Libye : Otan en emporte les enfants Un article de Tony Busselen du PTB

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En septembre, l’Otan a effectué pas moins de 427 bombardements sur la ville de Syrte. Les habitants de la ville assiégée parlent de milliers de morts. Et le discours du nouvel ambassadeur des États-Unis a des relents ouvertement colonialistes.

Depuis le 25 août, Syrte est assiégée par des groupes de rebelles et bombardée par les avions de l’Otan. Cela provoque une gigantesque catastrophe humanitaire, pour une ville qui compte 100.000 habitants. Selon ses propres estimations, l’Otan a bombardé 427 fois la ville, entre le 25 août et le 29 septembre. La semaine dernière, le colonel Roland Lavoie, porte-parole de l’alliance, faisait même état de 35 raids pour la seule journée du 27 septembre. D’après le récapitulatif hebdomadaire de l’armée belge, « nos » F-16 ne chôment pas non plus. Dans le même temps, les rebelles arrosent la ville de leurs missiles. Les gens qui ont fui la ville décrivent les scènes d’horreur et parlent de milliers de morts.

Le porte-parole de Médecins Sans Frontières (MSF), le Dr Mego Terzian, a expliqué à l’agence de presse Reuters que le personnel médical de la ville avec qui MSF a des contacts, se plaint de l’afflux de blessés, dont une majorité d’enfants : « On manque d’électricité, d’eau et de matériel médical élémentaire tels antibiotiques, pochettes de sang, etc. ». MSF voulait se rendre dans les hôpitaux avec du matériel, mais l’accès en a été formellement interdit par le Conseil national de transition. Par la mer, aucun accès n’est possible, en raison du blocus par les navires de l’Otan. Des centaines de fugitifs tentent de quitter la ville, mais les rebelles les en empêchent en bloquant les routes. Bien des Libyens noirs ainsi que des jeunes gens sont arrêtés et accusés d’être des partisans de Kadhafi.

Cette guerre de l’Otan revêt de plus en plus les allures d’une brutale guerre de conquête. C’est ce qui ressort lorsqu’on écoute les représentants des pays de l’alliance. On se croirait de retour à la fin du 19ème siècle, aux « beaux » jours du colonialisme. Par exemple, avec Gene Cretz, le nouvel ambassadeur des États-Unis en Libye. Le 22 septembre, une semaine après la chute de Tripoli, il s’est adressé à 150 hommes d’affaires lors d’une conférence : « Nous savons que le pétrole est le “diamant de la couronne” des richesses naturelles libyennes. Mais, même à l’époque de Kadhafi, ces dernières années, on s’est beaucoup occupé de travaux d’infrastructure. Si nous pouvons employer à grande échelle des entreprises américaines en Libye, la situation pourra s’améliorer aux États-Unis même et générer des emplois ».

Conquérir des terres et de nouveaux marchés

« Diamant de la couronne » est littéralement le terme qu’utilisait régulièrement le Premier ministre britannique Disraeli, dans la période 1868-1880, pour désigner les richesses de l’Inde à la « glorieuse » époque du colonialisme britannique. Le journal zimbabwéen The Herald comparait à juste titre ce discours de Cretz à une phrase prononcée en 1895 par Cecil Rhodes, le grand colonialiste britannique qui donna son nom à la Rhodésie, comme s’appelait le Zimbabwe de l’époque. En 1895, Rhodes notait : « Hier, j’ai assisté à un meeting de chômeurs dans l’East End londonien et j’ai entendu les discours rageurs qui, tous, ne revenaient qu’à des demandes de pain. Quand je suis rentré chez moi, j’y ai repensé et j’ai été encore plus convaincu de l’importance de l’impérialisme. Mon idée, c’est de résoudre le problème social. Si nous voulons sauver la Grande-Bretagne d’une guerre civile sanglante, il nous faut alors conquérir de nouvelles terres et de nouveaux marchés dans lesquels nous pourrons mettre au travail l’excédent de notre population. L’empire est une question de pain. Si vous voulez éviter la guerre civile, il vous faut devenir impérialiste ».

Les raisons invoquées à l’époque par Rhodes pour justifier les guerres coloniales de conquête sont les mêmes que celles des États-Unis aujourd’hui. Le taux officiel du chômage y est actuellement de 9,1 %, soit 14 millions de personnes. Mais ce chiffre ne reprend que les gens qui ont cherché du travail ces quatre dernières semaines. Le véritable taux de chômage est au moins deux fois plus élevé. Ainsi, en 2010, pas moins de 23 % des Américains de 20 à 64 ans n’avaient pas de travail. Chez les Afro-américains, ce chiffre est même de 51 %. « La guerre contre la Libye ouvre la porte de l’Afrique à l’Africom et à l’Otan », disait encore récemment un analyste. Il pourrait bien avoir raison.

Tony Busselen, PTB

Sources : Russia Today, 30 septembre ; Récapitulatif hebdomadaire des opérations à l’étranger de l’Armée belge, Reuters, 28 septembre ; The New York Times, 22 septembre ; The Herald, 27 septembre ; Libération, 29 septembre.

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