La C6R de Mélenchon : ébranlement de l’Etat bourgeois ou Parkinson d’un système déliquescent ? Une nouvelle révolution ?

, par  Xuan , popularité : 1%

Une Révolution ?

Pour mesurer la portée du projet C6R (Convention pour une 6e République), il faut s’interroger sur ses conséquences pour la classe ouvrière et pour le peuple.

Lorsqu’on parcourt ses 30 dispositions on s’aperçoit qu’un grand soin a été apporté à l’ autosurveillance des différents corps d’Etat à la séparation des pouvoirs et à la mise en veilleuse des prérogatives du président, qui ne serait plus élu par le peuple.

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On se rappelle que les présidents-potiches de la 4e République n’ont pas empêché l’Etat bourgeois de déclencher deux guerres coloniales en Indochine et en Algérie, ce qui en dit déjà assez long sur le caractère cosmétique et la vanité de ce genre de limitation des pouvoirs.

Mais si on considère le droit au logement, le droit au travail, le droit à la santé, l’aide à l’autonomie, et toutes les questions fondamentales concernant les besoins essentiels des masses populaires, à commencer par l’appropriation privée du travail d’autrui, l’inanité de la C6R saute aux yeux.

Ce projet les ignore superbement , il ne concerne que le fonctionnement de l’Etat actuel et non sa finalité : l’intérêt supérieur du peuple est hors sujet ici. Indifférente aux préjudices subis par les masses, la C6R ne s’intéresse qu’à l’apparence formelle de démocratie, exactement comme la justice bourgeoise qui ne considère pas les licenciements subis pas les ouvriers et les mensonges des grands commis de l’Etat, mais uniquement les désordres provoqués par les grévistes dans les bureaux d’un sous-préfet véreux.

Pour donner une idée de la nature de l’Etat bourgeois sous ses différentes formes, et de la dictature capitaliste qu’il perpétue sous une apparente démocratie et derrière une séparation artificielle des pouvoirs, rien ne vaut la comparaison avec la première dictature démocratique du prolétariat, telle qu’elle est apparue dans notre pays.

« La Commune fut composée des conseillers municipaux, élus au Suffrage universel dans les divers arrondissements de la ville. Ils étaient responsables et révocables à tout moment. La majorité de ses membres était naturellement des ouvriers ou des représentants reconnus de la classe ouvrière.
La Commune devait être non pas un organisme parlementaire, mais un corps agissant, exécutif et législatif à la fois.

Au lieu de continuer d’être l’instrument du gouvernement central, la police fut immédiatement dépouillée de ses attributs politiques et transformée en un instrument de la Commune, responsable et à tout instant révocable. Il en fut de même pour les fonctionnaires de toutes les autres branches de l’administration.

Depuis les membres de la Commune jusqu’au bas de l’échelle, la fonction publique devait être assurée pour un salaire d’ouvrier.
Les bénéfices d’usage et les indemnités de représentation des hauts dignitaires de l’État disparurent avec ces hauts dignitaires eux-mêmes. Les services publics cessèrent d’être la propriété privée des créatures du gouvernement central. Non seulement l’administration municipale, mais toute l’initiative jusqu’alors exercée par l’État fut remise aux mains de la Commune.

Une fois abolies l’armée permanente et la police, instruments du pouvoir matériel de l’ancien gouvernement, la Commune se donna pour tâche de briser l’outil spirituel de l’oppression, le pouvoir des prêtres ; elle décréta la dissolution et l’expropriation de toutes les Églises dans la mesure où elles constituaient des corps possédants. Les prêtres furent renvoyés à la calme retraite de la vie privée, pour y vivre des aumônes des fidèles, à l’instar de leurs prédécesseurs, les apôtres. La totalité des établissements d’instruction furent ouverts au peuple gratuitement, et, en même temps, débarrassés de toute ingérence de l’Église et de l’État. Ainsi, non seulement l’instruction était rendue accessible à tous, mais la science elle-même était libérée des fers dont les préjugés de classe et le pouvoir gouvernemental l’avaient chargée.

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Les fonctionnaires de la justice furent dépouillés de cette feinte indépendance qui n’avait servi qu’à masquer leur vile soumission à tous les gouvernements successifs auxquels, tour à tour, ils avaient prêté serment de fidélité, pour le violer ensuite.
Comme le reste des fonctionnaires publics, magistrats et juges devaient être élus, responsables et révocables. »

K. Marx

Les mesures prises par la Commune ne consistèrent pas seulement à faire fonctionner à bon marché les services publics laissés dans un état d’abandon total, mais elles avaient un caractère de classe prolétarien qui reflétait la composition sociale des représentants du peuple.

Lorsque les ouvriers boulangers, obtenant la suppression du travail de nuit, se rendent à l’Hôtel de Ville remercier la Commune, ils sont vertement tancés par le journal Le prolétaire : " Le peuple n’a pas à remercier ses mandataires d’avoir fait leur devoir [...] Car les délégués du peuple accomplissent un devoir et ne rendent pas de services. "

Malgré sa courte durée elle édicta des mesures sur le prix de la nourriture, les loyers, le travail, l’instruction, l’égalité des hommes et des femmes, etc. qui répondaient aux nécessités du moment et aux besoins essentiels des masses populaires.

Elle ne se contenta pas de donner un droit de vote aux immigrés pour des élections locales.

Un juif hongrois, ouvrier bijoutier, Léo Frankel, siège au Conseil général de la Commune. La commission des élections, le 30 mars 1871, valide ainsi son élection : "Considérant que le drapeau de la Commune est celui de la République universelle ; considérant que toute cité a le droit de donner le titre de citoyen aux étrangers qui la servent [...], la commission est d’avis que les étrangers peuvent être admis, et vous propose l’admission du citoyen Frankel.. " . Léo Frankel est promu ministre du Travail et inspire toute l’œuvre sociale de la Commune. Des généraux polonais, Dombrowski et Wrobleski, assument des commandements militaires. Elisabeth Dmitrieff dirige l’Union des Femmes.

Que devient le grand coup de balai de Mélenchon à présent ? Et de quelle Révolution s’agit-il sinon d’une révolution de palais ?

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