Besoin de repères et de perspectives politiques claires.

, par  Hugues Miller , popularité : 1%

Miller Hugues

Hayange, le 15 mars 2011

Lettre aux communistes

Chers camarades,

Militant communiste et responsable des territoriaux CGT de la ville d’Hayange en Moselle, j’ai été amené à m’adresser aux élus de gauche, communistes et républicains, de ma ville. Aujourd’hui, je me permets de vous communiquer cette lettre.

Cette démarche est inhabituelle. Et elle est rendue inévitable, car je ne comprends pas ce qui se passe. Les élus du groupe communiste dénoncent avec raison la politique de casse et de régression sociale du gouvernement Sarkozy, et acceptent… de l’appliquer quand il s’agit de suppressions de postes dans les écoles maternelles de la ville.

Comme responsable syndical, avec mes camarades, nous nous sommes donc adressés aux élus du groupe communiste et républicain.

Un mois plus tard, nous n’avons toujours pas de réponse de leur part.

Responsable syndical, je suis aussi un militant communiste. Je n’accepte pas que l’on ne nous réponde pas. Les élus ont des comptes à rendre au parti.

Et je m’interroge : Quel rapport y a-t-il entre cette situation particulière que nous vivons à Hayange et la situation générale du parti ?

Je fais partie, comme des centaines de communistes, de ceux qui se sont prononcés pour une candidature communiste à l’élection présidentielle.
J’ai signé les appels en ce sens. Et à mon avis, tous les efforts devraient converger au lieu de se faire concurrence.

Comme beaucoup de camarades, je considère que l’opération « Front de gauche » avec le soutien de plus en plus ouvert de la direction du parti à la candidature Mélenchon nous amène à la catastrophe. Au bout, il peut y avoir la disparition du Parti. On a vu ce qui s’est passé en Italie ou en Espagne, avec la dissolution dans des regroupements prétendument plus larges, mais qui au bout du compte ne font qu’accompagner la politique social-démocrate pro Union européenne.

Cependant, pour moi, l’indispensable présentation d’un candidat communiste aux élections n’est pas seulement une affaire électorale. Elle est un moyen d’affirmer le parti dans cette période de remontée des luttes des peuples. La signification d’une candidature communiste, c’est l’occasion pour le parti de prendre nettement position sur toutes les grandes questions de société. Et la première question, c’est que nous vivons dans une société d’exploitation. Oui, nous nous revendiquons de la lutte de classe. Le parti doit le dire clairement et le décliner concrètement.

Les travailleurs sont en droit d’attendre d’un parti communiste qu’il soit à leurs côtés dans les luttes. Et si l’engagement des militants communistes a été exemplaire dans la mobilisation des retraites, on ne peut pas en dire autant de la direction du parti.

Aujourd’hui, il est clair que le parti devrait clairement dire qu’il se prononce pour la défense de tous les postes de travail, pour l’interdiction des licenciements (et le fait de rajouter « boursiers » ne m’a jamais plu, car les patrons ont toujours une bonne raison pour justifier leurs licenciements, on en sait quelque chose en Lorraine). En tout cas, c’est ce qui m’amène à ne pas accepter la suppression des postes dans les écoles maternelles de ma ville.

De manière plus générale, il faut qu’on s’appuie sur le mouvement social. Le parti doit se prononcer avec son candidat pour l’abrogation de la loi sur les retraites. S’il y a une majorité de gauche en 2012, c’est la première chose à faire. Il faut le dire clairement, sans détour, et en faire un point de clivage avec nos partenaires dans les discussions sur tout accord électoral. Des millions de salariés et d’électeurs sont prêts à le comprendre. Ils se sont battus pour ça. C’est tout frais. Ce serait une bonne manière de montrer que notre parti n’est pas dépendant d’une alliance avec le parti socialiste pro-européen. D’autant qu’après leur vote honteux au Parlement, qui a permis de piétiner la victoire du peuple de mai 2005, ils s’apprêtent, n’en doutons pas, à récidiver à propos de la réforme constitutionnelle sur les déficits publics proposées par Sarkozy.

Nous les communistes, nous savons que rien n’est inéluctable. Les peuples en Tunisie et en Égypte viennent de redonner un espoir bien au delà de leurs frontières. Ils ont montré que l’ordre capitaliste néocolonial n’est pas intouchable. Les dictatures soutenues par toutes les grandes puissances capitalistes se sont effondrées. Cela démontre que le temps du recul est fini. Et à ce moment là, un parti communiste doit relever clairement le drapeau de la souveraineté populaire, et cela passe par la dénonciation de l’Union européenne, du traité de Maastricht. Pourquoi ne pas remettre en avant maintenant l’exigence de son abrogation ? Cette dictature de la Banque centrale européenne et des traités libéraux n’a rien de fatal non plus. Elle est somme toute, moins vieille que la dictature de Ben Ali.

Se pourrait-il que le parti communiste ne fasse pas de cette question du positionnement vis-à-vis de l’UE la question de l’unité ?

On me dira que ce n’est pas possible, que ce n’est plus à l’ordre du jour. Je crois au contraire que ce qui s’est passé dans la lutte contre les retraites montre que c’est bien la lutte de classe qui est à l’ordre du jour.

Pour cela il faut que les mots d’ordre soient clairs. Il faut arrêter de reculer sur les acquis. C’est vrai sur les retraites, sur l’emploi, dans les petites choses comme dans les grandes.

En un mot, nous n’acceptons pas que des élus communistes puissent accompagner la politique des grands groupes capitalistes, de l’UE et du FMI.

Ces questions je me les pose comme militant syndical et communiste. J’avoue que la non réponse des camarades du Conseil municipal me laisse stupéfait. De même que la non prise de position de la fédération du parti dans le département sur ces questions. Jusqu’où va-t-on aller dans cet accompagnement. Il faut encourager un authentique sursaut communiste, qui ne soit pas simplement sur le plan des candidatures aux élections, mais qui soit le seul terrain qui vaille, celui de la lutte de classe.

Il y a des faits que nous ne pouvons ignorer :

- Au Conseil Régional de Lorraine, nos élus votent le Partenariat Public Privé.
- A la Communauté d’Agglomération du Val de Fensch, nos élus votent la fermeture de deux piscines.
- A la commune de Hayange, nos élus acceptent des suppressions de postes d’ATSEM.

Je pourrai, hélas, donner d’autres exemples.

La base militante syndicale comme l’ensemble des travailleurs a besoin de repères et de perspectives politiques claires.

J’adresse ce courrier à tous les camarades communistes, à tous ceux qui sont engagés dans le débat sous une forme ou sous une autre. Pour essayer de trouver des réponses qui permettent aux communistes de rester des communistes, organisés dans un parti qui ne renonce pas à la défense pied à pied des intérêts spécifiques de la classe ouvrière, Il nous faut échanger sans à priori.

Reçois cher camarade, mes fraternelles salutations.

Hugues Miller

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