De Sochaux à Vaulx-en-Velin..
Christian Corouge : un combat social, culturel, politique...

, par  Gilbert Remond , popularité : 3%

Nous avons accueilli avec l’UL CGT de Vaulx-en-Velin et la section CGT des municipaux de la ville, Christian Corouge syndicaliste CGT de PSA Sochaux, co-auteur avec Michel Pialoux du livre "Résister à la chaîne" et figure marquante du film "Sochaux cadence en chaîne", le mardi 26 mars pour un "amphi théma" consacré aux établissements Peugeot et aux travailleurs qui en sont la substance active, la seule vraie force d’entraînement et de production, celle sans laquelle les produits manufacturés n’auraient eu d’existence, soit la marque elle-même et ses voitures. Laurence Jourdan la réalisatrice du film, invitée elle aussi, n’a pas pu venir suite à des raisons personnelles survenues à la dernière minute. Cette initiative a été l’occasion d’exprimer notre solidarité envers les travailleurs de PSA Aulnay en lutte pour le maintien de leurs emplois.

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Après un premier contact à midi pour permettre à notre invité de se restaurer, nous nous sommes rendus au CHS du Vinatier qui sortait d’un mouvement de grève portant sur les conditions de travail et la dégradation des capacités d’accueil et de soin, conséquemment aux restrictions budgétaires, qui années après années, détruisent ce qui avait été un des meilleurs systèmes de santé au monde. Dans la situation particulière du Vinatier, ces conditions ont pris une dimension dégradante, sous l’impulsion de l’actuelle direction qui conduit une gestion insidieuse et méprisante à l’égard du personnel, par l’intermédiaire de cadres qui, sur certaines unités, pratiquent ce que l’on connaît partout dans l’industrie quand les capitalistes veulent se débarrasser d’unités de production qui ne leur rapportent plus assez, le pourrissement des organisations de travail et leur déstabilisations par des méthodes de harcèlement individuel ou la torture psychologique.

Il en va ainsi pour cette unité d’accueil qui doit faire l’objet de nouvelles mesures départementales et pour laquelle un droit d’alerte a été lancé par des représentants du CHSCT, estimant qu’il y avait une situation de mise en danger des personnels et des patients, donc de passages à l’acte graves suite à un certain nombre de mesures prises par la hiérarchie, comme l’emploi de personnels intérimaires et la mutation d’autres qui jusqu’alors étaient garants de la stabilité de l’équipe et de sa cohérence professionnelle. Une rencontre a eu lieux au local de la section syndicale de l’hôpital entre certains de ces délégués, Christian Corouge et des représentants de l’UL, pendant laquelle ont été abordées plusieurs questions concernant l’activité de ce type d’instance et les prérogatives qui en découlent.

Un historique a permis de rappeler qu’avant les lois Auroux, existait en entreprise des structures aux pouvoirs et compétences beaucoup plus larges, qui permettaient entre autres, d’avoir accès à tous les documents concernant l’activité de l’entreprise, ainsi qu’à la connaissance de ses stocks et donc de son activité réelle, sans avoir à chaque fois recours à des procédures qui morcellent et restreignent la connaissance de l’entreprise et nécessitent de passer par l’instance judiciaire en consacrant des pertes de temps que le patronat met a profit pour dissimuler les éléments demandés ou se réorganiser face aux salariés. Cette discussion prenait appui sur l’expérience que Christian Corouge avait acquise en tant que militant s’occupant de la sécurité et des conditions de travail pendant son activité ouvrière, ce sur quoi d’ailleurs il s’étend largement dans son livre.

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Puis, la conversation venant sur le terrain des activités de la culture et de la mémoire, nous avons pu aborder des questions concrètes, comme la réalisation d’un film pour le Vinatier sur le syndicat et ceux qui l’on fait et d’une brochure éditée par la CGT pour l’usine de Sochaux, brochure qui nous a été distribuée. Celle ci retraçait l’histoire des générations d’ouvriers, de techniciens, d’ingénieurs qui y ont conçu, fabriqué et produit des millions de voitures, mais aussi des combats engagés par les salariés pour la défense de leur dignité et d’un plus juste partage des richesses pendant les grandes luttes de 1936, 1968, 1989.

