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Alors que l’année a été (...)
Les Espagnols entrent à nouveau à Paris !
La Nueve, un livre de Evelyn Mesquida
, popularité : 2%
Le 25 août 1944 Paris était libéré. Sont entrés les premiers dans la ville des chars et des half-tracks aux noms évocateurs : Guadalajara, Teruel, Madrid… Ce sont des véhicules de la neuvième compagnie du troisième bataillon de la Deuxième DB, la Nueve, une compagnie qui compte dans ses rangs de nombreux républicains espagnols.
Oui, les républicains espagnols, exilés en France après la victoire du franquisme, et la Retirada ont participé sous diverses formes à la défaite des nazis. Ils étaient dans la Résistance, ils étaient aussi dans l’armée française réorganisée.
Il y a eu jusqu’ici un silence coupable sur cette participation. Ce 25 août 2012 la vérité historique commence à sortir de son puits et l’action de l’ASEREF, Association pour le Souvenir de l’Exil Républicain Espagnol en France, a permis que soient associés aux cérémonies commémoratives de la libération de Paris les Espagnols qui y ont participé.
C’est Eloi Martinez, le président de l’ASEREF, il habite Lunel mais a longtemps vécu à Sète où il était journaliste à L’HERAULT du Jour, qui a porté le drapeau de la Seconde République espagnole lors de l’hommage rendu à l’hôtel de ville de Paris aux libérateurs de la capitale française.
Cette reconnaissance n’est que justice et nous nous associons aux remerciements adressés à ceux qui ont permis qu’elle ait lieu.
Le drapeau rouge, jaune et mauve de la Seconde République a donc flotté sur le parvis de l’hôtel de ville de Paris ce samedi 25 août 2012 ! Bravo !
Au centre Eloi Martinez porte-drapeau officiel, Jacques Cros
La Nueve ?
C’est le titre d’un ouvrage écrit par Evelyn Mesquida. La Nueve désigne la neuvième compagnie du troisième bataillon de la 2ème DB du général Leclerc. Essentiellement composée de républicains espagnols c’est elle qui la première est entrée dans Paris le 24 août 1944. Le 26 elle servait d’escorte au général De Gaulle qui descendait les Champs Elysées.
Evelyn Mesquida, journaliste de son état, raconte l’épopée des hommes de cette compagnie. Après la défaite de l’armée républicaine c’est la retirada. Les Espagnols vaincus se retrouvent en France ou en Afrique du Nord. Mal accueillis, parqués dans des camps, dans des conditions d’hébergement épouvantables, plusieurs s’engagent dans l’armée française, à la Légion le plus souvent.
Ils rejoignent la 2ème DB qui se forme et participent aux combats contre l’Afrika Korps de Rommel. Ils embarqueront ensuite pour l’Angleterre et prendront pied sur le sol français après le débarquement en Normandie. De nouvelles batailles seront livrées contre les armées nazies au cours desquelles ils feront la démonstration de leur courage et de leur efficacité.
Ce sont donc quelques blindés de la Nueve, aux noms évoquant la guerre civile d’Espagne, Guadalajara, Ebro, Teruel, qui au soir du 24 août rejoindront devant l’Hôtel de Ville de Paris l’état-major de la résistance en Ile de France.
La guerre va encore durer plusieurs mois et après la campagne d’Alsace les survivants de la Nueve se retrouveront à Berchtesgaden, le nid d’aigle d’Hitler. C’est là qu’ils apprendront la capitulation de l’Allemagne.
Les républicains espagnols espéraient qu’après la victoire sur le nazisme les Alliés débarrasseraient l’Espagne et l’Europe du franquisme. Eh non, de ce point de vue il y eut de la déception et la tentative de quelque dix mille guérilleros d’entrer en Espagne par le Val d’Aran se solda par un échec cuisant.
Evelyn Mesquida complète son étude par une série de portraits de combattants de la Nueve. Quand le livre est sorti il n’en restait que deux de vivants !
Elle a su replacer l’histoire personnelle de chacun des soldats de la Nueve dans le contexte du franquisme et de la guerre civile.
Qu’elle soit remerciée pour avoir sorti de l’oubli les républicains espagnols du rôle décisif qu’ils ont joué pour la Liberté !
Jacques Cros
(2002) Lenin (requiem), texte de B. Brecht, musique de H. Eisler