Nous sommes en plein surréalisme. Déjà, à la réunion des secrétaires départementaux du 18 mai, j’avais eu cette impression. Mais, depuis hier (vendredi), nous sommes en quelques sorte dans le surréalisme plus, plus.

« La majorité des communistes sont pour la candidature de Mélenchon » nous dit-on dans le rapport.

Ah, bon ? C’est faire peu de cas de l’avis des communistes qui sont appelés à se prononcer par vote du 16 au 18 juin.

Je me garderai bien, pour ma part, de faire quelque pronostic que ce soit sur le vote des communistes eurois qui, pour l’instant, sont en attente de réponses précises, entre autres, sur l’accord dit global en discussion avec nos partenaires sur les législatives. J’y reviens tout de suite car, après le rapport et l’intervention de Marie-George Buffet, la clarté n’est pas au rendez-vous…

En deux mots, je tiens à conforter, s’il était besoin, l’idée qu’il y a bien deux conceptions du Front de Gauche, comme l’a affirmé hier soir notre voisine de Seine-Maritime, Céline Brulin, ou encore Pierre Lacaze (Haute-Garonne) ce matin. Et je pense, pour ma part, que notre camarade André Chassaigne porte bien la conception d’un Front de Gauche ancré dans le réel, rassembleur, appelant les citoyens à s’investir dans le champ de la politique. C’est en tout cas cette démarche-là que les communistes eurois ont essayé de mettre en œuvre aux dernières cantonales, avec succès, par exemple, dans le seul canton où ils avaient un conseiller général sortant qui a gagné 12% au premier tour…avec 40% et 66% au second. Nier cette évidence de deux conceptions du Front de Gauche, c’est déjà, quelque part, entrer au delà du réel. Pourquoi pas, après tout…Mais attention aux réveils douloureux. Mieux vaut peut-être en débattre ici, tranquillement, avant de nous lancer dans des choix guidés par le cœur et la raison, nous dit-on dans le rapport. Pour ma part, je préfère l’analyse du réel, la réflexion et l’action.

Rapidement, sur l’accord électoral, si je reviens sur ce qui nous a été dit hier soir dans le rapport et confirmé tout à l’heure – sans rien de nouveau d’ailleurs – par Marie-George Buffet, je ne vois rien qui peut rassurer les communistes de l’Eure qui, dans leur motion unanime, ont demandé à leur délégation à cette conférence d’obtenir des réponses claires et précises sur, je cite :

« L’urgence est donc à lever deux hypothèques qui pèsent sur les débats :

Un accord cadre clair et validé avec les partenaires avant la conférence nationale tant sur les législatives que sur les lignes essentielles du programme partagé, pour rassembler l’ensemble des forces de gauche alternatives les plus larges.

La possibilité pour les communistes de disposer d’un choix clair sur le bulletin de vote avec l’ensemble des candidatures ».

Alors, faisons le point :

 Sur le programme partagé – à rendre populaire – on nous dit : c’est fait ! Il ne faut pas avoir de conception figée du programme. C’est une évidence ! Co-construire dans les luttes, avec nos candidats aux législatives ! Bien sûr !

 Sur l’accord présidentielle-législatives où en sommes-nous réellement ? C’est beaucoup plus flou. On nous demande, en quelque sorte de donner un blanc-seing à la direction pour poursuivre la discussion avec nos partenaires jusqu’au 10 juin. Ce n’est pas acceptable ! Ceci d’autant plus que nous sommes dans l’ignorance des positions définitives de nos partenaires sur les cinq circonscriptions euroises.

Avant que notre conférence prenne des décisions demain, il est impératif que nous ayons en détail, par département et par circonscription, le point sur ces discussions afin de nous prononcer en connaissance de cause… De même en ce qui concerne la résolution et le bulletin de vote !

Alors sortons du surréalisme plus plus. Laissons le surréalisme à la peinture, surtout à ses génies et leurs chefs-d’œuvre. C’est tellement magnifique…Tout comme l’impressionnisme dont nous sommes si fiers, en Normandie ! Et revenons en politique, à un réalisme conquérant !

Pour la délégation de l’Eure,

Christian Jutel, secrétaire départemental, membre du conseil national du PCF