"Un combat pour la laïcité - Témoignage" Un livre de notre camarade Mireille Popelin

, par  Pascal Brula , popularité : 1%

La laïcité est actuellement un enjeu fort et Mireille Popelin, institutrice retraitée et membre de notre réseau, a une expérience irremplaçable dans ce combat. Et comme elle a commis un livre de témoignage sur le sujet, nous nous faisons un plaisir de vous en informer. D’ailleurs le titre de son ouvrage parle de lui-même : "Un combat pour la laïcité - Témoignage" (aux éditions Inclinaison). C’est évidemment avec plaisir que nous en publions quelques extraits.

Mais tout d’abord, il convient de signaler qu’elle sera présente

Le samedi 13 février à partir de 14 h
Librairie Fantasio
33 Avenue Henri Barbusse
69 100 Villeurbanne

pour dialoguer et dédicacer son livre.

Cela fait déjà plusieurs décennies que la laïcité est remise en cause par les pouvoirs successifs, qu’ils soient de droite ou de gauche. Ce terme de laïcité a tellement été utilisé et galvaudé, entre autres par l’extrême droite qui a notamment profité de la démission de la direction du PCF sur ce thème, qu’aujourd’hui, se réclamer de la laïcité vous fait regarder de travers, voire même traiter de raciste, puisqu’il est maintenant utilisé comme alibi par le FN pour rejeter les musulmans.

Au contraire, Mireille Popelin nous rafraichit la mémoire. Ce thème a toujours été du combat des communistes français, non pas le combat contre les religions qui sont comme une sorte de soupape de sécurité des peuples soumis à l’exploitation capitaliste, mais pour la laïcité, c’est-à-dire ce mode de vie qui renvoie les religions dans le domaine du privé et de l’intime, à des désaccords secondaires. Ces dernières décennies, le fondamentalisme islamique ayant fait son apparition plus particulièrement dans les banlieues, c’est évidemment de ces lieux que les problèmes les plus criants sont apparus (service état-civil des mairies, services de santé, écoles…), ghetto et lieux de développement de tous les communautarismes qui sont à l’opposé de la laïcité. Et n’en déplaise à la petite bourgeoisie gauchiste et gauchisante des centres-villes, ignorante de ce poison, c’est bien un maire communiste d’une de ces banlieues, André Gerin, qui a mené avec courage et détermination le combat contre le voile intégral, devant l’aggravation des problèmes quotidiens qui pouvaient mener parfois jusqu’à la violence. Et bien Mireille nous le raconte dans son livre : elle en était de ce combat, ainsi que de celui contre le voile à l’école. Quant à la violence, encouragée par le communautarisme et poussée à son extrême avec les attentats de l’année 2015, inutile de démontrer son existence.

Mireille fait partie de ces héritières des « Hussards de la République », ceux qui implantaient jusque dans les campagnes les plus reculées, dans des conditions de dénuement, l’école laïque, gratuite et obligatoire, tous des thèmes qui ont bercé mon enfance. Car la laïcité n’existe pas au-dessus de nous, dans les airs, venue de nulle part, mais elle s’est bien ancrée dans la réalité des faits et de la mémoire collective, comme un progrès concret. Pour nos générations et celles de nos parents, l’école publique, symbole de la laïcité, ouvrait à la classe ouvrière le monde de la connaissance et était de ce fait émancipatrice, même si contradictoirement, cela était accepté par la grande bourgeoisie afin d’accompagner le développement du capitalisme et de ses forces productives. Je dis accepté, car bien sûr le capitalisme aurait préféré que l’école ne soit pas publique, mais privée et confessionnelle afin de parfaire son contrôle idéologique. Et bien pour les communistes, de ce fait, l’école laïque, c’était sacré ! A-t-elle encore aujourd’hui une telle force dans les têtes ? Je ne pense pas, et c’est bien pour cela que c’est toujours un combat, comme nous le témoigne notre camarade.