À leur sujet Christian Corouge expliquait comment avec le syndicat, les travailleurs s’y étaient pris, alliant toujours le combat social à celui pour la culture qui en est une dimension inséparable et donc, comment, avec le comité d’entreprise dirigé par la CGT, ils avaient impulsé un élan culturel et le rejet des vieilles idées de soumission dans les ateliers, en particulier avec et en direction de la population féminine pour le droit à l’avortement ou l’égalité professionnelle, comment ils avaient pris appui sur le centre Clermoulin qui finançait le CE, mais aussi auprès de cinéastes venus les aider pour dénoncer, caméra au poing, leur situation sociale, avec lesquels ils donnaient naissance au groupe Medvedkine, ou encore par l’ouverture d’une bibliothèque et la circulation de bibliobus dans l’usine. Christian Corouge rappelait pour l’occasion l’importance d’une alliance entre ouvriers et intellectuels, circonstance qui existait dans les années soixante et soixante dix, qui s’est délitée avec la montée des idées libérales, mais qu’il est fondamental de reconstruire aujourd’hui, en prenant par exemple, appui sur les divers mouvements de résistances qui renaissent dans ces milieux, suite aux attaques qu’ils subissent, comme celui des chercheurs, des étudiants ou des intermittents du spectacle.

Puis nous nous sommes retrouvés en fin d’après midi au cinéma des amphis pour recevoir à partir de cinq heure le public de la soirée autour d’un buffet offert par les municipaux et l’UL CGT, organisé pour la solidarité financière avec les grévistes de PSA Aulnay. Initiative qui permettait de recueillir quelques quatre cent trente euros et d’ouvrir, avec ceux venus à l’occasion, une première discussion autour des préoccupations des uns et des autres, des différentes mobilisations en cours, en particulier celle contre l’ANI, ou celle des chômeurs et précaires avec l’arrivée le lendemain du train pour l’emploi. Vers huit heure, nous sommes passés en salle de spectacle pour regarder en première partie un film sur une action des grévistes de PSA Aulnay, celle de leur intervention en gare de Lyon à l’occasion du départ du train pour l’emploi, où ils comptaient rencontrer le ministre, monsieur Xavier Montebourg, afin d’avoir avec lui, une explication en directe et devant caméra, sur la nomination d’un médiateur qui s’était évaporé entre temps, véritable spectre d’un dialogue social qui n’a jamais eu lieu. Reprise intéressante de l’initiative des Peugeot, puisque ce train faisait halte à Lyon le lendemain, et que nous devions le retrouver pour aller à la rencontre des chômeurs abusés par cette mascarade médiatique et cependant dispendieuse pour le Pôle emploi mis à contribution pour la circonstance dans un amalgame douteux par le MEDEF.

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Mais cette première partie avait aussi valeur pédagogique puisqu’elle montrait les conséquences du sujet traité par la seconde, c’est-à-dire où conduit la réorganisation du travail que montre le film de Laurence Jourdan. En effet, il ne s’agit pas seulement de récupérer du temps ou de rationaliser les gestes pour moins de pénibilité, mais de produire plus avec moins de gens en moins de temps pour dégager plus de cash qui ira non pas à l’emploi mais aux actionnaires. À partir de cette matière dégagée, celle de la démonstration faite par l’image, Christian Corouge nous expliquera les ambitions du groupe et sa stratégie pour les années à venir en direction de la Russie et de la Chine, posture qui fait peu de cas des milliers d’ouvriers de France qu’il va mettre sur la paille après les avoir utilisé des années durant sans leur offrir aucune perspective de reclassement ni de formation. Le débat qui a suivi a rassemblé une quarantaine de personnes, syndicalistes pour la plupart. Il a permis de poursuivre les échanges d’expériences déjà entamés dans l’après midi et débouché sur la proposition de rencontres régulières sur ce thème. La prochaine, programmée en mai devrait avoir lieu autour du film fait sur les "Contis" en présence si possible de Xavier Mathieux et d’autres acteurs de la lutte qu’il rapporte.

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