A Propos de la chronique de Francis Wurtz dans l’Humanité Dimanche (22 au 28 Aout 2013)
« Quelques repères dans le débat sur l’€uro »

, par  Bernard Trannoy , popularité : 1%

Une règle devrait nous guider : Le principe de réalité.

En Europe, les différents pays ont des structures économiques, des structures sociales héritées de l’histoire, des caractéristiques, de fait, hétérogènes. On peut faire les pieds au mur, s’y prendre comme on veut, rien ne changera à cette réalité. Vouloir la nier est tout simplement une attitude de fuite devant le réel, un refus du réel.

En pratique, concrètement chaque Etat a besoin d’avoir à sa disposition un système de régulation des échanges (ce que ne manque pas de faire avec intelligence et fermeté La Chine avec le Yuan).

F. Wurtz :

« Or, comment risquerait de se traduire, dans ce contexte, un retour aux monnaies nationales, autrement dit un éclatement de la zone Euro ? En toute logique par une guerre économique exacerbée entre nations voisines… ».

En fait ce que craint F. Wurtz et qu’il se refuse de voir, c’est que cette guerre économique qu’il dit redouter est d’ores et déjà à l’œuvre.

Tout état a besoin d’instruments pour réguler ses échanges avec le reste du monde. Deux moyens et pas trois, s’offrent à lui :

  1. La régulation utilisant l’action sur le taux de change (au sens de la charte de La Havane de 1948 qui prévoyait comme objectif l’équilibre des échanges).
  1. La régulation par le coût du travail (c’est ce qu’ont fait les sociaux-démocrates allemands avec les directives Hartz) [1]

Et c’est bien évidemment le deuxième terme qui est à l’œuvre aujourd’hui avec la violence que l’on constate.

En se refusant à une éventuelle sortie de l’Euro monnaie UNIQUE (ce qui n’est pas s’opposer à l’Euro monnaie commune), Francis Wurtz, mais aussi la tribu « Boccaresque » semble accepter, de fait, le deuxième volet de la régulation possible. Celle par le coût du travail.

Pour être mis en œuvre chaque nation a besoin d’instrument pour garantir sa souveraineté et un des moyens de cette souveraineté s’incarne dans la maitrise des échanges, et la capacité de battre monnaie participe de cette souveraineté, il en est même l’instrument fondamental. Renoncer à cette capacité de décider ici et maintenant de la maitrise de nos échanges, c’est en fait renoncer à TOUTES volontés de souveraineté. C’est renoncer à toute ambition démocratique. C’est nous renvoyer à l’état de sujet.

Deux mots sont absents de cette chronique, le mot « capitalisme » et le mot nation avec son corollaire la souveraineté. Mais peut-être, et c’est la lecture que l’on peut faire, F. Wurtz est-il un chaud partisan ou partisan honteux d’une Europe fédérale gommant les souverainetés nationales ? Mais alors pourquoi ne le dit-il pas ? Un peuple, une nation ne peuvent coopérer que dans la mesure où ils sont souverains. Les grands exemples de coopération (Airbus et Ariane) ne doivent rien aux institutions européennes. Ces coopérations ont résulté de décisions souveraines des différents états.

Ces mots seraient-ils devenus des gros mots à ranger au magasin des accessoires. En les abandonnant à la rapacité du « FN », qui n’en demandait pas tant, F. Wutrz ne se fait-il pas le complice, involontaire certes, mais complice tout de même du dit « FN », alimentant ainsi « cette poussée de nationalisme et de xénophobie » qu’il dit redouter. Mais c’est précisément ce type de positionnement qui alimente ces phénomènes ! Cette montée est plus le résultat des « Europhiles » que de celui des « Europhobes ».

L’histoire des peuples s’inscrit dans la très longue durée. C’est ce que semble oublier ou méconnaitre F. Wurtz. Pourtant un minimum de connaissance des travaux des anthropologues nous épargnerait bien des mésaventures. Ne pas prendre en compte ce fait, c’est à coup sûr courir aux plus graves déconvenues.

Mais peut-être que F. Wurtz, et c’est ce qui se dégage de ses chroniques, pense que le capitalisme est indépassable et que l’on doit se contenter de l’aménager à la marge. C’est une opinion respectable, et que je respecte, mais encore faut-il l’assumer, dans toutes ses implications ?

Ce qui ne me semble pas être le cas.

L’Europe sociale, O.K., banco, mais cela passe et F. Wurtz le sait, par la sortie de cette Europe-là.

N’a-t-il pas avoué, un jour, dans le lyonnais, dans un sursaut de sincérité, « de toute façon, on ne peut pas changer l’Europe puisqu’il faut l’unanimité des 27 et que c’est irréaliste ».

En effet, cette Europe est un costume taillé sur mesure par et pour le Capital. De fait c’est un costume totalement inadapté pour le monde du travail.

Doit-on continuer à jouer les « Don Quichotte » et faire croire au monde du travail, ce à quoi il ne croit pas du tout d’ailleurs (cela se traduira, comme les élections européennes précédentes par une participation bien en-dessous des 50%). Pour ma part, je n’ai absolument pas l’intention de participer à cette farce de mauvais goût.

Pourquoi faut-il que votant NON en 1992 à Maastricht et NON en 2005 au traité européen, nous nous comportions in fine comme si nous avions voté OUI des 2 mains ?

Un peu de cohérence, réclamer la sortie des traités, c’est de fait sortir de l’Europe et de l’Euro ? Alors autant appeler un chat, un chat.

Mais peut-être F. Wurtz nous demande-t-il de faire nôtre ces traités ? C’est du moins ce qui serait la suite logique et cohérente de sa démonstration non assumée. Il y avait le PS européen décomplexé, et maintenant il y a des « communistes » en européens complexés.

Cette chronique ne s’inscrit-elle pas dans la volonté de conclure par avance la « convention » [2] sur l’Europe, pour simplement en faire une messe ?

C’est dire qu’un large débat sans tabou, devrait être mené par et avec tous les communistes.

N’est-il pas exagéré de considérer que tant le PGE que la CES institutionnellement liés à l’U.E., participent d’une démarche d’instruments d’intégration du monde du travail aux objectifs du capital ?

Bernard Trannoy

Réseau FVR-PCF

PCF Bassin d’Arcachon

[1Le terme « coût du travail » appartenant au langage commun et employé ici est inapproprié. En effet il appartient à la doxa libérale (capitaliste) et de ce fait, devrait être tenu à l’écart de notre langage. Oui la lutte des classes se livre aussi dans les mots. Le terme qu’il convient d’utiliser est : LE PRIX DU TRAVAIL. Ce prix se divisant lui-même en deux parties interdépendantes :

1- Le salaire direct,

2- Le salaire différé ou socialisé. C’est cette partie du salaire (prix de la force de travail) qui finance toute la protection sociale et les retraites.

Interdépendants parce que la « baisse des charges » organisée par le pillage du salaire socialisé par la droite complexée (P.S.) ou la droite décomplexée (UMP) se traduit, toujours, in fine, par la baisse du salaire réellement disponible.

Si le salaire a un prix et non un coût , par contre le CAPITAL EST UN COUT, UNE CHARGE INUTILE PESANT SUR LE TRAVAIL.

[2Convention, objet non identifié dans les statuts du PCF

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