plus grand marché au monde. Nombreux sont ceux qui veulent investir ici et profiter de notre marché. Pour progresser il faut investir dans la formation et renforcer les efforts en matière de recherche et développement. Nous saluons le fait que la Commission a inscrit la taxe sur les transactions financières à l’agenda européen, sans attendre une improbable harmonie internationale.
Et nous vous sommes reconnaissants pour votre soutien et celui de la Chancelière Merkel. Il y a bien entendu des questions spécifiques à résoudre, notamment les taux différenciés avancés pour les transactions "ordinaires" par rapport à ceux des produits dérivés et celle de l’utilisation des revenus. Nous y reviendrons. Dans le cadre du G20, nous vous demandons instamment d’insister sur cette question. Et je pense pouvoir dire que tous les collègues autour de cette table seront avec vous à ce sujet. »