Un trou au fond du programme.

, par  Henri Guarinos , popularité : 1%

Au fur et à mesure que se développe la campagne présidentielle, on peut constater que le tonneau fuit et que la visibilité du parti tend vers zéro. On peut bien sûr incriminer les médias et vérifier qu’une fois de plus toute mise en cause du capitalisme y est neutralisée ou sinon purement et simplement censurée. Ce n’est pas une surprise, mais on peut constater aussi que les contradictions du capitalisme s’exacerbent et génèrent des effets mal maîtrisés par ceux qui pilotaient jusqu’ici avec assez de réussite la fabrique idéologique de la fatale « crise », de l’incontournable « dette », de la drastique « compétitivité », de l’archaïque et « coûteuse » rigidité du travail.

Au moment où une dépression creuse au centre du totalitarisme de marché une zone de turbulence dont témoignent les incertitudes de la campagne, aucune des notions phares du marxisme n’est proposé dans la tempête pour donner des repères à tous ceux qui scrutent l’horizon de la fin du capitalisme. Ce lundi 13 Janvier 2017, la revue de presse très idéologiquement filtrante de France Inter faisait état du désarroi des éditocrates "de référence", Libération, Les Echos, Le Monde… qui disent assister à une campagne « au delà du réel », « sous acide », proche d’une « série politique » qui se vend d’ailleurs bien à l’étranger. Ils ont l’impression que leurs embrayages patinent, tant mieux.

Mais, en face, les marxistes donnent l’impression de ne pas reconnaître le temps propice pour placer enfin quelques repères dans le brouillard ; par exemple que les actionnaires ne sont que des parasites sociaux toxiques et qu’il faut aller vers leur suppression, ou encore qu’un emploi pour un employeur n’est pas du travail ; ou encore que la production des dividendes est contradictoire avec la production de la société ; ou encore que les "lois du marché" sont une théorie ad hoc pour justifier le circuit de réalisation du capital, etc…

D’autant que la dépression idéologique génère les faux semblants et les faux frères ; c’est, par exemple le cas de l’aspiration au salaire universel sur la base de la socialisation de la valeur ajoutée par le travail, uniquement envisageable par des marxistes, mais qui a attiré plein de votants PS dans le filet à papillons de Hamon à cause de sa fausse ressemblance avec un prétendu « revenu universel » et vrai RSA au rabais. Quel dommage que le Parti, pourtant encore appelé communiste, n’ait pas rallumé dans le brouillard idéologique le phare construit par A. Croizat pour la Sécu ; il aurait été tout à fait éclairant pour la Sécurité du Travail aussi bien que pour l’investissement non capitaliste. C’est par ce trou au fond du programme du Parti communiste que fuient toutes les aspirations des salariés et des jeunes, en particulier ceux que l’on brime et humilie pour leur couleur de peau ou leur sexe, alors que c’est l’inégalité sociale et la destruction du travail que le capitalisme veut dissimuler.

Rappel : 9% de la valeur ajoutée produite par le travail et récupérée dans une caisse de salaire socialisé permettrait de verser un salaire de 1500 euros bruts à tous les jeunes de 18 à 27 ans et de reconnaître la qualification personnelle comme unité de valeur sociale. Or si les jeunes, d’abord européens puis au-delà, trouvaient l’idée bonne à défendre et à porter, ce serait 9% de la valeur ajoutée qui pourraient en euros communistes faire la nique à l’euro de Baroso.

Mais le programme a une fuite… et il est cruel pour un communiste d’entendre Mélenchon expliquer que les idées de Friot sont les seules cohérentes en matière de salaire universel mais que lui il ne veut pas collectiviser la valeur ajoutée puisqu’il n’est pas communiste ! Dommage en effet que le Parti communiste soit passé de Croizat et Thorez à Keynes ! Dans le trou d’air de la fin de la guerre, il était combattu mais entendu. Dans le trou d’air du monétarisme, il est devenu inaudible.

H.G. PCF OB

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