Le moindre mal, depuis vingt ans, on en voit le résultat...

Plutôt d'accord avec toi sur la candidature indépendante du PCF. Elle est nécessaire, c'est un pas en avant contre la ligne de liquidation et de fusion avec la social-démocratie. Mais j'ai quelques réserves sur F. Roussel.

Pour ce qui concerne Friot, je ne vois pas en quoi son avis aurait plus d'importance qu'un autre dans le PCF, mais il faut démonter ses thèses gauchistes en apparence et réformistes en réalité.

Son concept de « propriété lucrative » est gauchiste et floue, contrairement à la notion de propriété privée ou de propriété collective des moyens sociaux de production chez Marx, qui est précise et scientifique. Ça n'apporte rien et au contraire c'est un affadissement du marxisme.

Le « salaire à vie » n'est pas notre objectif actuel qui est « à chacun selon son travail » et « de chacun selon ses capacités ». Quant au « travail des retraités », on peut rêver d'une pointeuse dans leur potager … Certains sont déjà condamnés au « salaire à vie » c'est-à-dire au travail à vie, parce que leur pension est dérisoire, et à cause des gelées du 7 au 8 avril ils ne pourront même pas ramasser les fruits.

Je l'avais vu dans une conférence de la CGT lors des premières attaques contre les retraites. Son air vaniteux et sa façon de pontifier devant des écoliers m'avaient écœuré. Il s'était même vanté de toucher 6000 € de retraite qu'il justifiait par ses conférences…mais elles se font à titre militant ! C'est un charlatan et son idéologie est plutôt celle des Insoumis.

D'abord il n'y a aucun cynisme à admettre le rejet populaire de la clique socialo et de tout mariage avec elle. Qu'il ne compte pas rhabiller les communistes avec la peau empoisonnée de Nessus.

Sur Mélenchon, il faut rappeler que son programme de 6^e république n'a pour objectif que de redorer les lambris du parlement. Donc rien à voir avec le socialisme.

En face de la combinaison entre fascisation et fascisme, où Le Pen défend impunément la subversion fasciste et raciste (véritable appel du pied à l'agression anti CGT du 1^er mai), un retour très hypothétique au parlementarisme vertueux peut-il nous sauver ? C'est cette naïveté qui est irresponsable, et cette époque est révolue.

Quant à charger l'Etat d'embaucher les chômeurs, c'est une trouvaille qui remonte à Napoléon III.

De son côté Roussel lui oppose la sécurité sociale professionnelle tout aussi réformiste, et son interview dément complètement l'objectif du socialisme : “Le partage des richesses, le partage, c'est tout ce que nous demandons, le partage des pouvoirs”.

Il est hors de question de partager le pouvoir avec les monopoles. On ne peut pas soutenir une telle position. Ce n'est pas du « socialisme à la française », c'est nier le socialisme et les communistes devraient réagir avec fermeté. Présenter un candidat communiste ce n'est pas demander la charité, et s'il affadit son discours dans l'espoir d'être élu c'est encore plus grave.

Notons quand même que sur ce point le 3^e argument de Friot c'est Gribouille : pour ne pas vous laisser mouiller par une averse de propos réformistes, replongez donc dans la vieille mare aux crapauds !

Il y a autre chose qui est l'attitude envers les USA et leur nouveau président. Certains camarades disent que Fabien Roussel a voulu plaisanter…Il ne faut pas défendre l'indéfendable ni opposer au libéralisme de Macron l'espèce de New Deal de Biden. Là encore on fait l'aumône.

L'article de Halimi dans le Diplo de mai met justement l'accent sur la division irréconciliable de la gauche dans les questions internationales (raison de plus pour ne pas s'embarquer dans ce rafiot !). Les communistes devraient dénoncer l'apparente bienveillance de Biden qui défend les mêmes objectifs que Trump. Certainement pas lui lancer des fleurs quand les partis bourgeois sont béats devant lui.

