Ca bouge dans les campagnes électorales
Présidentielles-législatives : comme pour le NON un mouvement politique en profondeur ? Il devient utile de comparer nos expériences

, par  Paul Barbazange , popularité : 3%

Nous percevons tous une situation politique en rapide évolution ; ce mouvement est ancien. Il s’accélère depuis 1995 en France. Échangeons sur la base de nos expériences pour dégager au mieux les objectifs : ceux qu’expriment les citoyens, ceux que les organisations mettent en avant et ceux qu’il faudrait voir prendre plus de place : niveau de vie et salaires, emploi, partage des richesses, produire en France, questions écologiques.

Présidentielles-législatives 2012, comme pour le NON un mouvement politique en profondeur ?

Avoir depuis des décennies milité, gagné des voix PCF une à une lors des présidentielles successives permet au moins une chose, garder quelques éléments de comparaison.

C’est avec cette capacité de compréhension liée à la mémoire et à l’effort théorique que les adversaires -de l’extérieur et de l’intérieur- du PCF veulent en finir en diluant définitivement notre parti et ses structures de proximité dans un Front de gauche pâle copie d’Izquierda Unida ou de Die Linke, en nous réduisant de ce fait à des individualités, à des regroupements groupusculaires.

Lors des premières réunions publiques présidentielles que j’anime pour partie en tant que candidat présenté par le parti communiste dans le cadre du Front de gauche aux législatives, des éléments de réflexion, des positions politiques s’affirment.

Essayons d’en décrypter quelques uns en comparant 2002, 2007 et 2012.

2002 : On se souvient tous du formidable rejet de Jospin et de la Gauche Plurielle. J’étais alors essentiellement syndicaliste. Sans mesurer totalement l’ampleur du désastre, nous nous inquiétions fort... pour le PCF plombé par Hue, Gayssot et les leurs. Souvenons-nous d’un Jospin incapable de fédérer les siens dans la grande famille social-démocrate. Résultat, j’ai été obligé d’appeler à voter et de voter pour le candidat de droite au second tour, ça, je ne le regrette pas. Nous avons payé cher, 1997-2002, Jospin et son "impuissance reconnue face aux travailleurs de Michelin", Claude Allègre et son "Mammouth à dégraisser", Gayssot-Hue et leurs PPP... Je m’arrête.

Chacun sait ce que ces individus deviennent. Allègre avec Sarkozy, Hue au PS, Jospin à la retraite et Gayssot VRP (de luxe ?) des vins du Languedoc-Roussillon pour une "partie du parti socialiste".

2007 : Autre chose. Une campagne totalement à la main du candidat Sarkozy, bâtie sur les peurs, peurs des étrangers et des immigrés, racisme, misère dans les quartiers populaires et l’essentiel, le "travailler plus pour gagner plus" ; mot d’ordre qui, au travers d’un effondrement idéologique, politique (et tactique : souvenons nous des Cuals) de la direction du PCF ouvrait la voix au capitalisme triomphant. Face à cela, le PS et sa candidate n’ont pas pesé lourd. La peur d’une réédition de 2002 n’étant que le fond de scène d’une pièce qui se jouait ailleurs, autrement.

Cela a donné, 1,97 % pour Marie-Georges Buffet et le PCF ; Sarkozy au Fouquet’s et un septennat nouvelle étape dans la progression du taux d’exploitation et le rapprochement droite extrême-droite.

2012 : Musique différente. Au moment où j’écris ces lignes, le candidat du Front de gauche essentiellement porté par le PCF est annoncé à plus de 10% des intentions de vote. Certes c’est un ancien troskyste, plus jeune sénateur socialiste, admirateur et continuateur actuel de F Mitterand (il l’a récemment rappelé) ! Certes, certes... Il est quand même à 10 % et quelque chose se passe, reste à savoir quoi.

Le rejet de Sarkozy est profond. Il semble assez difficile au leader de la droite de l’inverser... quoique en 30 jours avec un Hollande plus social-démocrate que jamais, bien des choses peuvent se passer.

Nous constatons avec joie que le mouvement va dans notre sens. Nous participons enfin d’un espoir de victoire. L’idée et quelques prémices d’un rassemblement de luttes des classes portée (en partie !) par les capacités personnelles de Mélenchon changent certains éléments de la donne. Son refus de participer en tant que ministre à un gouvernement social-démocrate fait réfléchir.

L’essentiel est ailleurs : dans l’explosion de la crise du capitalisme, ses conséquences pour les exploités et peut être une crise anthropologique (crise radicale du mode de production capitaliste quasi mondialisé, révolution technologique, modifications démographiques, crise climatique). Aux yeux de nombreux citoyens ce que les communistes n’ont cessé de dire (Ni Hue, ni Gayssot, ni leurs actuels successeurs dans la direction du PCF !) les communistes restés communistes dans le PCF et à l’extérieur depuis des décennies devient réalité.

Le capitalisme a fait son temps.

Le risque (il y en a !) de la rupture révolutionnaire devient de fait moins risqué que la dégradation sans fins de ce système, des gaz à effets de serre au drame de la gestion à Fukushima, des risques du nucléaire civil par TEPCO quintessence du capitalisme... jusqu’au moins 32 % de diminution infligé par la troïka européenne au salaire minimum des travailleurs grecs ! La rupture, de nécessité théorique, devient passage nécessaire pour un certain nombre.

Comment accroître leur nombre ? Alors qu’une lueur d’espoir est de retour. La classe ouvrière retrouverait même une visibilité au travers de son poids électoral et peut être du contenu de certaines luttes. Fralib/Aubagne entre autres.

Mesurons l’importance des résistances en cours. Le caractère de la crise et l’existence de résistances (globales avec la bataille des retraites) par secteurs sur l’emploi et parfois sur les salaires, contre les violences à l’entreprise contribuent à changer la donne.

Ne passons surtout pas à côté de ce mouvement.

Quelque chose du Non de 2005 revient. Rassemblons. Nous pouvons dans cette dynamique être en position de faire reculer l’abstention populaire. Peu à peu le programme "L’humain d’abord " commence à être compris non comme un bréviaire (ce qu’était devenu le programme commun avant 1981), mais un élément en construction des luttes à venir. Luttes décisives.

Chassons Sarkozy, premier et second tour.

Construisons non pas un rapport des forces qui amènerait Hollande "plus à gauche" on connaît d’expérience l’inanité de ce rêve. Construisons une perspective de lutte des classes diversifiée qui dès le lendemain des élections impose à Hollande et au MEDEF le smic à 1700 euros brut, 1325 € nets. La sauvegarde des centaines de milliers d’emplois menacés. Un collectif budgétaire de rentrée permettant d’accueillir les élèves à l’école publique...etc.

Cessons d’avoir peur de ce qu’a été le passé social-démocrate d’un Mélenchon (et est sans guère de doutes son présent !), c’est l’avenir qui nous préoccupe, le nôtre, c’est nous qui déciderons de ce qu’il sera, pas lui et surtout pas lui seul ! Il n’y a pas de sauveur suprême.

Remontons d’une présidentielle encore : que valaient les 6,5% [1] de Hue en 1995 ?

Quand on sait ce qu’est devenu la Gauche plurielle et le personnage... ils ne valaient que ce que vaut l’identité politique, le projet, l’organisation communiste, les luttes communistes, y compris à une présidentielle. Cette identité est aussi un devenir.

Vive la 6ème République !

Paul Barbazange.

[1En fait 8,6%...

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