Que ce soit la France qui ait réussi tant bien que mal à assagir le pouvoir de nuisance des religions par la loi de 1905, est une vraie fierté. Cela s’est fait au détriment du capitalisme qui aurait préféré troubler un peu plus les esprits et affaiblir le combat de classe par des conflits religieux vains et inutiles. Et c’est bien pour cette raison que la bourgeoisie n’a pas dit son dernier mot et cherche encore et toujours à remettre en cause cette loi. Je donnerai le mot de la fin à Lénine qui s’était confronté à ces problèmes de religion et qui nous livre ce texte sans doute écrit pour commenter le bénéfice pour les révolutionnaires d’une loi comme celle de 1905 : « La bourgeoisie réactionnaire a partout eu soin d’attiser les haines religieuses pour attirer de ce côté l’attention des masses et les détourner des problèmes économiques et politiques réellement fondamentaux (…). Cette politique réactionnaire de morcellement des forces prolétariennes, (…) trouvera peut-être demain des mesures plus subtiles. Nous lui opposerons dans tous les cas une propagande calme, ferme, patiente, qui se refuse à exciter des désaccords secondaires, la propagande de la solidarité prolétarienne et de la conception scientifique du monde.
Le prolétariat révolutionnaire finira par imposer que la religion devienne pour l’État une affaire vraiment privée. Et, dans ce régime politique débarrassé de la moisissure médiévale, le prolétariat engagera une lutte large et ouverte pour la suppression de l’esclavage économique, cause véritable de l’abêtissement religieux de l’humanité
. » (Lénine, Socialisme et religion, 3 décembre 1905).

Pascal Brula


Sommaire du livre de Mireille Popelin :

I - L’expérience d’une DDEN (Déléguée départementale de l’Éducation Nationale)

II - L’affaire du voile à l’école

III - Défendre la laïcité au sein de l’école et de la société

IV - La question communautaire

V - Les transformations de l’école - « L’Europe et l’école des compétences »


Extrait...

Présentation

Durant sa longue carrière d’institutrice, Mireille Popelin porta une attention constante à la vie politique et syndicale, elle s’attacha notamment à la défense des principes d’une République laïque, démocratique et sociale.

La retraite venue n’amoindrit nullement ses engagements. Au sein d’associations laïques, elle milite contre les dangers qui menacent l’école publique laïque, plus spécialement contre des atteintes que font peser des groupes extrémistes religieux ("affaire du voile" notamment). La défense de la laïcité n’est-elle pas aussi un enjeu de souveraineté ? Dans le cadre de la défense des principes de l’école publique, elle est nommée par l’inspection académique en 2011, déléguée départementale de l’Éducation nationale (DDEN), jusqu’à l’interruption de son mandat pour raisons de santé.

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II - L’affaire du voile à l’école

Ah ce voile ! Il avait divisé tous les partis politiques, les syndicats, les associations. On avait débattu, on s’était étripé, on avait menacé les militants qui luttaient pour une loi contre les signes religieux à l’école.

J’avais milité avec un bon nombre d’associations, qui avaient bien vu le danger : ce voile n’était pas qu’un bout de tissu, il était un marqueur, un diviseur et un drapeau pour les islamistes qui s’attaquaient à l’école publique et laïque.

Des associations menaient le combat avec nous : Ni putes ni soumises (NPNS), Regards de femmes, Femmes solidaires, Femmes contre les intégrismes, des associations féministes (pas toutes). Le SNES soutenait le combat. La FCPE pourtant directement concernée ne voulait pas d’une loi. Le SNUIPP était réticent (ce fut mon syndicat), lui qui mena la bataille en 1984 pour un « grand service unifié et laïque de l’Éducation » ! Bataille perdue d’ailleurs, lâchés que nous fûmes par... la gauche au pouvoir ! Et l’on rangea les drapeaux et on ne parla plus de laïcité ! Les militants de ce temps-là, amers, reconnaissent maintenant que les trente années suivantes... furent trente ans de démissions.

La bataille pour la loi contre les signes religieux à l’école fut rude. Mais nous l’avons gagnée ! Et j’en suis fière. Nous avons mené des débats où des cohortes de barbus en kamis, suivis par des femmes voilées, insultaient les intervenants et tentaient d’empêcher le débat, y parvenaient parfois (à Montreuil notamment).

Où des militants non barbus ceux-là, mais militants de l’islam politique, s’en prenaient à notre militant UFAL "d’origine" marocaine, homme cultivé, laïque et calme. Il fut traité « d’affidé ». Un militant de la laïcité à la française d’origine immigrée, ne pouvait être pour eux qu’un traître. L’association "Les indigènes de la République", surfant sur le colonialisme, ne lâchera plus ce filon, utilisant le colonialisme contre tous les français (même contre ceux qui avaient lutté contre ce colonialisme et j’en fus). Ils s’opposaient donc violemment à une loi contre les signes religieux, qui allait discriminer ces pauvres filles voilées : cette loi était évidemment pour eux une loi raciste et colonialiste. « Et pourtant, nous ne sommes pas spécialement religieux », nous disaient-ils.

Nous avons vu se former la "communauté" musulmane, avec les prêcheurs religieux et les prêcheurs de l’islam politique.

Un débat organisé par l’UFAL avec NPNS m’a marquée. L’association créée par Fadela Amara a mené un combat exemplaire ; ces militantes "d’origine" immigrée, de "culture" musulmane, ont affronté des salles hostiles, le climat était tendu. La salle était pleine cette fois ! C’est la présence de NPNS qui avait fait le plein, femmes voilées et barbus d’un côté et public laïque de l’autre.

