Sur les élections en Espagne : le point de vue d’un communiste espagnol, Alberto J. Miranda

, par  communistes , popularité : 1%

Article du journal « larepublica.es » dont Alberto J. Miranda est le directeur, 28 juin 2016. Traduction MlJ pour « Solidarité internationale PCF – Vive le PCF ».

Le dirigeant d’Izquierda Unida, Alberto Garzon, au coeur du logo des listes Unidos Podemos

La journée de réflexion commence aujourd’hui.

Je lis les écrits de beaucoup de personnes, d’amis, de connaissances ou d’inconnus, indignés par les résultats des élections. Je les vois insulter ceux qui ont voté pour le Parti populaire [droite] ou spécialement ceux qui ont voté pour Ciudadanos [centre]. Je les vois parler d’émigrer, de quitter un pays de moutons, une société de merde qui vote pour des corrompus. Je vois aussi un classique très habituel ces derniers temps : au nom d’une supériorité intellectuelle supposée, on s’autorise même le luxe de traiter d’ignorants et d’incultes les électeurs du PP, du PSOE et de Ciudadanos.

Je veux dire une chose, en toute humilité, sans intention d’offenser qui que ce soit : Et si, au lieu d’invectiver ceux qui n’ont pas voté comme nous voulions, nous nous demandions "pourquoi ?".

Peut-être, juste peut-être, n’aurait-on pas dû abandonner la lutte dans la rue. Contribuer à alimenter les thèmes globaux à la mode, c’est divertissant et confortable. Mais en dehors de ça, et de « partager sur Facebook », est-ce que vous êtes membres d’un syndicat ? Est-ce que vous organisez vos collègues sur votre lieu de travail, contre l’exploitation ? Ou bien vous contentez-vous d’utiliser des "hashtags" ? Avez-vous contribué à empêcher des expulsions ou l’avez-vous fait simplement par procuration ? Avez-vous participé aux "Marches de la dignité" avec les mineurs des Asturies et du Léon ? Avez-vous participé à des mouvements sociaux ? A l’activité d’associations de proximité peut-être ? D’organisations pro-environnementales ? Féministes ? Il n’est jamais trop tard pour aller à la bataille. Pour y aller aujourd’hui, il n’y a pas besoin de l’avoir fait auparavant. Il n’est pas question pour moi de distribuer des bons points de pureté idéologique. Mais ce serait peut-être une bonne idée de se rendre compte que nous devons nous battre sur tous les fronts et non sur un seul. Non ?

A part cela, et sans parler de la campagne électorale elle-même, il est possible de remplacer les conjugaisons du verbe « nationaliser » par des petits cœurs, des illusions, des "smileys". Mais est-ce que cela n’a pas été une erreur ? A quel moment a-t-il été décidé de remplacer la prise de conscience par le marketing ? Comment outrager à ce point la phrase de Gramsci : « la préparation idéologique des masses est une nécessité pour la lutte révolutionnaire, et l’une des conditions indispensables pour la victoire » ? Et où pouvait se trouver cette préparation quand nous avons demandé à la classe ouvrière de voter pour l’ex-chef de l’état-major de la défense qui a participé à l’invasion de la Libye aux ordres de Zapatero ? Où était cette préparation à la prise de conscience quand nous avons estimé que quitter l’UE "n’était pas à l’ordre du jour", que quitter l’OTAN "n’était pas à l’ordre du jour", et que choisir entre la monarchie ou la république "n’était pas à l’ordre du jour".

Camarades, nous avons abandonné les luttes sociales, les manifestations. Nous avons arrêté de travailler à faire prendre conscience. Nous nous sommes laissés dilués dans un parti qui se dit social-démocrate. Nous avons été éblouis par les lumières de postes de télévision qui ont réussi à déplacer la lutte de la rue vers des bureaux. Puis, un congrès plus tard, nous avons été réduits à une organisation complice du système qui parle de « bons et de mauvais banquiers ». Nous avons vendu notre âme pour 8 sièges. Nous avons proclamé, en long et en large, que nous allions changer ce pays en le reprenant des mains du PSOE. Nous sommes-nous rendus compte de ce que nous sommes devenus ?

J’ai dit en son temps, devant l’assemblée fédérale d’Izquierda Unida, que s’il y avait encore quelqu’un qui voulait sauver IU comme outil de la classe, qu’il pouvait compter sur moi et que j’en serai. J’ai eu l’honneur d’aller sur la même liste que des personnes de grande stature politique comme Cayo Lara et Paloma Lopez. Nous avons obtenu 21%. Oui, nous avons perdu, mais on ne pourra pas dire que nous n’avons pas dit ce que nous avons pensé juste.

Aujourd’hui, à peine quelques mois plus tard, je le répète, mais cette fois à propos du PCE. Ceux qui veulent reconstruire un parti léniniste peuvent compter sur mon soutien, un soutien qui n’est pas à la hauteur de celui de Roures [millionnaire qui a soutenu Podemos], mais qui représente tout ce que j’ai à donner.

Pour conclure, je préfère reprendre une phrase très juste prononcée par un collègue : « La journée de réflexion commence aujourd’hui ».

Alberto J. Miranda.

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