République tchèque : progrès électoraux des communistes Un article du PTB (Parti du Travail Belge) par Adrian Thomas

, par  lepcf.fr , popularité : 1%

Le soir du samedi 26 octobre, les résultats des élections législatives anticipées en République tchèque sont tombés : tous les partis traditionnels perdent des voix. Et ce, au profit d’un tout nouveau parti de droite, mais aussi du Parti communiste de Bohème et de Moravie. Retour sur la situation politique dans ce pays d’Europe centrale.

La République tchèque – comme plusieurs autres pays d’Europe centrale – connaît une instabilité politique et économique inquiétante : récession, hausse de la TVA, privatisation latente de la sécurité sociale et de l’université, gel des retraites, chômage élevé. Dans le même temps, les gouvernements fragiles de "techniciens", troublés par des affaires de corruption, sont le jeu de la rivalité entre les sociaux-démocrates (CSSD) et la droite traditionnelle (ODS et TOP 09). Le 20 août dernier, les députés ont accepté une nouvelle démission du gouvernement et ont voté pour des élections anticipées qui ont eu lieu le 26 octobre.

Le lendemain des élections du 26 octobre, les sociaux-démocrates arrivent en tête du scrutin (20,5 %), accusant toutefois une perte de 140.000 voix. Les deux partis traditionnels de droite s’effondrent : l’ODS, le parti de Vaclav Havel, passe de 20 % à 7 % tandis que le parti du riche prince Karl Schwarzenberg, TOP 09, chute de 17 % à 12 %.

Les voix de la droite semblent s’être reportées sur un nouveau parti, l’ANO 2011, qui devient le deuxième parti, avec 18,7 % des votes. "L’Action des citoyens mécontents" est menée par Andrej Babis, le deuxième homme le plus riche du pays, qui a fait sa fortune dans l’agroalimentaire et à la tête de plusieurs journaux nationaux, qui lui ont permis d’asseoir son influence. C’est notamment dans les colonnes du quotidien Le Métro, qu’un million de Tchèques lisent gratuitement tous les matins, que la campagne du "self-made-man" s’est déchainée. Celui-ci se targue de vouloir mener le pays comme ses entreprises. Une sorte de Berlusconi tchèque, donc, mêlant ultralibéralisme et démagogie.

L’émergence de gauche

De son côté, le Parti communiste de Bohème et Moravie (KSCM) a pu jouir de la confiance de nombreux Tchèques : avec 260.000 voix en plus, les communistes obtiennent 33 députés (+7), soient 15 %. Malgré de violentes campagnes anticommunistes, menacé d’interdiction, le KSCM est toujours resté populaire auprès d’une partie de la population. Il n’est jamais descendu en dessous des 10 % depuis 1989, et est allé jusqu’à percer à 18 % en 2002. En octobre 2012, il était même monté à 20,5 % aux élections régionales, reprenant pour la première fois depuis 1989 la gestion d’une région, Usti nad Labem. C’est de nouveau dans ce Nord-Ouest industriel que le KSCM a obtenu ses meilleurs scores en 2013, même s’ils sont moins bons qu’il y a un an.

Le KSCM est dès lors sollicité par les sociaux-démocrates pour former un gouvernement. Mais l’hypothèse d’un tel gouvernement de "gauche" reste peu probable alors qu’il serait minoritaire, avec 83 sièges sur 200. Les sociaux-démocrates vont sans doute préférer une coalition avec un des partis de droite, leur programme étant sur plusieurs points plus proches. L’option d’un retour aux urnes n’est cependant pas écartée.

Lors de ces élections, le KSCM a mis en avant les préoccupations sociales des Tchèques, en revendiquant une taxation plus juste et des investissements de l’État pour relancer la croissance économique, luttant ainsi pour le maintien de l’emploi et de la sécurité sociale, contre la réforme des retraites et la marchandisation de l’enseignement et des soins de santé. Le parti a mené une campagne sobre, limitant les dépenses (9 fois moins coûteuse que celle du CSSD).

Par ailleurs, le KSCM est également pour la sortie de la République Tchèque de l’Otan, mais aussi de l’Union Européenne et de l’Euro, et pour recourir beaucoup plus au référendum.

Cette victoire des communistes montre également en partie l’échec des tentatives de diabolisation, et même de criminalisation, dont ils sont la cible. En République Tchèque, comme en Hongrie ou en Moldavie, des menaces d’interdictions pèsent sur les partis et mouvements communistes. En 2006, l’Union des jeunes communistes (KSM) a même été déclarée momentanément illégale, en vertu d’une loi antidémocratique réprimant tout ceux qui mettent en doute la propriété privée et le capitalisme. Le scrutin du 26 octobre montre que beaucoup de Tchèques ne sont pas dupes.

Adrian Thomas

Tiré du site du PTB

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