Je me souviens du courage de cette jeune femme (NPNS) très belle avec son pull dénudant une épaule, ironisant après l’intervention virulente d’un barbu vociférant :
- Mais Monsieur, ne vous ai-je pas déjà vu à un autre débat ? Vous nous suivez alors ? Nous sommes flattées de cet intérêt que vous nous portez !
Rires dans la salle.
Puis, s’adressant à une femme voilée qui revendiquait le port du voile partout :
- Mais madame, en ne portant pas le voile, croyez-vous que je suis moins musulmane que vous ?

Et me voilà en 2010, dans cette école de Vaulx-en-Velin. Cette première visite, dans ce quartier sensible, a été pour moi un choc. J’ai eu l’impression en prononçant le mot laïque d’avoir proféré une insulte raciste. J’ai pensé à la phrase faussement attribuée à Hermann Göring : « Quand j’entends le mot culture, je sors mon révolver » [1]. C’est à ce moment que j’ai pris conscience du désastre causé dans les banlieues, dans leurs écoles par les islamistes, mais aussi hélas par une gauche et surtout une extrême gauche qui ont refusé de les combattre !

Les associations laïques ont participé à ce combat. Pas toutes. Le débat sur le voile à l’école a divisé toutes les associations, les mouvements de « gauche comme de droite », les syndicats, les partis politiques.

L’association Ni putes ni soumises fut créée à ce moment-là et ce fut un choc dans les médias. Sa présidente, Fadela Amara, connaissait bien le problème de l’islamisation des banlieues. Elle disait : « Quand nous frappons aux portes, dans les quartiers, les barbus sont passés avant nous ! ». On peut déplorer le parcours politique de cette femme engagée, mais on ne peut nier son courage et sa détermination. Elle a entrainé de nombreuses militantes, issues de l’immigration, qui ont défilé, cheveux au vent : elles criaient leur désir farouche de défendre leur liberté de filles, de femmes, contre ce voile qui n’était "pas qu’un bout de tissu", disaient-elles.

L’affaire du voile : rappel

Il aurait fallu juste un peu de courage politique pour éviter "l’affaire du voile". Rappelons les évènements liés aux premières filles voilées à Créteil en 1985. La principale du collège, au nom de l’équipe enseignante unanime (apprécions ce mot, unanime) modifie le règlement intérieur : « les élèves doivent se garder… de toute marque ostentatoire tendant à manifester ou promouvoir leur adhésion à une conviction religieuse, philosophique ou politique ». Le ministre de l’Education Nationale, Jean-Pierre Chevènement, ardent défenseur de la laïcité, appuya sans réserve.

Quatre ans plus tard, le ministre a changé, c’est Lionel Jospin. Un cas similaire à Creil, et le ministre se défausse sur le Conseil d’Etat ! Et voilà les magistrats qui redéfinissent les principes de laïcité. Un collège, Jean Jaurès, un principal courageux qui décide d’exclure trois filles voilées. Ce principal, issu de l’immigration, donnait une belle leçon de laïcité à la France, République laïque ! Avec un tel nom, Jean Jaurès, refuser la décision d’un représentant de la République laïque ! Un arrêt de jurisprudence annula sa décision. Il parait que Lionel Jospin regrette aujourd’hui, son erreur. Mais il a lui-même engagé la "bataille du voile" !

En 1989, une majorité de français était favorable à l’interdiction du voile à l’école. Il faudra attendre quinze ans d’incidents, de batailles, pour le plus grand plaisir des intégristes qui profitaient des divisions du camp laïque pour prendre en mains et former la "communauté musulmane", pour la séparer de la communauté nationale.

Les islamistes, très influents, incitaient les filles à se voiler et à forcer l’entrée du voile à l’école. Les enseignants étaient déstabilisés, divisés : ils sont en majorité laïques, mais leur hiérarchie devait appliquer les décisions du ministre... Le climat était tendu dans les établissements...

A Lyon, c’est au lycée La Martinière qu’un groupe de professeurs s’opposa, avec courage, à l’entrée de filles voilées dans l’établissement. Jean-Claude Santana menait la bataille.

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Pour lire la suite, rendez-vous avec le livre de Mireille Popelin :

"Un combat pour la laïcité - Témoignage"
au prix de 6 €
aux éditions Inclinaison
20, rue du Docteur Blanchard, 30700 Uzès
http://www.inclinaison.fr

[1La phrase a été prononcée le 20 avril 1933, jour de l’anniversaire de Hitler, dans une pièce de théatre de Schlageter.

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