Au lieu d'y voir un exemple à suivre pour Macron, signaler son alignement complet sur la Maison Blanche au point de tordre le bras de Merkel sur le projet Nord Stream II. Reconnaissons d'ailleurs à Mélenchon le mérite d'avoir dénoncé le rejet obstiné des vaccins autres qu'anglo-saxons, avec toutes les conséquences qu'on a vues, pour faire passer la géopolitique atlantiste avant la santé du peuple !

La défense de la candidature de Roussel est certainement un combat dans le PCF, contre ceux qui préfèrent poursuivre une union fictive, mais aussi contre des positions qui reflètent dans le PCF et au nom du communisme, celles de la social-démocratie. On ne peut pas se contenter de regretter des « erreurs », je crois que les camarades devraient mettre les points sur les i dans le soutien à Roussel.

Très fraternellement,

Xuan

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Cher Gilbert,

Je suis mon camarade parfaitement d'accord avec toi dans ta réponse à Bernard Friot ! Parfois je me demande si les Printaniers, les Laurentistes et les copains de Friot appartiennent au même parti que moi, ont vécu la même chose que moi et observe le même monde que moi !

Ce qu'ils veulent et ce que dit ici Friot, c'est poursuivre la non-stratégie de l'effacement, pour Mélenchon (Buffet est devenue la caricature de cette tendance) ou sans Mélenchon. Pour eux, l'ennemi n'est plus le capitalisme, seulement « l'ultra-libéralisme » sur lequel repose la rupture prônée par les partisans de l'option 2. Comme si l'ultra-libéralisme était en lui même le système alors qu'il n'en est que la justification idéologique, le keynesianisme des réformistes leur apparaît donc meilleur. Alors que c'est le capitalisme comme système qu'il faut continuer d'attaquer pour le réduire et le détruire.

Comme toujours Friot nous sert les fadaises du « dépassement » et du « communisme déjà-là » qu'il suffirait de ramasser par terre ou de commander par Deliveroo. Evidement dans ce cas plus besoin de lutte des classes, suffit de le trouver sous nos yeux comme les bons champignons. On comprend mieux pourquoi il est urgent de ne rien faire et d'appeler avec moultes incantations à l'union de la gauche. Autant aller à Lourdes et prier Saint-Jean-Luc.

Je passe sur les attaques contre Fabien Roussel, cela relève de la plaisanterie de la part de personnages qui ont défendu Hue, Buffet ou Laurent. Ou du moins qui ne les ont pas aussi sévèrement critiqué. On pourra toujours critiquer les dérapages de Fabien Roussel, ses raccourcis (imposés souvent par la logique journalistique), ils ne sont rien en rapport de ce à quoi nous ont habitué les sus-cités depuis Martigues.

Pour finir, l'aveu de Friot est en lui même révélateur : il votera pour l'option 2 comme un moindre mal ! Bref, voilà à quoi il résume l'utilité d'un PCF :
– faire barrage (c'est la stratégie du « castor »)
– le moindre mal (c'est la stratégie de « l'autruche », la stratégie de l'auto-phobie : mettons la tête dans le sable puisque nous avons peur de nous même...).

Le moindre mal dans un vote interne au PCF, le moindre mal au 1^er tour, le moindre mal au 2^d tour…. Le moindre mal toujours ! Allez rebaptisons le PCF pour devenir le PMM : le « parti du moindre mal » !
Finalement, les « communistes » italiens du congrès de Bologne en 1991 avait été au bout de leur logique. Pourquoi nos « amis » ont-ils attendu 30 ans pour en arriver à prôner au nom du « moindre mal » un effacement définitif ?

On a dit des socialistes qu'ils avaient fait leur « Bad Godesberg pratique" à partir de 1981. On pourra dire de nos « effacistes » qu'ils ont fait un « Bologne tardif » !

C'est sûr que le moindre mal ça donne envie de se battre, d'aller coller des affiches, de tracter, de souscrire etc. A mon fils qui me demande souvent pourquoi je fais tout ça, je répondrai donc non plus : « pour changer la société » mais « pour le moindre mal » !

Et bien moi je voterai pour l'option 1 et pour la candidature de Fabien Roussel et ce ne sera pas pour un « moindre mal » mais pour le « plus grand bien »

Fraternellement,

Stéphane Bailanger
PCF33

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