élargir le combat de la classe ouvrière, sur des bases claires, au plan national réponse à Xuan sur "la contradiction principale"

, par  Jean-Claude Delaunay , popularité : 1%

Bonjour Xuan. Je t’adresse mes fraternelles salutations et discute avec toi sans attendre. Faut-il envisager aujourd’hui, en France, de mener un combat d’ambition et d’enracinement national ?

1) Un mot sur la dialectique, dont Gilbert a souligné l’apport fondamental. Je ne sais pas qui est en mesure de dire qu’il est, qu’elle est, « bon dialecticien ». Mais quand je découpe l’histoire de la nation française du 20ème siècle en 3 étapes, je fais de la dialectique. La dialectique est la logique du monde moderne parce que ce dernier est celui des grands nombres (populations, relations économiques et politiques, distances, etc.) relativement au passé. C’est aussi le découpage de la réalité observée. Découper l’histoire de la nation française en 3 morceaux, cela revient à dialectiser ce concept. Je dis que : a) Au moment de la 1ère GM, la bourgeoisie a mené les gens à l’abattoir de la 1ère guerre mondiale. b) La bourgeoisie fut ensuite confrontée à un mouvement de classes puissant (PCF, Révolution d’Octobre). La lutte contre les nazis, après leur défaite, a débouché à son tour sur le programme du CNR. c) Aujourd’hui, outre les inspirations du passé (programme du CNR), nous devrions y joindre une dimension internationale. Car : 1) le processus de la mondialisation capitaliste a modifié l’ensemble des processus capitalistes, 2) aujourd’hui, existent « les émergeants » et nous devons avoir une stratégie à leur égard.

Derrière tout cela, existe nécessairement un combat de classes, national et mondial. Mais ce combat ne devrait pas explicitement être mené comme un combat "classe contre classe". Il devrait être mené comme un combat populaire et national, dans un cadre national et mondial, réunissant des catégories sociales distinctes. C’est ce qui se passe dans les faits. Le problème à mon avis est qu’existent encore de fortes réticences à mener le combat social comme combat national. J’en veux pour preuve qu’une majorité de français est favorable aux institutions européennes. Or on ne peut, à la fois, mener un combat national et soutenir l’euro. Que dire de notre implication dans l’OTAN via l’Europe ?

2) Nous devons être modestes dans nos appréciations. Je ne crois pas que nous puissions concevoir que la vie politique soit rythmée par des thèses léchées au quart de poil. Ce qui n’est certainement pas ta conception, cher Xuan. Mais quand, pour mettre en cause la validité de concept de combat national, tu remarques que les nazis menaient eux aussi un combat national, moi, je dis que les nazis menaient leur combat au nom de la race aryenne. Et toute cette racaille disait qu’elle était issue d’une race supérieure. Cela dit, nous n’allons pas mesurer au millimètre la nature de classe de telle ou telle décision pour en évaluer la justesse. Quand Fabien a lancé le mot d’ordre "A chacun son boche !", les résistants ne se sont pas demandé si "les boches" en question avaient un jour ou l’autre voté communiste. C’était un mot d’ordre à la fois terrible et nécessaire. Pour en terminer sur ce point, je dirai que c’est vrai que De Gaule a eu une politique colonialiste. Cela a-t-il empêché la Résistance de prendre ce que De Gaule avait apporté de positif au peuple français ? C’est toute la difficulté de l’appréciation de la contradiction, car elle est, elle-même, contradictoire.

3) Je conteste ton idée selon laquelle "la grande bourgeoisie serait aujourd’hui nationale". La recherche du taux de profit maximum et la volonté de reprendre directement le pouvoir, fait que cette classe est de plus en plus embringuée dans un monde qu’elle veut totalement dérégulé et dont elle cherche, avec l’Europe, qu’il soit une construction contraignante des travailleurs de cette zone et de ses composantes. Le combat social peut être mené directement contre elle comme combat national.

Certes, elle a besoin des nations (en réalité des Etats) pour organiser ses luttes et ses propres combats au plan mondial, car il n’y a pas de super impérialisme et le concept de mondialisation capitaliste ne comporte aucune indication de ce type. Mais c’est la qualité même du combat national mené par les classes populaires et, s’il est possible, par tous ceux que la grande bourgeoisie exploite et détruit, que de se différencier de cette classe sociale exploiteuse, d’en dénoncer les discours trompeurs et les pratiques dangereuses. Je ne suis pas impressionné par les drapeaux déployés par Ségolène Royal. Pour ces gens, la nation est de l’histoire ancienne.

5) Il faut terminer. A mon avis, la France (ce terme a un sens, et bien des prolos sont morts pour sa survie) est en danger. L’intelligence de son peuple, ce qu’il a accumulé de capital culturel, social, politique, institutionnel, physique, par son travail et par celui de la paysannerie, des fonctionnaires, des artisans, des ingénieurs, et de bien d’autres professions, est en danger. Que faisons-nous, dans ce cas ? Nous essayons seulement de contribuer aux combats de la classe ouvrière ou bien, pour contribuer à ces combats et le rendre plus efficaces, nous nous efforçons de l’élargir socialement, sur des bases claires, au plan national ? Voilà, en gros, l’enjeu du moment. Comme le dit Paule Menahem, l’opérateur national est un opérateur efficace.

Après la défaite du Programme Commun de Gouvernement, la masse des Français a mené un combat « de gauche ». Elle se rend compte maintenant de son caractère illusoire. Tout semble indiquer qu’il convient de réorienter cet effort vers un combat national. Ce dernier n’en sera pas moins prolétarien. On peut entrevoir 3 conditions nouvelles à respecter par rapport au Programme Commun de Gouvernement.
- 1) Ce dernier fut pensé comme un combat direct pour le socialisme alors qu’il était un combat national.
- 2) En raison de sa nature nationale, il ne doit pas être confié aux chefs, car la nation est une réalité contradictoire.
- 3) Il doit être mené dans le cadre nouveau d’un monde certes plein de grande bourgeoisie mais aussi plein d’Etats et de nations en formation.

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